Organisée à la Maison de l’Unesco à Paris, les 17 et 18 juillet 2025, la Conférence internationale Cheikh Ahmadou Bamba (Cincab) a été l’occasion pour les organisateurs de passer en revue plusieurs sous-thèmes, dont « Rôle et importance de l’éducation de la femme mouride tels qu’enseignés par le fondateur du mouridisme ».
La Conférence internationale Cheikh Ahmadou Bamba a réuni des personnalités religieuses, politiques, diplomatiques et académiques venues des quatre coins du monde. Elle a été organisée à la Maison de l’Unesco à Paris. Pendant deux jours (17-18 juillet 2025), les participants ont exploré les voies et moyens de revitaliser les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba pour en faire des leviers de développement. Plusieurs sous-thèmes ont été développés pendant cette rencontre. Traitant du thème : « Rôle et importance de l’éducation de la femme mouride », Sokhna Maï Mbacké Djamil a d’emblée salué l’importance que les organisateurs accordent à la femme. « Dans un monde où la parole de la femme reste marginalisée dans un cercle du savoir, il est précieux de voir des femmes porter leurs voix dans les tribunes internationales », a déclaré la conférencière. Poursuivant son développement, Mme Mbacké qui est par ailleurs directrice de « Yiw consulting », un cabinet de conseil, a rappelé que toute jeune déjà, elle fréquentait le « daara » de Taverny à Paris où elle a reçu sa première dose de « tarbiyya » (éducation religieuse). Rappelant la place des femmes au sein de la société, Mme Mbacké estime qu’il est temps de déconstruire les mauvaises appréhensions. À l’en croire, la société les relègue aux marges du récit historique, alors qu’il conviendrait d’opérer une reconfiguration épistémologique en les reconsidérant comme sujets actifs de la transmission spirituelle de l’éducation communautaire. D’où l’intérêt du thème qui traite spécifiquement de la femme mouride. « Parler des femmes, surtout des femmes mourides, c’est répondre à une exigence de clarification conceptuelle, mais aussi à une urgence d’archivage et de reconnaissance », a-t-elle déclaré.
Imprégnée d’un héritage, d’une pédagogie et d’une discipline, la femme mouride, selon la conférencière, est celle qui incarne une alternative spirituelle à la modernité désenchantée, une femme enracinée dans la verticalité de la foi, mais tendue vers l’universalité des valeurs humaines. C’est pourquoi Cheikhoul Khadim a fait de l’éducation des femmes « une urgence spirituelle et civilisationnelle ». Selon la conférencière, le fondateur du mouridisme a toujours dénoncé les « préjugés genrés » et lutté contre les discriminations éducatives. Pour Sokhna Maï Mbacké Djamil, le saint homme pense que l’éducation n’est pas une faveur accordée aux garçons, mais un devoir d’humanité partagée. Convoquant la place de la femme dans l’Islam authentique, elle a fait savoir que celle-ci n’est ni effacée encore moins périphérique. « La femme est dépositaire de savoirs, mère de la transmission, gardienne de l’âme du foyer, actrice de paix et vectrice de la transformation sociale », a-t-elle rappelé. Aujourd’hui, malgré le taux d’alphabétisation historiquement faible, le legs éducatif des femmes pionnières (Sokhna Anta Ndiaye, Sokhna Isseu Dièye Diop, Sokhna Faty Isseu Mbacké) trouve un prolongement vibrant auprès des filles à Touba. « Il ne peut avoir une éducation sans la femme », a-t-elle conclu.
Par Tata SANÉ