Inna lilahi wa inna ileyhi Rajioun !
Mouhamadou Moustapha SEYE est né le 19 mars 1967, à Sokone. Tous ceux qui ont un jour connu ou approché Moustapha, sont sans doute unanimes, à voir en lui, avant toute chose, un juge.
Il avait 29 ans d’expériences dans la magistrature !
L’essentiel de son activité, depuis qu’il a été reçu en 1995-1997 à l’Ecole nationale de l’Administration et de la magistrature, après une maîtrise en sciences juridiques option droit privé et judiciaire obtenu à l’Université cheikh Anta Diop de Dakar, en 1993, a été consacré, à ce qui est chez lui, plus qu’une vocation, une mission à laquelle, il était contraint de renoncer momentanément, lorsqu’il fut successivement :
d’abord Adjoint au Directeur de l’Education surveillée et de la protection sociale, du Ministère de la justice 2006-2012 ;
Directeur des droits humains au Ministère de la justice juillet 2012- décembre 2017 ;
Conseiller technique au Ministère de la justice décembre 2017- décembre 2018.
Mouhamadou Moustapha SEYE est un magistrat hors hiérarchie et aussi Officier de l’Ordre national du Lion ;
Juge au Tribunal du travail hors classe de Dakar ;
Juge au Tribunal Départemental hors Classe de Dakar 1997-1998 ;
Président du Tribunal Départemental de Kébémer 1998-2000 ;
Juge d’instruction en charge du 2e Cabinet au Tribunal Régional Hors Classe de Dakar et, juge du siège audit Tribunal 2003-2006 ;
Avocat général à la Cour d’Appel de Dakar et jusqu’à hier, Avocat général, à la Cour Suprême du Sénégal.
Malgré ce riche parcours, le juge SEYE n’a jamais conçu son rôle dans la magistrature, comme devant se limiter, au seul acte, de juger.
Son ambition était autre, le Droit, dans son esprit et l’instrument de l’amélioration des rapports sociaux et de la conduite du pays, vers le progrès. Il a toujours voulu étudier et apprendre : ce qui l’a conduit à l’Ecole nationale de la Magistrature de Bordeaux en 1997, et à l’Institut international des Droits de l’Homme, de Strasbourg en 2012.
Moustapha a aussi participé à plusieurs séminaires et ateliers de formation et de renforcement des capacités sur la fonction juridictionnelle, la justice juvénile, la criminalité nationale et internationale, et les droits de l’Homme.
Il envisageait son inscription, en Master II à l’Université, en vue de préparer un Doctorat en droit : (hélas ! Allah en a décidé, autrement) !
Moustapha SEYE avait une préoccupation quotidienne : la réflexion, les échanges, les discussions, avec un regard lucidement critique sur l’organisation politique et administrative et, sur les modalités de sa nécessaire évolution.
L’injustice n’a jamais trouvé grâce à ses yeux. Nos échanges, toujours très riches, ont contribué à m’enrichir et à me faire prendre conscience de beaucoup de choses, sur l’art de juger, sur l’extrême complexité de la personne humaine.
Pour lui, l’Etat ne peut être que, services et les pouvoirs publics ne sauraient poursuivre que, la réalisation de ces fins supérieurs communes, à la détermination desquelles, le citoyen doit être associé et, qui lui garantissent, la plénitude de son existence individuelle et sociale.
Si on doit rendre aujourd’hui hommage au juge SEYE, c’est de lui reconnaître sa discrétion, sa dignité, sa courtoisie, son attachement à la liberté et au service public.
On peut aussi souligner son désintéressément, sa rigueur intellectuelle et morale, sa générosité et sa belle plume ! il écrivait merveilleusement bien ce qui témoignait, d’une grande culture !
Sa spécificité : le choix de sa solitude extrême ! Mais aussi une certaine timidité.
Aucun de ceux qui l’ont fréquenté, à un titre ou à un autre, n’ignore ces traits essentiels de sa personnalité.
Ses amis, proches connaissent son goût de la solitude mais aussi de sa sollicitude et de sa solidarité, pour les moments difficiles, envers ses compatriotes dans le besoin, particulièrement, de ses proches.
Ses collègues lui sont reconnaissants, d’une collaboration qu’il a toujours sû rendre enrichissante, ses collègues savent son dévouement, à la justice.
Il avait un goût des échanges et des discussions sur la vie politique et sur la jurisprudence !
Sa modestie et sa discrétion, ainsi que, sa prudence justifient aussi la brièveté de cet hommage. Le juge SEYE était plus soucieux de la diffusion de ses idées que, des louanges à sa personne.
Je lui disais souvent : « Moustapha, tu es pour moi, une Université, car je pouvais apprendre en 2 heures de discussion avec toi, plus de connaissances que, si j’étais inscrit en deux ans, au master dans nos universités actuelles » !
Je tiens personnellement, à saluer l’importance de sa contribution discrète dans la recherche de solutions, aux problèmes de notre pays.
Sa contribution à la construction du dialogue intellectuel et à l’émergence de solutions apaisées, dans notre pays est immense ! Et nous sommes nombreux, à pouvoir en, témoigner.
Moustapha a passé l’essentiel de sa vie, à produire du savoir pour défendre le progrès social et l’Etat de droit.
Désormais, je serai orphelin de nos échanges. Tu seras toujours dans mon cœur. Moustapha, Reposes en paix !
Puisse Allah lui faire miséricorde, et l’accueillir en son paradis.
Que la terre de Fatick, te soit légère !
Mamadou KAMARA
Maître de Conférences titulaire de droit public
UFR de Sciences juridique et politique de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis – SENEGAL


