Chaque année, des milliers de pèlerins venus du monde entier marchent sur les pas de Jésus, revivant les épisodes fondateurs de la foi chrétienne. Pour les Sénégalais, ce pèlerinage en Terre Sainte est bien plus qu’un voyage. C’est un retour aux sources de leur foi, une rencontre intime avec l’histoire du Christ et une immersion dans les lieux où se sont déroulés les événements bibliques. Au cœur de ce parcours spirituel, la vieille ville de Jérusalem se révèle comme un lieu incontournable, carrefour des trois grandes religions monothéistes et témoin vivant de plusieurs millénaires d’histoire.
Jérusalem est appelée « la ville trois fois sainte » car elle est une ville sacrée pour trois religions. Elle est un sanctuaire pour le judaïsme, le christianisme et l’islam. Pour les juifs, le roi Salomon fit bâtir le premier Temple au Xe siècle avant J.-C, centre de leur foi et de leur histoire. « C’est le sanctuaire de référence pour le peuple juif », explique Marguerite, israélienne arabe et l’une des guides des pèlerins sénégalais.
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Pour les chrétiens, c’est le lieu de la Passion et de la Résurrection de Jésus, accueilli par les habitants aux cris de « Hosanna » quelques jours avant sa mort. « Pour les chrétiens, c’est la ville où Jésus entra triomphalement quelques jours avant sa Passion. « Hosanna », criaient les habitants, voyant en lui le fils de David, le Messie attendu. Pour les croyants, Jérusalem demeure indissociable de la mort et de la résurrection du Christ », explique encore Marguerite.
Pour les musulmans, l’esplanade des Mosquées rappelle le voyage nocturne du prophète Mohammed « al-isra wal ma’araj » et son ascension vers le ciel, guidé par l’ange Gabriel, où il reçut l’ordre des cinq prières quotidiennes. La vieille ville, qui s’étend sur moins d’un kilomètre carré, est divisée en quatre quartiers : le quartier musulman, le plus vaste et animé.
Le quartier juif, dominé par le Mur occidental, le quartier chrétien, centré autour du Saint-Sépulcre (tombeau de Jésus) et le quartier arménien, plus discret mais historiquement très présent. Cette organisation reflète à la fois la richesse culturelle de Jérusalem et ses lignes de fracture.
Des communautés qui vivent côte à côte mais séparées
Aujourd’hui, Jérusalem compte environ 1,2 million d’habitants. La ville est divisée entre l’Ouest, à majorité juive, et l’Est, où se situe la vieille ville, historiquement palestinienne. « On compte environ 360 000 Arabes à Jérusalem-Est et 740 000 habitants juifs à Jérusalem-Ouest », précise Marguerite.
Chaque communauté y vit largement en vase clos. Les juifs disposent de leurs écoles talmudiques, les musulmans de leurs écoles coraniques, et les chrétiens de leurs établissements privés, souvent franciscains ou tenus par des congrégations. Les quartiers sont tout aussi distincts : Mea Shearim, « les cent portes », abrite de nombreuses familles juives ultra-orthodoxes, tandis que les monastères et sanctuaires chrétiens se concentrent au Mont des Oliviers.
« Il n’y a pratiquement pas de mariages interreligieux, chacun vit dans sa communauté », confie Marguerite, chrétienne arabe de Nazareth. Malgré ces séparations, la cohabitation reste respectueuse, surtout en dehors de Jérusalem, dans des villes comme Bethléem où musulmans et chrétiens entretiennent des relations plus cordiales.
Un patrimoine vivant et universel
La vieille ville est à la fois un lieu de pèlerinage et un espace de vie quotidienne. Ses ruelles étroites, ses marchés colorés, ses dômes dorés et ses coupoles grises font de Jérusalem un décor unique où se mêlent spiritualité et culture. Minoritaires dans la ville, les chrétiens y sont pourtant fortement enracinés.
Dès 313, l’empereur Constantin fit du christianisme une religion reconnue, permettant à sa mère Hélène de construire d’importants sanctuaires : le Saint-Sépulcre, l’église de l’Ascension ou encore la basilique de la Nativité à Bethléem. Autant de lieux qui accueillent chaque année des millions de pèlerins. Pour les pèlerins sénégalais, chaque pierre devient un récit, chaque site une expérience spirituelle, et chaque rencontre un souvenir inoubliable.
Jeanne SAGNA (envoyée spéciale à Jérusalem)