Au-delà de leur fonction mémorielle et sociale, les cimetières jouent un rôle insoupçonné, dans la production de données statistiques. C’est ce qu’a expliqué Cheikh Oumar El Foutiyou Bâ, directeur des Services techniques de la Ville Dakar, lors d’entretien avec le Soleil. Il a insisté sur l’importance des lieux de sépulture pour les institutions comme l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). «Les cimetières constituent un creuset en termes de gestion des données, pour ce qui concerne les statistiques». À Dakar, une veille régulière est assurée avec l’état civil : «Tous les trois mois, on fait le recensement des défunts qui sont enterrés, par catégorie et par sexe». Les statistiques sont précises : enfants, mort-nés, inconnus… Tous les cas sont documentés. «Cela peut susciter un réel intérêt pour les chercheurs, les médecins, les scientifiques», a assuré Cheikh Oumar El Foutiyou Bâ. L’utilité de ces données n’est pas théorique : elles ont déjà servi dans des contextes critiques, comme celui de la pandémie de Covid-19. «Lors de cette période, le nombre de décès enregistrés dans nos cimetières a fourni une information statistique précieuse», explique M. Bâ. Ces chiffres, transmis à l’Ansd, peuvent permettre des analyses de fond, sur l’évolution sanitaire, la mortalité, ou les dynamiques sociales, liées à la santé publique. Pour les responsables municipaux, ces archives funéraires permettent ainsi de mieux comprendre certaines tendances démographiques. «Ce travail discret, mais rigoureux, peut réellement contribuer à des études sérieuses, utiles pour la prise de décisions dans plusieurs secteurs», fait savoir le directeur des Services techniques de la Ville de Dakar.
Daouda DIOUF