Le Programme de résilience du système alimentaire (Prsa-Fsrp) a été officiellement lancé hier lors d’une cérémonie présidée par le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne. Ce programme, doté d’un financement de 153 milliards de FCfa, a pour objectifs de renforcer la résilience des systèmes agricoles et pastoraux et de créer des emplois pour les jeunes et les femmes.
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage du Sénégal a lancé, vendredi 25 avril à Diamniadio, le Programme de résilience du système alimentaire (Prsa/Fsrp). Ce programme national, financé à hauteur de 153 milliards de FCfa et d’une durée de 6 ans, est le fruit d’une collaboration entre l’État, la Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole (Fida). Il a pour objectif global de répondre aux défis du secteur agricole du pays. Mabouba Diagne a posé un diagnostic sur les maux qui minent le secteur agricole sénégalais : une dépendance excessive aux importations alimentaires, un chômage endémique chez les jeunes, et les menaces grandissantes du changement climatique. Mais loin de se complaire dans le constat, il a surtout tracé les contours d’une vision « audacieuse », celle d’une agriculture sénégalaise modernisée, productive, et capable de nourrir sa population tout en générant des richesses et des emplois en masse. « Le programme que je lance aujourd’hui est un tournant de la vie de notre nation », a-t-il martelé. Car pour lui, il ne s’agit plus de demi-mesures ou de palliatifs, mais d’une rupture nette avec les « errements » du passé, d’une mobilisation de toutes les énergies pour enfin « réussir le pari » de la souveraineté alimentaire.
Une approche multidimensionnelle
Pour y parvenir, le programme de résilience se déploie selon une approche multidimensionnelle, embrassant tous les aspects de la chaîne de valeur agricole. Il s’agira, entre autres, de stimuler la recherche et l’innovation, de faciliter l’accès au financement pour les producteurs, de promouvoir des pratiques agroécologiques, de renforcer les infrastructures rurales, et de favoriser l’intégration des marchés agricoles. Le programme vise à accroître la préparation à l’insécurité alimentaire et améliorer la résilience des systèmes alimentaires au Sénégal, tout en contribuant à la préparation et à la gestion des crises agricoles et alimentaires, au renforcement de la résilience des systèmes de production agro-sylvo-pastoraux et à faciliter le commerce de biens et d’intrants agricoles à l’intérieur et au-delà des frontières nationales en Afrique de l’Ouest. Le ministre a aussi souligné l’importance de « l’écoute et de la flexibilité » dont ont fait preuve la Banque mondiale et le Fida au cours des 12 derniers mois, permettant d’aligner le projet sur les nouvelles orientations du président de la République et de mieux répondre aux besoins des acteurs du secteur agricole et de l’élevage. « Nous avons ajusté ce projet, l’orientation et les délivrances de ce projet, pour répondre exactement aux besoins des producteurs et des éleveurs », a affirmé Mabouba Diagne.
1.070 milliards de FCfa d’importations alimentaires
En effet, dans un contexte marqué par des défis multiples tels que la forte dépendance aux importations alimentaires 1.070 milliards de FCfa, le chômage des jeunes et les impacts du changement climatique, le programme de résilience représente, selon lui, une réponse structurée et régionale pour renforcer la résilience des systèmes alimentaires. « C’est tout le sens de la vision portée par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, de faire de la souveraineté alimentaire une priorité des priorités », a rappelé le ministre. Le programme de résilience s’articule ainsi autour de plusieurs composantes essentielles visant à stimuler la recherche et l’innovation agricole, à favoriser l’emploi des jeunes et des femmes, à réhabiliter les terres agricoles dégradées, à intégrer les marchés, à réduire les coûts liés aux intrants et aux débouchés, et à reconstruire le capital semencier. « Ce programme permettra donc de stimuler la recherche, l’innovation agricole, l’emploi des jeunes et des femmes, de réhabiliter des terres agricoles dégradées, de favoriser l’intégration des marchés », a détaillé Mabouba Diagne.
Les coopératives au cœur de la stratégie
Toutefois, le succès de cette transformation réside dans le développement de coopératives agricoles communautaires (Cac), inspirées du modèle mis en place par l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida). Ces coopératives seront des unités de base pour mutualiser les moyens de production, améliorer l’accès au financement, faciliter la formation, la formalisation, la transformation et la commercialisation des produits agricoles, tout en créant des emplois massifs. « Nous comptons faire de ces coopératives agricoles communautaires l’unité de base de cette transformation », a insisté le ministre. Le programme prévoit également l’équipement de ces fermes avec des infrastructures modernes telles que des forages, des systèmes d’irrigation performants et des groupes électrogènes, ainsi que leur connexion au réseau électrique national. L’objectif est de faire de ces coopératives des « agri-innovation hubs » pour moderniser l’agriculture et l’élevage.
En ciblant également les corridors de transhumance, le programme ambitionne de développer des coopératives agricoles communautaires orientées vers l’élevage, contribuant ainsi à l’autosuffisance en viande rouge et à la transformation locale des produits, afin de freiner l’exode rural. « Nous pourrons voir les gens quitter la ville, aller s’installer dans leur territoire de base », a prédit le ministre. Pour concrétiser cette vision, le Sénégal s’engage à développer 1.000 hectares de fermes agricoles modernes et inclusives. « J’engage tout mon département à faire de ces 1.000 hectares une vitrine de l’agriculture moderne inclusive et durable », a affirmé Mabouba Diagne. Il a, toutefois, appelé à une action rapide et coordonnée de tous les acteurs pour garantir la réussite de ce programme. Le ministre a réitéré sa gratitude envers les partenaires financiers et techniques, soulignant leur écoute, leur réactivité et leur accompagnement stratégique. « La réussite de ce programme dépendra de notre capacité collective d’agir vite, bien, mais aussi de se soucier et d’apprendre aussi, et de se dire pourquoi, dans les 60 dernières années, nous avons échoué », a-t-il lancé.
Par Pathé NIANG