Noyée dans ses traditions ancestrales et bercée par l’air marin, cette île magnifique et pleine de charmes est réputée pour son caractère typique. D’une surprenante générosité, Fadiouth, terre de tolérance, mélange subtil de traditions et de modernité enchante le visiteur. La religion traditionnelle sérère qui était dominée par le culte des ancêtres est aujourd’hui talonnée par le christianisme et l’islam, favorisant un syncrétisme religieux extraordinaire. Sur l’île à coquillage, la population entretient une relation étroite avec « Roog Seen », le dieu des sérères par l’entremise des Pangols. Ici, on note un nombre impressionnant d’autels de ces génies protecteurs qui incarnent l’esprit des ancêtres. Parmi ces nombreux sites qui servent de lieux de culte à différents clans matrilinéaires figurent ceux de Fassanda, de Maama Ngeej, Kuta, Wac, Fakaw, Mbulande, Juc, Musa Molonko, Koor o Baal, Njangoor o Mbatin, Paak no Maad, le puits de Pipa à Joal et O Jucc qui appartiennent à la lignée des Jaxanoora. Les Yokaam, quant à eux, gèrent le lieu de culte de Maama Ndan et les Feejor gèrent Tindine et Xus. Njini et Njonguel sont respectivement gérés par les Siwana et les Faata.
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En plus d’offrir un décor hors du commun, Fadiouth, à majorité catholique, conserve une identité culturelle très forte et peut se targuer de son harmonie religieuse. Le dialogue islamo-chrétien y est constant. La présence de l’église Saint-François-Xavier à quelques encablures de la mosquée et du cimetière marin mixte de Diotio où reposent côte à côte, toutes confessions confondues, les habitants de Fadiouth, est une belle preuve de la cohabitation exceptionnelle des insulaires dans la vie comme dans la mort. Un bel exemple d’œcuménisme et de tolérance.
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À Fadiouth, l’organisation sociale traditionnelle est bâtie sur le système matrilinéaire. Une place importante est conférée à la femme. L’influence de la lignée maternelle ou « tîm », symbole du matrilignage et qui regroupe les personnes issues du même aïeul maternel, n’est plus à démontrer. L’emprise du matriarcat permettait à un individu de s’identifier au nom et au prénom de sa mère. Les Jaxanoora, les Fejoor, les Yookaam, les Simal, les Faata-Faata, les Soos, les Laaboor, les Siwana, et les Jaani-Jaani forment les neuf lignées matrilinéaires existant à Fadiouth. Et la généalogie matrilinéaire permet de retrouver les ascendants et le lien de parenté. Chaque lignée a un responsable. Pour la prise de décision, ces lignées maternelles se rassemblent pour décider de certaines choses et en cas de conflit, elles tranchent.
Par Samba Oumar FALL