Au Maroc, le roi a suspendu le sacrifice du mouton pour l’Aïd. Chez nous, c’est impensable. Ici, plus le mouton a de grosses cornes, plus votre dignité gonfle. Même si votre compte bancaire, lui, s’effondre. La tradition islamique s’est muée en exigence sociale ruineuse.
Au Sénégal, il faut un « tanku ndieuké » pour faire plaisir à la famille, un « fallaray goro » pour calmer les beaux-parents et un « yellu Mame » pour éviter que l’ancêtre ne vous maudisse depuis l’au-delà.
Bref, pour un mouton, il faut un plan de distribution en trois phases. Comme pour construire un immeuble. Sauf qu’à la fin, il ne reste que des os. Mais bon, chez nous, remettre en question une tradition ? Sacrilège !
Même si la Tabaski finit en indigestion… financière. Le royaume chérifien parle de « pause réfléchie ». Chez nous, beaucoup préfèrent « mourir pour un bélier, mais mourir avec honneur ». Ou avec dettes. salla.gueye@lesoleil.sn