Alioune Badara Samb, plus connu sous le nom de Pape Samb, est l’administrateur général de SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders), une plateforme ambitieuse dont la mission est de former, recruter et placer les jeunes et les femmes au Sénégal. Mais derrière cette fonction se cache le parcours riche d’expériences associatives et internationales d’un homme engagé pour le développement humain et économique.
La taille d’Alioune Badara Samb impressionne dès les premiers abords. L’homme longiligne à la carrure imposante aurait pu facilement mener sa barque en tant que basketteur au pays de l’Oncle Sam. Cependant ce n’est pas la seule chose impressionnante chez lui. Alioune Badara Samb a été dans les quatre coins du monde avec dans ses bagages une ferme volonté de provoquer le changement. Aider les plus démunis, c’est sa marque de fabrique. Cette signature, le natif de Kaolack l’a eue dès son plus jeune âge. A juste 13 ans, en 1988, il s’engage dans le tissu associatif en fondant l’Association des Frères Unis de Médine, prélude à la création officielle en 1995 de GRADES (Groupe de Réflexions et d’Actions pour le Développement du Sénégal).
À l’origine de GRADES, un constat simple mais puissant : le manque d’opportunités éducatives et de développement pour les femmes et les enfants. « J’ai remarqué qu’à Médine, il n’y avait pas une école française à l’intérieur. Il y avait une école qui est un peu sur la route. Mais les jeunes filles et les garçons ne pouvaient se regrouper pour discuter du développement. Et les mamans, les femmes, surtout, n’avaient pas une opportunité de développement », se souvient-il avec un sourire en coin. C’est ainsi qu’avec sept co-fondateurs, Pape Samb, alors âgé de 18 ans, initie la création d’une garderie d’enfants franco-arabe, un défi audacieux dans un environnement conservateur. « Nous avons eu à organiser la première conférence pour parler du développement et le rôle de la femme dans la communauté islamique », a fait savoir le Kaolackois. Ce projet pionnier, soutenu par l’actuel Khalife Muhammadul Mahi Ibrahim Niasse, a non seulement permis de réconcilier les relations entre les leaders religieux et les autorités locales, mais a également ouvert la voie à une série d’initiatives innovantes.
« GRADES a ainsi développé un centre de couture et de teinture polyvalente pour les femmes, complété par un programme de microcrédit pour soutenir leurs entreprises naissantes », a expliqué l’administrateur général de SENEGEL (Senegalese Next Generation of Leaders. Confronté aux défis linguistiques et commerciaux de ces entrepreneures, Pape Samb et son équipe ne s’arrêtent pas en si bon chemin et mettent en place des programmes d’alphabétisation et de formation en esprit d’entreprise. Cette approche réactive, basée sur les besoins identifiés sur le terrain, a transformé GRADES en une association nationale reconnue, avec des antennes dans plusieurs régions du Sénégal.
Un Parcours international au Service du Développement
L’expertise de Pape Samb en matière de formation et de développement communautaire a rapidement dépassé les frontières de Kaolack. L’entrepreneur social capitalise plus d’une vingtaine d’expériences dans le développement international, la création d’entreprises, les moyens de subsistance des jeunes et des femmes, l’innovation sociale et la construction de mouvements. Il a consacré sa carrière à autonomiser les communautés défavorisées, en particulier dans le Sud.
« J’ai été recruté par le FNPJ (Fonds National de Promotion pour l’Emploi des Jeunes) comme formateur. J’ai également eu à présider Cap Jeunesse, un collectif d’associations pour la promotion de la jeunesse », a fait savoir Pape Samb. C’est ainsi que l’acteur de développement communautaire a pu développer tous ses programmes à partir d’une demande, d’un constat et d’un besoin. Son engagement l’a conduit à collaborer avec des organisations internationales de renom telles que Peace Corps (les corps de la paix) aux Etats-Unis en tant que formateur en développement des petites et moyennes entreprises. D’autres collaborations vont s’ensuivre comme celle avec la Coopération italienne. « J’ai été contacté par ces derniers pour les aider à piloter des programmes de formation et d’accès au crédit pour les personnes en situation de handicap au Sénégal soit plus de 200 000 individus », a-t-il expliqué. En dépit de ces expériences professionnelles, c’est au pays de l’Oncle Sam qu’Alioune Badara Samb va vraiment montrer son savoir-faire dans le domaine du développement communautaire.
L’Excellence académique et le Leadership exécutif
Alioune Badara Samb a également eu à faire équipe avec AFRICARE, une ONG créée par des sénateurs noirs américains. «J’ai été contacté pour les aider à développer des programmes dans 26 pays africains. Donc c’est comme ça que je suis parti aux États-Unis où j’ai pu faire des études au niveau de l’American University », a fait savoir M. Samb. Malgré son départ du pays de la Teranga, Pape Samb a toujours su garder des rapports forts avec son pays natal.
Fils d’un Sénégalais et d’une Gambienne, Alioune Badara Samb a fait de sa diversité culturelle une véritable force. Au pays de l’Oncle Sam où il a obtenu son Master en Leadership exécutif sur l’Administration publique, il a continué à œuvrer pour les couches les plus vulnérables à travers le monde. Son excellence académique lui a valu d’être recruté comme professeur, où il a développé des programmes tels que le « Global Share Value Leadership ».« J’ai été copté pour des projets sur l’entrepreneuriat social, l’innovation pour les réfugiés, pour les immigrés, pour les jeunes », explique-t-il. Une mission qui a permis à ce citoyen du monde d’être plus proche des populations.
L’expertise de l’entrepreneur social a été sollicitée par de nombreuses institutions internationales telles que le Columbia Business School où il a servi en tant que facilitateur pour la création d’entreprises ou encore la Fondation Phelps Stokes. « C’est l’une des plus anciennes ONG des États-Unis, œuvrant pour l’éducation et le développement humain des descendants africains », informe-t-il. Il y a gravi les échelons pour devenir le premier président noir non-américain de cette fondation.

Réseau mondial des innovateurs et retour aux sources
Pape Samb lance par la suite le Global Youth Innovation Network (GYIN), un réseau qui s’est développé dans plus de 88 pays en moins de trois ans. « Nous avons même eu la chance d’organiser au Sénégal en 2016 le Yalesi (Youth agrobusiness leadership summit and innovation) rassemblant des milliers de jeunes et de partenaires du monde entier », a fait savoir M.Samb. Pendant trois jours, plus de 250 jeunes venus de 100 pays ont été en conclave à Dakar pour réfléchir sur les voies et moyens à entreprendre dans le domaine agricole.
En 2016, Pape Samb rejoint Ashoka, le plus grand réseau d’innovateurs sociaux au monde, en tant que Vice-Président et Directeur exécutif d’Ashoka Afrique, couvrant l’ensemble du continent. Après huit années d’intenses activités et une prise de conscience profonde suite à la perte de sa mère, il a pris la décision de revenir définitivement au Sénégal en janvier 2024.
SENEGEL, la nouvelle génération de leaders sénégalais
Fort de son expérience cumulée, Alioune Badara Samb se consacre désormais pleinement à SENEGEL. L’idée de cette plateforme est née en 2010 d’un constat : la difficulté d’accéder à des informations structurées sur le leadership et les opportunités au Sénégal. SENEGEL vise à combler ce vide en créant une base de données complète, offrant une visibilité aux leaders, aux experts, aux jeunes, aux organisations et aux opportunités.
« L’objectif ambitieux de SENEGEL est de créer 50 000 emplois en trois ans dans les 46 départements du Sénégal », renseigne l’entrepreneur social. La stratégie repose sur un partenariat avec des acteurs locaux, partageant trois valeurs telles que la transparence avec une ferme volonté de partager l’information de manière proactive pour éclairer les décisions, la compétence avec un engagement constant envers l’apprentissage et le développement des compétences, essentielles dans un monde en mutation rapide et la citoyenneté avec une contribution désintéressée à la communauté, sans attente de retour.
Pape Samb, à travers SENEGEL, incarne une vision du développement ancrée dans l’autonomisation locale, l’innovation et la promotion d’un leadership éclairé. Son parcours illustre la puissance de l’engagement individuel au service du bien collectif, et sa détermination à construire un avenir prospère pour les jeunes et les femmes du Sénégal.
Arame NDIAYE