Puis-je vous confier un secret ? Ça commence toujours ainsi. Nous avons entièrement confiance en quelqu’un, un homme, une femme, qui peut être un parent, un ami, un collègue, pour lui faire une confidence. Puis, un beau jour, nous retrouvons toute notre vie étalée sur la place publique, au su et au vu de tous. Ces gens, pourtant censés être comme des tombes, oublient malheureusement que le secret permet de faire la différence entre vie privée que l’on partage avec certains parents et proches, et la vie publique que l’on partage avec tous. Un proverbe français dit : « secret de deux, secret de Dieu ; secret de trois, secret de tous ».
Un adage qui a son pendant chez nous. Garder un secret est un signe de confiance, élément clé dans toute relation, et nous devons nous sentir honorés lorsque quelqu’un nous fait suffisamment confiance pour nous révéler des choses qu’il n’a dites à personne. Cependant, le secret qui nous est confié peut parfois être un véritable fardeau ; parce que si certains sont anodins, d’autres sont trop lourds à porter parce que pouvant détruire des liens sociaux une fois trahis. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où il est très difficile d’établir une frontière entre vie personnelle et vie professionnelle ; un monde dans lequel les gens aiment colporter des ragots.
C’est pour cette raison qu’il ne faut guère s’étonner de voir certains secrets se retrouver sur la place publique ; tout simplement parce que certains ont des problèmes pour museler leur langue. À peine ont-ils reçu une confidence qu’elle leur brûle les lèvres. Ils jurent leurs grands dieux de le garder jusqu’à la mort, mais c’est plus fort qu’eux. Un ami nous confie ses secrets, ses déboires et misères et nous ne trouvons rien de mieux que de nous précipiter à la minute qui suit sur notre téléphone pour en parler à tout le quartier, à toute la ville, à l’exposer sur les réseaux sociaux où les informations circulent à la vitesse de l’éclair. Parfois, nous succombons à la tentation au hasard d’une conversation et crachons l’information que nous devions garder jalousement, jusqu’à la tombe.
Pauvre confiance ! C’est triste à dire, mais confier un secret à quelqu’un qui ne sait pas tenir sa langue peut parfois s’avérer pire qu’aiguiser un couteau et de le remettre à notre pire ennemi. Parce que lorsqu’il est révélé, les conséquences peuvent être dévastatrices et engendrer des dommages pouvant nuire à des relations, tant personnelles que professionnelles. Souvent, cette trahison est la source de réputations brisées et d’amitiés détruites. Dans le monde d’aujourd’hui, garder un secret est un exercice complexe, qui ne réussit pas à tout le monde. Parce que les gens ne savent pas tenir leur langue. Une fois que l’information est lâchée, il est impossible de faire machine arrière.
Garder un secret est l’une des vertus les plus appréciées chez les gens qui nous entourent et qui en sont capables. Gabriel Garcia Marquez ne disait-il pas que « la vertu principale d’un homme, c’est de savoir garder un secret » ? Malheureusement, beaucoup de gens en qui nous faisons aveuglément confiance n’y arrivent pas parce que la plupart du temps obnubilés par l’idée de divulguer toutes les informations à leur portée uniquement pour paraître importants ou intéressants auprès des autres. Savoir garder un secret est une qualité indispensable pour rester un bon confident. C’est pourquoi nous devons apprendre à respecter la confidentialité, surtout quand nous avons donné notre parole ; ce qui permettra au secret de rester bien gardé. Il est tout aussi primordial de cultiver la discrétion, pierre angulaire des relations saines, car elle permet de protéger la vie privée de l’autre et de préserver la confiance établie. Certains psychologues ont démontré que garder une information cachée est un calvaire pour notre cerveau. Ils n’ont pas tout à fait tort.
Parce qu’on a l’impression que même la vie n’aime pas les secrets. Quand on est dépositaire d’une information confidentielle, il faut toujours, avant de la partager, mesurer les conséquences de ce partage. Mais entre bâillonner sa conscience ou trahir, beaucoup choisiront la deuxième option. Dans ce cas, mieux vaut garder sa vie privée pour soi-même pour éviter de mourir de regrets et de remords.
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