L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) vient de lancer des cellules locales de veille et d’alerte à Ziguinchor. Une démarche de proximité saluée par les acteurs territoriaux, censée enrayer ce fléau qui entrave le développement économique local.
ZIGUINCHOR – L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a organisé, hier, à Ziguinchor, une session de suivi des recommandations issues des Journées départementales de prévention tenues entre le 26 avril et le 03 mai 2024. Objectif de cette rencontre : ancrer la lutte contre la corruption à la base, avec l’appui des communautés elles-mêmes. La région de Ziguinchor est depuis longtemps pointée du doigt comme un des foyers sensibles à la corruption au Sénégal. Dans une salle réunissant élus territoriaux, autorités administratives, membres de la société civile et représentants des forces de défense et de sécurité, le chef du département Prévention de l’Ofnac, François Ndiaye a officialisé l’installation des cellules locales de veille et d’alerte. Ces comités seront chargés d’identifier, de signaler et de prévenir les pratiques frauduleuses dans tous les secteurs clés de la vie locale. «Le chemin d’une société intègre ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas avec les communautés. La lutte contre la corruption doit être un combat commun», a martelé M. Ndiaye, appelant à l’engagement de tous. Dans sa note conceptuelle transmise à la presse, l’Ofnac dresse un constat alarmant : la région de Ziguinchor «demeure vulnérable aux phénomènes de la fraude et de la corruption qui impactent négativement son essor économique».
Un fléau systémique et enraciné
Une étude menée en 2016 sur le coût et la perception de la corruption au Sénégal révélait que 56,2% des tentatives de corruption dans le grand public de Ziguinchor y réussissaient.
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Parmi les secteurs les plus touchés, la coupe illicite de bois occupe une place de choix. Selon l’Ofnac, ce trafic transfrontalier, notamment entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, implique souvent des agents des Eaux et forêts, des élus ou des opérateurs économiques. Le rapport dénonce la «perception illégale de sommes d’argent par des agents de contrôle, contribuant à la persistance du phénomène». De son côté, l’adjoint au gouverneur chargé du Développement, Alsény Bangoura a salué cette approche de proximité, en phase avec les ambitions nationales.
À travers la mise en place des cellules locales, la stratégie de l’Ofnac se veut participative. En impliquant directement les populations locales dans les mécanismes de signalement et de sensibilisation, l’objectif est d’assainir progressivement les pratiques administratives, économiques et sociales. En attendant la généralisation du dispositif dans toutes les communes, les premières cellules seront installées dans les zones les plus à risque identifiées lors des précédentes campagnes de sensibilisation. L’initiative ouvre une nouvelle ère dans la gouvernance locale, où chaque citoyen est appelé à devenir acteur de l’intégrité.
Gaustin DIATTA (Correspondant)