L’exécution de Mariama Cissé a horrifié le monde entier. Une onde de choc qui a traversé plusieurs pays à l’annonce des circonstances de son décès. Mariama Cissé, une jeune Malienne, a été tuée dans son village, devant des membres de sa famille, par un groupe armé extrémiste. L’acte, d’une grande brutalité, a ulcéré plus d’un. Les assaillants lui reprochaient son soutien affiché aux Forces armées maliennes. Mariama Cissé, influenceuse reconnue, était perçue comme une figure de courage. Ses publications étaient très suivies sur TikTok avec plus de 100 000 abonnés.
Elle partageait la joie de vivre tout en cherchant à déconstruire l’image traditionnelle de la femme contrainte au silence ou à la résignation. Cette liberté de ton n’était pas appréciée par les groupes armés, elle passait pour de la provocation. Mariama a été arrêtée le jeudi 6 novembre avant d’être exécutée publiquement le lendemain. Ses ravisseurs ont cherché, à travers leur acte, à intimider toute personne exprimant un soutien aux forces nationales. Ils ont ainsi lancé un message d’avertissement.
Son exécution, de façon froide, remet en lumière la vulnérabilité des femmes dans les zones de conflit. Elle met également à nu les abus de pouvoir commis par des groupes armés, lesquels cherchent aussi à briser la détermination de femmes engagées, décidées à se faire entendre et à contribuer au changement. Pour cette jeune femme qui avait choisi d’exercer pleinement sa liberté d’expression, le prix a été tragiquement lourd. Dans certaines régions, les stéréotypes de genre continuent de dicter les comportements et de limiter la parole des femmes.
La liberté d’expression féminine dérange encore et ne bénéficie pas d’une véritable protection. De nombreux témoignages de sympathie ont afflué, alors même que cet acte reste impuni, posant la question de l’efficacité des systèmes judiciaires locaux. L’assassinat de Mariama Cissé brise des cœurs et nourrit une profonde indignation. Il remet également en évidence l’impunité dont bénéficient fréquemment les auteurs de violences faites aux femmes —qu’il s’agisse de violences sexuelles, d’exploitation ou d’autres formes d’abus dans les zones de conflit.
Malgré les dénonciations répétées de l’utilisation des femmes et des enfants comme instruments de guerre, la communauté internationale peine encore à protéger ces populations vulnérables. Ce, nonobstant de nombreuses initiatives et l’existence d’un arsenal juridique important.
De nombreuses études ont documenté les exactions commises par les groupes armés, qui cherchent à instaurer la peur et à affaiblir psychologiquement leurs victimes. Dans ces régions profondément marquées par la misogynie, des femmes comme Mariama Cissé finissent souvent par payer un lourd tribut. Beaucoup sont victimes de représailles ou d’exécutions arbitraires. La célébration prochaine des 25 ans de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’Onu sur les femmes, la paix et la sécurité pourrait certainement offrir une tribune pour évoquer le cas de Mariama Cissé ou dégager de nouvelles pistes afin de renforcer la sécurité des femmes et des enfants en période de conflit. Un document explicatif rappelle d’ailleurs qu’il faut éviter « une lecture englobante et homogénéisante » ; ce qui contribue à invisibiliser les situations vécues par les femmes ».
Le document lève aussi le voile sur les risques réels pour une femme de voir sa place sociale limitée en tant qu’actrice politique ou économique dans des régions où les discriminations persistent, non sans souligner l’urgence de combattre les stéréotypes dévalorisants. Dès lors, certains esprits s’interrogent sur la nécessité pour des civils d’affronter des groupes armés en l’absence d’un système judiciaire fonctionnel ? Ce qui est certain, le cas de Mariama Cissé continue de susciter une vive indignation au sein de la communauté internationale. La douleur est intense… matel.bocoum@lesoleil.sn


