Le ministère des Force armées est le chef de fil de la 8é édition de l’initiative présidentielle «Setal sunu reew». Dans cet entretien, le ministre Birame Diop, explique en quoi la discipline militaire, adossée au concept Armée-Nation, peut constituer un ferment pour harmoniser les rapports sociaux, favoriser la cohésion sociale et stimuler l’exercice d’un rôle actif de citoyen.
Monsieur le Ministre, la première édition de Setal Sunu Reew de l’année 2025 a été confiée à votre ministère. Quel sens donnez-vous à ce choix du Chef de l’Etat?
Ce choix de monsieur le président de la République Bassirou Diomaye Faye, chef suprême des Armées, fait honneur aux membres des Forces armées que nous sommes. Il peut être interprété comme un acte de raffermissement du lien armée-nation car, bien qu’ayant des spécificités qui leur sont propres, les Forces armées n’en demeurent pas moins partie intégrante de la Nation. Il est donc tout à fait normal qu’elles soient impliquées dans des actions communautaires que les citoyens ont en partage, à savoir la propreté du cadre de vie.
Cette Journée constitue une opportunité pour renforcer le lien Armée-nation. A travers le thème, quel message voulez-vous transmettre aux Sénégalais? En choisissant ce thème, « Setal sa gokh, aar sa yaram : aux côtès des citoyens, les Forces armées s’engagent », nous avons voulu partager une conviction profonde: préserver notre environnement, améliorer notre cadre de vie, c’est protéger notre santé et celle des générations futures. Il s’agit d’un devoir citoyen, auquel les Forces armées appellent tous nos compatriotes. Ils peuvent y contribuer par leur posture et leurs capacités. En s’engageant dans des actions concrètes, aux côtés des populations, les Forces armées démontrent qu’elles sont un acteur clé de cet effort collectif.
Le concept Armée-Nation est une idée qui a fait son chemin. Comment doit-il être adapté aux enjeux et défis de notre temps?
Pour adapter le concept, il s’agira de définir un cadre stratégique clair et d’identifier des secteurs prioritaires dans lesquels les Forces armées pourraient apporter une contribution significative. Le renforcement du cadre légal et institutionnel, par lequel l’action des Forces armées peut s’effectuer, est également nécessaire pour une bonne prise en compte des enjeux socio-économiques actuels. D’ailleurs, une réflexion majeure a été initiée et est en cours de finalisation afin de proposer aux autorités un concept Armée-Nation rénové, adapté aux exigences actuelles de notre société. Je dois souligner que ce projet a été mené en étroite collaboration avec l’ensemble des parties prenantes, au premier rang desquelles les ministères de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et des Sports. En tout état de cause, nous comptons mettre en œuvre une approche équilibrée, permettant de concilier l’exécution des missions traditionnelles de défense et de protection, qui sont les missions premières des Forces armées, et un engagement fort en faveur du développement de notre pays.
A défaut de pouvoir mettre en œuvre le service militaire obligatoire, quels mécanismes doit-on trouver pour inculquer la discipline militaire aux civils ?
Il ne s’agit pas en réalité de « militariser » la société mais plutôt de contribuer à l’instauration d’une culture civique partagée, auto administrée, mettant l’accent sur la sacralité du bien public et de l’intérêt général.
La famille joue un rôle fondamental dans le processus car elle constitue le socle de base à partir duquel se forge la personnalité des individus. L’éducation nationale et l’institution militaire pourront intervenir par la suite. De même, les initiatives actuelles, telles que le Service civique national, pourraient être massifiées en fonction de la disponibilité des moyens. Dans le cadre du concept Armée-Nation rénové, nous avons réfléchi à un programme ambitieux qui nous permettra de toucher l’ensemble des Sénégalais, avec un accent particulier sur notre jeunesse. Notre objectif est de promouvoir et d’inculquer un corpus de valeurs communes, centrées autour de la citoyenneté et de l’esprit de défense.
Entretien réalisé par: Elhadji Ibrahima THIAM