Il y a des moments où l’on ne peut pas se taire. Où l’injustice, ou ce que l’on croit être une injustice, vous noue la gorge, puis explose dans un cri. C’est ce qui est arrivé à Yatma Niang, qui assistait au procès d’une proche accusée d’escroquerie foncière.
Assis sur les bancs du public, il a écouté, observé, encaissé. Et puis, il n’a plus tenu. « Je ne suis pas d’accord ! Ce n’est pas vrai, monsieur ! » a-t-il lancé, en plein réquisitoire du procureur.
À Dakar, dans une salle d’audience où l’on goûte peu les interventions spontanées, ce genre d’élan se paye cher. Aussitôt, le juge a fait signe au gendarme. Niang est passé du statut de spectateur à celui d’accusé en quelques secondes. Invité à expliquer son geste, il n’a pas tremblé.
Il s’est fâché, a-t-il dit, contre le représentant du ministère public. Ce n’était pas une erreur ni un écart. C’était un cri du cœur. Mal lui en a pris : six mois, dont dix jours ferme. Moralité : au tribunal, on peut être muet comme une carpe, mais pas libre comme un cri.
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