Le mariage reste encore dans toutes les sociétés humaines un événement très important de la vie. Malgré les soubresauts découlant de profondes mutations sociales, sa sacralité est rarement remise en cause à l’échelle internationale.
Il demeure cette règle sociale bien respectée dans le monde. Il constitue cette étape charnière de la vie d’un humain qui emplit tout le monde de bonheur lors de sa célébration. On nourrit l’espoir d’entrer dans une période lumineuse. On danse sans se faire à l’idée que cette danse ne se fera pas de façon continue. Le mariage est à l’image de la vie, il oscille et repose sur des hauts et de bas.
Des visages rayonnants peuvent se transformer quelques semaines plus tard, voire quelques mois ou années en des visages crispés. Le mariage crée des destins croisés ou séparés au gré des intempéries qui sont souvent au tournant. Dans nos sociétés africaines, il est conseillé aux femmes de faire un don de soi pour préserver ces liens du mariage. La réussite du mariage est entre leurs mains, de même que l’équilibre de la famille. Aux femmes, on insuffle des valeurs de patience, de résilience et de résignation, aux hommes on délègue la hiérarchie et le pouvoir de décider de tout. Ces règles établies pour asseoir un équilibre social présentent aussi leur revers. Dans des sociétés enracinées dans des valeurs patriarcales, des hommes versent facilement dans l’abus de pouvoir.
Ils s’arrogent souvent le droit de retracer la trajectoire de leur épouse, tiraillée entre un désir de mener une brillante carrière professionnelle et de réussir leur vie de couple, mais aussi de se conformer aux attentes de la communauté. Lors de la célébration de la journée de la femme, le 8 mars dernier, des militants de la cause féminine ont pris l’option de mettre le curseur sur cette réalité. Elles ont jugé nécessaire de révéler le désenchantement d’une multitude de femmes, victimes d’une forte pression sociale, laquelle a fini par impacter leur carrière et accroître leur vulnérabilité.
Elles ratent souvent le train conduisant au succès professionnel. Leur bel élan est réduit à néant. La pression de la belle famille, du mari ou les maternités répétitives ont fini les castrer, pour reprendre l’expression d’une écrivaine australienne, qui est d’avis que le mariage dévitalise la femme et que celle-ci perd sa féminité au contact de l’homme. S’il est avéré que tous les couples traversent des moments de fragilité, des femmes ne veulent plus que le mariage constitue un frein à leur parcours académique et professionnel.
Elles savent faire montre d’une capacité de résilience, elles savent rester fortes et dignes devant l’épreuve, mais elles ont décidé de se battre pour que les futures générations ne soient pas confrontées à ce genre d’obstacles. Une raison parmi d’autres qui motive la proposition de relèvement de l’âge légal du mariage de 16 ans à 18 ans. Il est ainsi question d’offrir à la gent féminine la possibilité de connaître une belle croissance personnelle et professionnelle, ce dans l’intérêt de toute une communauté. D’ailleurs, certaines ont réussi à montrer l’exemple.
Elles ont pu déconstruire des mentalités. Elles supportent les orages et les tempêtes qui pèsent sur la vie à deux. Elles essaient tant bien que mal de s’approprier les leçons de sagesse des aînées en restant cette femme forte et indépendante.
Elles accordent un intérêt soutenu à la famille, pilier de la société. Mais elles rêvent que le mariage puisse élargir l’horizon professionnel des dames, actrices incontournables du développement. Certaines ont eu la chance de prendre des hauteurs plus élevées et de connaître une belle promotion sociale grâce à un appui de leur époux, un partenaire à vie. Elles ont su combiner vie familiale et professionnelle, gravir des échelons et marqué leur empreinte dans leur secteur d’activités. Si des hommes sont encore jaloux de leur statut privilégié, elles se battent, à l’heure actuelle, pour que les jeunes filles ne soient plus confinées dans des rôles d’éducation et d’enfantement capables qu’elles sont de conduire des changements majeurs. Faudrait juste que des hommes soient initiés à la bienveillance… matel.bocoum@lesoleil.sn