Ancienne figure du syndicalisme, Mamadou Lamine Dianté a été nommé, il y a quelques mois, président du Haut conseil du dialogue social (Hcds). Dans cet entretien, l’ancien Secrétaire général du Saems-Cusems fait le point sur les discussions tripartites entre l’Etat, les syndicats et le patronat devant aboutir à la signature d’un pacte de stabilité sociale d’ici le 1er mai. Il revient également sur son parcours syndical, son entrée en politique et sur ce qui le lie au parti Pastef et à son leader Ousmane Sonko. A cœur ouvert, Mamadou Lamine Dianté évoque aussi ses ambitions à la tête du Haut conseil du dialogue social.
Une rencontre tripartite avait réuni l’État, les centrales syndicales et le patronat. En tant qu’autorité en charge du dialogue social, quels sont les jalons que vous comptez poser pour la mise en place du Pacte de Stabilité sociale avant le 1er mai ?
Effectivement, à la suite de la grande rencontre tripartite organisée par le gouvernement, sous la présidence de Monsieur le Premier Ministre Ousmane Sonko, avec les partenaires sociaux employeurs et travailleurs au Grand Théâtre, pour échanger sur la réalité de la situation économique difficile du pays, telle que révélée par le rapport d’audit de la Cour des Comptes, le gouvernement a engagé des discussions franches et inclusives avec toutes les forces sociales du pays en vue de pacifier les relations professionnelles et d’avoir un climat social apaisé propice à la relance économique, plus qu’urgente pour le relèvement de la situation macroéconomique de notre pays.
Bien évidemment, le Haut conseil du dialogue social (Hcds) que j’ai l’honneur de diriger était présent à la grande rencontre tripartite, ainsi qu’aux discussions qui l’ont précédé. Conformément à sa mission de promotion du dialogue social à l’échelle nationale, le Hcds compte également jouer sa partition pour le succès de ces échanges tripartites devant aboutir à la signature d’un nouveau Pacte de stabilité sociale, comme l’ont souhaité Son Excellence le président de la République et Monsieur le Premier Ministre. En effet, le Hcds, en tant qu’institution nationale tripartite et paritaire, regroupant donc des représentants de toutes les parties prenantes au Pacte social, a un rôle essentiel à jouer pour le succès de ce processus devant aboutir à la signature du nouveau Pacte de stabilité sociale. Il faut rappeler que notre pays n’en est pas à sa première expérience de signature d’un Pacte social. Antérieurement, le Sénégal avait connu des Pactes sociaux sectoriels signés dans les secteurs du pétrole et du gaz en 2008 et en 2016 et, plus récemment, dans les secteurs du Tourisme et des Transports aériens en 2021, pour faire face aux impacts de la Covid 19. Il serait d’un bon ton d’envisager la généralisation de ces pactes sectoriels, au-delà du pacte social avec les centrales syndicales et le patronat.
A l’échelle nationale également, à l’occasion de la première Conférence sociale tenue en avril 2014, le gouvernement et les partenaires sociaux (patronat et centrales syndicales de travailleurs) avaient signé le 15 avril 2014, le premier Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique (Pnssee), ayant permis d’avoir une trêve sociale, qui a grandement contribué à l’apaisement du climat social au niveau interprofessionnel.
Ce qui avait permis à notre pays d’être épargné d’une grève générale des travailleurs pendant plusieurs années. A ce titre, le Haut conseil du dialogue social, en tant qu’institution tripartite de dialogue social, avait pour mission d’assurer justement le Secrétariat exécutif du Pacte national de stabilité sociale, et était chargé de l’animation dudit Pacte ainsi que de la coordination de son dispositif global de suivi et d’évaluation. Dans ce nouveau processus également, il est pleinement impliqué et compte jouer sa partition, selon les missions qui lui seront confiées, pour le succès attendu et la signature d’un nouveau Pacte de stabilité sociale avant le 1er mai 2025, conformément à la volonté exprimée par les plus hautes autorités du pays.
Est-ce que du côté de l’État tout est fin prêt pour arriver à ce Pacte ?
Bien évidemment que le gouvernement est fin prêt. Car, il faut rappeler que l’initiative d’aller vers la signature d’un nouveau Pacte de stabilité sociale est, d’abord, une volonté exprimée par le chef de l’État et le gouvernement, qui en a également posé les premiers jalons. C’est à ce titre, qu’en prélude aux négociations sur le Pacte qui vont démarrer incessamment, le gouvernement, sous l’impulsion du ministère en charge du Travail, est en train d’examiner, avec tous les départements ministériels concernés et le Hcds, la plateforme revendicative minimale déposée par les centrales syndicales de travailleurs, intégrant également les doléances des travailleurs au niveau sectoriel, notamment dans les secteurs public et parapublic. Ces travaux qui ont démarré depuis la semaine dernière, se poursuivent cette semaine également, et le gouvernement est en train d’apporter des réponses aux différentes préoccupations soulevées.
A l’issue de cette première étape, les discussions sur le projet du Pacte de stabilité sociale vont suivre avec le recueil des attentes des différentes parties prenantes, en vue d’aller vers les négociations qui vont aboutir à la signature de ce Pacte social qui est, encore une fois, essentiel pour la stabilité sociale et le redressement économique de notre cher Sénégal. Ces objectifs visés nécessitent un sursaut national et la contribution positive de toutes les forces vives de la nation, principalement, celles des acteurs du monde du travail. Le Hcds, en tant qu’institution chargée de la promotion du dialogue social, appelle tous les mandants tripartites à la prise en compte de la situation économique nationale alarmante dans l’expression de leurs doléances, pour aboutir à la signature d’un Pacte de stabilité sociale réaliste et bénéfique pour toutes les parties prenantes.
Des exigences ont été posées par les centrales syndicales. Comment comptez-vous les régler ?
En milieu de travail, il y a et y aura toujours des exigences posées par les syndicats lors des négociations professionnelles. Justement, l’objectif des négociations initiées par le gouvernement est de rechercher des solutions à apporter en réponse aux exigences posées, et en fonction des possibilités de l’Etat. Les rencontres en cours actuellement au ministère du Travail s’inscrivent dans ce cadre.
Et celles qui vont suivre dans le cadre du recueil des attentes des partenaires sociaux sur le Pacte de stabilité sociale, s’inscrivent aussi dans cette perspective. Le gouvernement devra s’évertuer à apporter les solutions aux préoccupations légitimes des partenaires sociaux, en tenant compte des possibilités des finances publiques, dans cette grisaille économique particulièrement préoccupante pour notre pays, et qui nous interpelle tous. Pour sa part, le Hcds, conformément à son équidistance et à sa mission transversale de facilitation et de médiation sociale entre les différentes parties prenantes, entreprendra à jouer pleinement sa partition durant les travaux lancés par le gouvernement avec les partenaires sociaux nationaux et sectoriels, en vue d’aboutir à la signature du nouveau Pacte de stabilité sociale avant le 1er mai. Vous êtes une figure de l’enseignement et du syndicalisme au Sénégal.
Pouvez-vous revenir sommairement sur votre parcours ?
Après l’obtention du Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire (Caes) à l’Ecole normale supérieure, j’ai embrassé la carrière d’enseignant. J’ai servi comme professeur de Sciences de la vie et de la terre d’abord au lycée El Hadji Baba Ndiongue de Podor, ensuite au lycée moderne de Rufisque puis au lycée d’application Thierno Saïdou Nourou Tall de Dakar, que j’ai quitté en octobre 2010 à la faveur de mon élection au poste de Secrétaire général de mon syndicat, afin de me mettre au service de l’école et des enseignants. Sur le plan syndical, j’ai assumé le poste de Secrétaire à l’organisation et à la mobilisation du Saemss et du Cusems « originel » jusqu’au Congrès de septembre 2010 qui m’a porté à la tête du Saemss-Cusems.
En 2014, le Grand cadre des syndicats de l’enseignement (Gcse) a été porté sur les fonts baptismaux, et les camarades Secrétaires généraux m’ont choisi comme coordonnateur. Ce qui m’a permis de conduire les négociations ayant abouti à la signature du protocole historique du 17 février 2014 et de participer aux Assises nationales de l’Education et de la Formation (Anef), en tant que chef de délégation et porte-parole des syndicats d’enseignants. Fils de maître coranique, vous avez embrassé une carrière d’enseignant. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? Mon père a toujours été mon modèle et ma source d’inspiration. Il a été mon premier enseignant dans la vie, et tous mes frères et sœurs sont enseignants ou l’ont été à un moment de leur vie. C’est donc normal, en tant qu’avant-dernier d’une famille d’enseignants, que j’embrasse cette carrière par vocation.
Qu’est-ce qui vous a orienté vers le syndicalisme ?
Ça pourrait être paradoxal d’être fils de maître coranique, avec toute la rigueur de l’éducation religieuse et syndicaliste-contestataire. Mais, c’est parce que notre parcours a été jalonné de nombreuses haies. Nous sommes de la génération-martyr qui a subi l’année blanche au lycée, et l’année invalide puis la session unique à l’université.
Après l’obtention de la maîtrise, quand nous avons voulu embrasser la carrière d’enseignant par vocation, on nous signifie que l’emploi n’est plus garanti. Nous réussîmes malgré tout le concours d’entrée et, pendant notre formation, tous les syndicats d’enseignants que nous avions sollicités à l’époque, au sujet du recrutement à la fin de la formation, nous ont envoyé nous promener en répondant que nous sommes entrés à l’Ens en toute connaissance de cause. Etant donné que la récurrence des agressions réveille l’instinct de survie et prédispose au combat, nous avons ainsi appris à nous battre en ne comptant que sur nous-mêmes.
Déjà à l’Ens, nous tenions des réunions nocturnes pour envisager la création d’un syndicat, dès notre recrutement. Il s’agissait d’opérer une rupture radicale en la matière, à travers un syndicat autonome (à équidistance des groupes de pression), d’ordre (moyen et secondaire) et une limitation des mandats du Sg (une seule fois renouvelable).
Pourquoi n’avez-vous pas attendu d’être recrutés ?
Après l’examen de sortie en juillet 1997, l’Etat n’a recruté que 30% des sortants. Sur le terrain, nous prêchions déjà la bonne parole pour convaincre les enseignants. Les autres qui étaient laissés en rade et avaient continué le combat, avant de bénéficier du recrutement universel, avec l’arrivée au pouvoir de Me Abdoulaye Wade en 2000, nous ont emboité le pas. Ce qui nous a permis de réussir le maillage du territoire national. En 2004, nous avons tenu l’assemblée générale constitutive qui a consacré la création du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saemss). Nous avions déjà une plateforme revendicative portant notamment sur l’alignement de l’indemnité de logement sur celle des autres agents de la Fonction publique ; ce qui nous a poussé à créer le Cadre unitaire des syndicats du moyen secondaire (Cusems) avec le Snems, l’Ues et le Sypros ; même si les deux derniers ont fini par quitter le cadre pour nous laisser avec le seul Snems. Nous avons ainsi obtenu, à défaut de l’alignement, une amélioration salariale de 60, 65 et 70 mille francs en guise d’indemnité compensatoire de surcharge horaire, lors de la fameuse grève de 2006-2007.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette expérience syndicale ? Votre plus grande victoire ?
Après le succès syndical de 2007, notre organisation est entrée dans une crise de croissance qui a failli nous perdre : des camarades sont entrés en rébellion après la cooptation du Sg de l’époque au Cese en 2009. C’est dans ces conditions que nous avons tenu le premier congrès où mes camarades ont eu l’amabilité de me porter à la tête du Saemss-Cusems. Je les en remercie infiniment, tout comme je remercie les Sg de syndicats qui m’ont confié la coordination du Gcse pendant 4 ans. Ce qui m’a le plus marqué pendant mon magistère, c’est le dénouement de la grève au soir du 30 avril 2015 et les rebondissements qui s’en ont suivis le lendemain, où des titres de la presse faisaient état d’un « wax-waxet » alors qu’il n’en était absolument rien.
Parce qu’en effet, le gouvernement avait travaillé à diviser le Grand cadre en passant par ses zones de faiblesse pour me faire désavouer par des camarades, en pleine réunion de négociation. Ça ne marcha pas ! Et pour nous contraindre à suspendre le mot d’ordre, contre la volonté de la base, le Premier ministre d’alors avait promis l’arrêt des ponctions sur les salaires et le remboursement de celles déjà effectuées. Quand le lendemain je me suis rendu compte que rien de cela n’était vrai, j’avais décidé de lever la suspension du mot d’ordre pour rester conforme à la volonté de la base du Grand cadre. Ce « wax-waxet » est alors heureux, puisqu’il m’a permis d’être porté en très haute estime par les enseignants, et c’est tant mieux. Et quand mon père spirituel Abdoul Aziz Sy Al amine (Rta) m’a fait convoquer le même jour à Tivaouane, après avoir écouté mon exposé, il a répondu : « ce sont eux qui se sont dédits, mais pas toi !».
Pour les victoires, il y en a eu quand-même. Mais, l’élargissement de la validation aux fonctionnaires des années de volontariat, de vacation et de contractualisation m’a beaucoup marqué.
Qui a été votre référence en matière de syndicalisme ?
Toutes les personnes qui font de la servitude un critère de noblesse, où qu’ils puissent se trouver dans le monde, m’inspirent. J’ai une admiration toujours plus grande pour ceux qui s’engagent pour des bonnes et justes causes, tout en restant des fidèles serviteurs de leurs mandants. Feu Mademba Sock a été une source d’inspiration.
Que répondez-vous à ceux qui vous traitent de syndicaliste extrémiste ?
Il me semble qu’un syndicaliste extrémiste n’existe pas, si l’on s’en tient au sens des concepts. J’estime que vous voulez parler de mon ancrage sur un certain nombre de principes. Mon éducation fait de la vérité et de la fidélité des exigences à assumer pour tout engagement.
C’est même chez moi un mode de vie. Ma gouverne m’impose de fonctionner selon des modalités qui me permettent d’être à cheval sur mes principes. Pour des clients comme votre interlocuteur, la presse doit changer de logiciel sous ce rapport. C’est comme si elle ne sait pas s’accommoder des positions de principe des personnes qui croient en nos valeurs en tant que négro-africain et musulman. Chez nous, la parole donnée est sacrée. On ne peut pas traiter d’extrémiste quelqu’un qui appelle à un arrêt de travail pour exiger l’ouverture de négociation ou le respect des engagements. Le 3 juillet 2021, vous avez choisi de vous lancer dans le champ politique, avec la création du Mouvement pour une citoyenneté engagée (Mce) « Jeri sa askan ».
Était-ce une suite logique après avoir été syndicaliste pendant plusieurs années ?
C’est l’engagement citoyen qui m’arrache la mobilisation pour une cause.
La citoyenneté revêt un aspect fondamental qui l’arrime à la solidarité, à même de favoriser un développement. Mon engagement politique est un service désintéressé au profit des citoyens et des communautés. Après mon combat syndical très apprécié, il est donc logique de vouloir me mettre au service de ces derniers. Il y a aussi le constat d’un affaissement des valeurs de la citoyenneté, ainsi nous avons choisi comme slogan « Nous réapproprier notre citoyenneté ! ». C’est pourquoi je trouve très pertinent le concept de « Setal Sunu Reew » de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et je m’y implique tout le temps, avec les citoyens qui fondent notre mouvement. Je souhaite également appuyer la création de clubs d’éducation à la citoyenneté dans les établissements scolaires.
Votre ambition était de briguer les suffrages des Sénégalais. N’était-ce pas utopique de votre part ?
Ah bon ! Tu me l’apprends ! L’utopie relève d’un rêve alors que notre ambition relève d’une vision. Celle-ci nous assigne à travailler au profit de l’émergence d’un leadership local, ancré dans les fortes valeurs de la citoyenneté. En mettant en place le Mce, notre ambition était de participer au développement socioéconomique du Sénégal en général, et celui de Kolda en particulier. Par la suite, on vous a vu vous engager dans le combat politique de Pastef. Pourquoi ce choix ? C’est notre engagement citoyen qui dicte nos postures tout en exigeant de notre organisation de privilégier la démarche partenariale. La plupart des Sénégalais ont adressé leur combat politique à la défense de la démocratie. Les attaques contre les « Patriotes » n’étaient pas dirigées contre le Pastef, c’était contre le Sénégal et sa démocratie.
Fallait-il attendre son tour pour se lever ?
Non, la dérive devait être stoppée ! Et d’ailleurs, mon engagement à côté de Ousmane Sonko date des péripéties de sa radiation de la Fonction publique. Ce qui m’avait amené à l’époque, en tant que Coordonnateur du Grand cadre, à créer, avec les centrales syndicales et des organisations de la société civile tel que Y’en a marre, la Coalition des forces sociales (Cfs). Puis, nous nous sommes retrouvés dans le Frn, ensuite dans « Yewwi Askan Wi », puis dans « Diomaye Président » et enfin dans la Coalition des dernières législatives, sous la bannière Pastef.
N’avez-vous pas regretté votre choix quand Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été emprisonnés ?
Le Premier ministre Ousmane Sonko est un ami, mais surtout un frère ! Nous avons les mêmes « défauts » : la vérité compte pour nous, et nous la recherchons constamment ; dans cette époque où l’hypocrisie semble être considérée comme une valeur. Je ne regretterai jamais de choisir un homme de son acabit comme compagnon politique. D’ailleurs, c’est au lendemain des élections législatives du 31 juillet 2022 que je lui ai promis que je le soutiendrai à l’élection présidentielle de 2024 s’il est candidat. C’est pourquoi j’avais créé et coordonné « Leaders Alliés du Candidat Ousmane Sonko » (Lacos).
Finalement, il a désigné Diomaye comme candidat, et j’ai été le Coordonnateur national de « Diomaye Président ». Je suis donc resté constant, sans jamais faiblir. Quant à Son Excellence le président de la République, ma position actuelle est auprès de lui, car mon institution est un service de la présidence de la République. En somme, me permettre de servir le Sénégal est un honneur. Je remercie Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko pour la confiance placée en ma modeste personne.
Comment avez-vous vécu la victoire du Pastef à l’élection présidentielle du 24 mars 2024 ?
Comme une délivrance. Tous les Sénégalais l’attendaient et la voulaient. Le Sénégal l’a réalisée en élisant un opposant dès le premier tour pour tourner définitivement le dos à un système, qui perpétue l’héritage de l’esclavage et de la colonisation.
Le 2 octobre dernier, vous avez été nommé à la présidence du Haut Conseil du Dialogue Social. Est-ce le salaire de l’engagement ?
Les leaders actuels du Sénégal ont en commun leur jeunesse, leur vécu syndical et leur éducation religieuse. Le pouvoir issu du 24 mars 2024 se gouverne par des choix d’hommes et de femmes, qui vont asseoir un Sénégal souverain, juste et prospère. Pour ma nomination, je la considère comme une contribution attendue de moi pour la réalisation de ce Sénégal, aux côtés du Président et du Premier ministre. Il s’agit plus précisément, en ce qui me concerne, de contribuer à garantir une paix sociale durable. Un ancien syndicaliste qui joue le rôle de sapeur-pompier.
Pensez-vous être l’homme qu’il faut ?
D’abord, retenons que le front n’est pas en ébullition. Ce qui recentre le travail de notre institution sur la prévention, et nous avons inscrit notre action dans l’anticipation. Mieux, je vais consacrer l’essentiel de mes efforts sur l’avenir du travail.
Quelles sont, selon vous, les recettes pour conduire cette institution à bon port ?
C’est la valorisation du capital humain ! Nous adosserons la vision de l’institution à une théorie du changement à même de faire des travailleurs les moteurs de l’Agenda national de transformation Sénégal 2050. Notre crédo est la restauration du climat de confiance entre les acteurs, par le respect des engagements de part et d’autre. Quelles sont vos ambitions politiques ? Un Sénégal souverain, juste et prospère, avec Kolda dans le peloton de tête des territoires attractifs et compétitifs pour le développement durable, dans une Afrique intégrée. Aujourd’hui, êtes-vous satisfait de tout ce que vous avez accompli dans votre carrière d’enseignant, de syndicaliste et de politique ? Comme vous le savez, la qualité est une recherche d’amélioration continue. L’homme est un être qui s’offre des attentes, qui lui fixent des rendez-vous dans l’avenir ! Ces attentes relèvent des besoins à satisfaire. Ma réalisation individuelle ne m’apporte point de satisfaction ; ma véritable source de satisfaction réside dans mes réalisations au profit de ma famille, de mes communautés et des Sénégalais. La citoyenneté exige la solidarité et implique une ouverture à l’universalité.
Entretien réalisé par Tata SANE