La danse du « Kecak » est, aujourd’hui, l’une des attractions touristiques de la cité balnéaire de Bali (Indonésie). Appelée aussi danse des singes ou danse du feu, elle est un moment de communication spirituelle des hommes avec les « dieux ». Rythmée par une belle chorégraphie, elle est accompagnée des intonations « ciak » prononcées par les danseurs.
Les vagues de l’océan terminent leur course sur le mur du Melasti Beach Ungasan de Bali (Indonésie). Ce stadium, qui se trouve au-dessus d’une falaise, fait face à l’océan. Il n’abrite pas des compétitions sportives, mais plutôt une danse balinaise connue sous le nom de « Kacak ». Des gradins du stadium, on a une vue panoramique du coucher du soleil sur l’océan indien. Le « Kacak » est un chef-d’œuvre artistique balinais qui allie à la fois danse et théâtre musical.
En cette après-midi du mercredi 4 septembre, le soleil jette ses derniers rayons sur la ville balnéaire de Bali. En masse, les spectateurs prennent d’assaut le Melasti Beach Ungasan. Dans la foule, beaucoup de touristes. Quelques autochtones viennent aussi régulièrement suivre cette scène. Pour accéder à l’intérieur, il faut acheter le billet à 150.000 F Rupiah, environ 6000 FCFA. Ticket en main, il faut arpenter les 14 marches d’escaliers pour regagner l’intérieur du stadium. Comme au stade, les spectateurs prennent place sur les différents espaces réservés. Ils attendent les vedettes du jour dans un stadium plein à craquer. Les vagues de l’océan tapent très fort sur le rivage. Un homme drapé d’un pagne fait le tour du cercle pour faire quelques libations. Il s’assoie au milieu du cercle, les jambes pliées et continue à parler aux « dieux ». Au coucher du soleil, des torches en bambou sont allumées. Elles sont 9 au total autour du cercle concentrique. Après la « bénédiction » des lieux, le spectacle peut commencer et le Mc du jour donne le ton sous les applaudissements nourris du public. Il explique que la scène peut être aussi suivie en direct sur toutes les plateformes Facebook, Youtube, Instagram et Twitter du « Kaciak ». La danse du « Kecak » à Bali est devenue aujourd’hui une véritable attraction touristique. C’est pourquoi le comité d’organisation est dans une dynamique de modernisation de cette chorégraphie ancienne. Tous les jours, le stadium fait le plein. Personne ne veut venir à Bali sans suivre ce spectacle.
Danse sacrée
Alors que le ton est donné, une soixantaine d’hommes, représentant une armée de singes, torses nus, avec des sarongs balinais, montent sur scène. Aucun instrument musical ne les accompagne sauf les danseurs eux-mêmes qui assurent l’animation en chantent en chœur « ciak ciak ». Le bruit est fort et retentissant. Ils avancent lentement au milieu du cercle comme des lutteurs qui font une chorégraphie dans l’arène. Leur mouvement est bien synchronisé.
Ils sont suivis par leur maître qui les asperge de quelques potions comme pour les ragaillardir, reprenant à chanter, encore plus fort, « ciak ciak ». Ainsi, un « singe » surgit au milieu du cercle formé par les danseurs et commence à faire des grimaces au milieu des hommes. Il est rejoint dans l’enceinte par deux autres. En effet, la danse du « Kecak » s’inspire de la danse sacrée « Sanghyang » représentant la communication spirituelle des hommes avec les « dieux ». Elle est connue sous l’appellation de la danse des singes ou encore la danse du feu. La représentation jouée relate l’épopée Ramayana dans la grotte de Kiskenda où Sang Hanoman jouait avec les singes. Soudain, il sera rejoint dans la grotte par le prince Rama, accompagné de son épouse Dewi Sita et de son jeune-frère Lakshmana. Dewi Sita sera kidnappée par un singe géant dénommé Rakhwata, roi d’Alengka. Pour récupérer son épouse, le prince Rama a fait appel à Sang Hanoman qui avait des pouvoirs mystiques extraordinaires. Hanoman s’est rendu directement au royaume d’Alengka pour récupérer Dewi Sita. En partant à Alengka, Rama avait donné à Hanoman une bague à remettre à la déesse, Dewi Sita. Une fois au parc Angsoka où la déesse a été emprisonnée, Hanoman a montré l’alliance à Sita. Cette dernière est très heureuse quand elle a vu la bague. Cependant, les troupes de Rakhwata ont réussi à capturer Hanoman et l’ont mis dans un cercle de feu pour le brûler vif. Grâce à son pouvoir mystique, Hanoman a réussi à s’en sortir. A son tour, il a mis le feu sur le palais de Rakhwata. Une bataille féroce a opposé les différentes forces en présence. Mais la princesse Sita a été finalement libérée. Toute cette histoire a été reproduite à travers un beau spectacle qui a égayé le public. La danse du « Kecak » est une sorte d’exorcisme pour repousser les mauvais esprits. En pleine séance, les danseurs entrent en transe. Ils marchent sur le feu allumé à l’intérieur du cercle. Il est 19h. La nuit tombe sur Bali. Les danseurs ont terminé leur spectacle sous les applaudissements du public. Les spectateurs retournent en chantonnant « ciak ciak ». Certains n’hésitent pas à s’approcher des danseurs, vraies vedettes du jour, pour immortaliser ce moment par une photo.
Par Aliou Ngamby NDIAYE (De retour de Bali, Indonésie)