Diagnostiquée d’un cancer du sein, Ndella Ndong Ndoye transforme son épreuve en action d’intérêt général. Fondatrice de l’association « Diama », elle s’est investie farouchement dans la lutte contre le cancer du sein et du col de l’utérus. Elle a accepté de nous raconter son parcours face au cancer du sein.
2021 ! Ndella Ndong Ndoye n’oubliera jamais cette année. Elle est restée gravée dans sa mémoire. Elle s’est retrouvée, depuis cette date, face à une épreuve qui a bouleversé sa vie, qui redéfinit tout. Elle a été diagnostiquée d’un cancer du sein. Une annonce qui sonne comme une onde de choc. « J’étais loin de penser que ce ganglion était une métastase d’un cancer. Je pensais consulter des poils retournés », explique-t-elle, la voix triste. À l’annonce de la triste nouvelle par son médecin traitant en France (Tour), la terre se déroba sous ses pieds. Sa surprise était grande. Son choc était indescriptible. Grande sportive, athlète ayant participé à plusieurs compétitions nationales et internationales, elle n’a jamais cru qu’elle pouvait un jour avoir le cancer. Parce que, précise-t-elle : « en plus de la pratique du sport, je ne faisais rien de ce qui attire cette maladie chez une personne. Je ne prenais aucun excitant. Je ne fumais pas, je ne buvais pas ». C’est pourquoi elle avait du mal à accepter cette maladie. C’est la descente aux enfers. Ses premières nuits furent difficiles. Elles étaient rythmées par des pleurs. La douleur physique et morale se mêle à l’isolement.
Le soutien déterminant du mari
« J’étais toute seule, loin de ma famille. Je marchais parfois dans les rues de ‘Tour’, sans une destination fixe. Je passais tout mon temps à pleurer, disant qu’on ne guérit jamais de cette maladie », se souvient-elle, assaillie par la tristesse. Mais quelques mois plus tard, elle reprend de l’espoir. Après une chimiothérapie qui laisse des traces visibles, notamment la perte des cheveux et la métamorphose de son apparence, elle fait la connaissance de celui qui deviendra son pilier : son mari. La présence de ce dernier à ses côtés lui donne de la force. « Quand je le rencontrais, j’avais perdu ma beauté naturelle. Je n’étais plus celle que j’étais, mais il m’a accepté tel que je suis », reconnaît-elle. Cette alchimie personnelle devient aussi une énergie collective et, ensemble, ils traversent les épreuves et trouvent le courage de se battre pour les autres.
C’est dans cet esprit que naît l’association « Diama », mise en place pour sensibiliser contre cette maladie qui fait des ravages chez les femmes. Pour elle, à part le mois d’octobre, on ne parlait pas beaucoup de cette maladie au Sénégal. Elle donne son propre cas pour expliquer ce manque de communication autour de cette maladie dans les foyers. « Je suis une fille d’enseignant. Mon père a été directeur d’école. J’ai été à ses côtés pendant toute ma jeunesse. Mais jamais, je ne connaissais pas le nom du cancer. C’est comme si les gens avaient peur d’évoquer le nom de cette maladie. La communication sur cette maladie manque ; on devrait de plus en plus parler de cette maladie du cancer. C’est ce qui m’a poussé à mettre sur pied cette association parce que je ne veux pas que ce que je suis en train de traverser que d’autres le traversent », dit-elle. Avec le soutien de son époux qui évolue dans le secteur de l’audiovisuel, elle décide de raconter son histoire à travers une série. Laquelle, selon elle, avait réuni des articles particulièrement sensibles à cette maladie. Le projet, mené sur plusieurs épisodes, s’est donné pour ambition de montrer le quotidien des personnes malades, l’accompagnement indispensable des proches et les méthodes pour faire face à la maladie. Elle confie : « j’avais dépensé toutes mes économies dans la réalisation. La série avait déjà commencé à rencontrer un large écho et le succès semblait au rendez-vous ». Mais regrette-t-elle : « en raison de moyens financiers insuffisants, j’ai dû interrompre le projet. En plus, la diffusion, assurée par 2Stv, a été suspendue à un moment donné ».
Cependant, outre cette série Ndella Ndong et son association font d’autres activités pour apporter aide et soutien aux personnes malades. Au mois d’octobre dernier, ils ont organisé une journée de dépistage à Kolda qui a permis à 350 femmes d’être dépistées. Par ailleurs, 534 enfants âgés de 9 à 14 ans ont reçu des vaccinations, et 62 femmes ont bénéficié d’un accompagnement pour la planification familiale. « J’ai conçu et coordonné l’ensemble de cette initiative de manière autonome, avec mes propres moyens. Mon objectif a toujours été d’aider ceux qui en ont le plus besoin, et c’est une source de satisfaction personnelle de voir les bénéficiaires reprendre espoir et confiance grâce à ces actions », souligne-t-elle avec fierté. Selon elle, l’engagement qu’elle porte au quotidien va au-delà de l’événement ponctuel. Elle dit investir pour faire plaisir et soulager ceux qui souffrent. « J’éprouve du plaisir à apporter mon aide, même lorsque cela implique des sacrifices personnels. Je les aide à comprendre dans l’achat de leurs ordonnances et à suivre leurs traitements », renseigne-t-elle. Aujourd’hui, le vœu de Ndella est qu’elle soit reconnue comme ambassadrice de la lutte contre le cancer du sein.
Par Aliou DIOUF

