Des hommes qui poussent d’autres à revoir leurs comportements vis-à-vis de leurs épouses et à cultiver la bienveillance. C’est ce à quoi s’attellent les membres de l’École des maris modèles du Sénégal depuis 2018. El Hadji Malick Sarr est coach au sein de cette organisation, qui regroupe des antennes à l’échelle nationale. Ils sont quinze dans la banlieue dakaroise, plus précisément à Pikine. Ils s’évertuent à modifier la donne consistant à laisser les femmes endosser de lourdes charges pendant que les hommes se la coulent douce sous un manguier ou dans un douillet canapé. L’École des maris modèles estime que les réalités doivent être autres en ce XXIᵉ siècle. Ils initient les hommes aux travaux domestiques, organisent des sessions sur la santé néonatale, la santé sexuelle, et se dressent en rempart contre les violences dont les femmes sont victimes. « Nous ne comprenons pas pourquoi on doit nous enseigner la façon dont nous devons préserver nos rapports sociaux à cette époque. Cela devrait être spontané. L’islam établit un équilibre à respecter. Ce n’est pas fortuit si un célèbre Américain se réjouissait d’avoir connu l’islam avant les musulmans. Il faut revoir l’éducation à la base », explique M. Sarr. Il renseigne, dans ce sillage, que l’École des maris de Pikine, mise en place dans le cadre du projet Show porté par Plan International et financé par Affaires mondiales Canada, incite les hommes à plus de bienveillance à l’égard de leurs épouses et enfants. Parallèlement à cela, ils participent à l’amélioration de la santé maternelle, néonatale et infantile, ainsi que de la santé reproductive, en y impliquant activement les hommes. « On s’est rendu compte, avec l’expérience, que la plupart des Sénégalais agissent avec maladresse par méconnaissance. Ceux qu’on a réussi à enrôler tiennent tous le même discours : ils évoquent leur ignorance. Ils ont été formatés dans un esprit de domination de la femme, considérée presque comme une esclave au service exclusif du mari. Nous développons la masculinité positive et formons des relais pour contribuer à un changement d’attitudes. Nous essayons de sensibiliser au maximum nos pères », fait-il savoir.
Matel BOCOUM
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