Appelé avant « Mbey », le terme Saloum aurait pris sens après une rencontre entre le Bour Saloum Latmingué Dieulène Ndiaye et le marabout Saloum Souaré. D’après le chef coutumier du Ndoucoumane, Mor Ndao Seune, le terme Saloum est tiré du nom de Saloum Souaré, un marabout musulman mandingue venu du Mali de passage à Kaffrine mais qui ne comptait pas rester longtemps. Saloum Souaré et ses disciples, Albinelo, Al Fakha Diané et Youwaka Thial sont aussi les premiers à découvrir Kaffrine, précise la même source. À la recherche d’eau, les hommes tombent sur un petit marigot (site qui se situe aujourd’hui dans le quartier des Hlm de Kaffrine). Épuisés, ils auraient prononcé la phrase « I Kafiry Dian », qui veut dire: « Étalez les peaux ici pour se reposer. » Le nom de Kaffrine aurait pris sa source de là). Waly Thiobane, un notable à Kaffrine, pour sa part, indique que le nom de Kaffrine (« Massouboula kafiry »), qui signifie « je ne mange pas le gibier des infidèles », lui a été donné par le même marabout, du fait de leur refus d’embrasser surtout la religion musulmane. En effet, explique-t-il, deux chasseurs (Ngor Diba qui a créé le village de Ngodiba et Ngor Loum) seraient venus trouver le marabout Souaré pour lui remettre du gibier. Il leur fera savoir qu’il ne pouvait pas manger ce que des ceddos, « des infidèles qui ne croient pas en Dieu », voulaient lui donner. Cette déformation linguistique aurait donné le nom de la région.
Une autre version fournie par Mor Ndao Seun serait que le marabout Souaré aurait trouvé sur place un vieux sérère qui tenait un troupeau, du nom de Ngor Dibor. C’est Saloum Souaré, qui aurait envoyé des messagers chez Ngor Dibor pour acheter du lait. Son disciple Al Fakha Diané tomba alors, amoureux d’une des nièces de Ngor Dibor, qui aurait eu une fille du nom de Bodé Diané, homonyme de sa sœur restée au Mali. Ce qui explique que beaucoup de personnes dans les familles Diané donnent le nom Bodé à leur fille. De même, le terme Ndoucoumane proviendrait, d’après Waly Thiobane, de « Dougou meun (celui qui maîtrise tout ce qu’il entreprend). Posant une réflexion, l’historien Mamadou Gaye pense que « la plupart des noms mandingues se terminent par ndougou, comme Kédougou. Est-ce qu’on ne pourrait pas chercher l’explication là-bas? », se demande Mamadou Gaye, ancien professeur d’histoire et de géographie. Alors que certains, comme Mor Ndao Seune, déclarent que le terme proviendrait du sérère « Ndok Fa Mac », qui veut dire « la grandeur du roi ». Par ailleurs, dans la même veine, Saloum Souaré serait allé ensuite trouver le Bët Saloum Latmingué Dieulène Ndiaye à Kahone, qui lui a demandé de prier pour lui. Le marabout lui aurait confié une vision et aurait conseillé au roi provoquer un feu de brousse « Lakk Daay » et lui fera savoir que c’est là où cela s’arrêterait, qui indiquera la limite du pays. C’est ainsi que, d’après Mor Ndao Seun, « le Saloum commence à partir de Ndiognick (Djilor), depuis les îles du Saloum jusqu’à Paffa, dans le département de Malem Hodar. Comme récompense, Saloum Souaré demande au roi du Saloum Latmingué Dieulène Ndiaye de donner son nom au royaume, qui sera signe de richesse et d’abondance dans la région. Durant cette période, fait-il savoir, le Bour Saloum commandait le Beleup du Ndoucoumane, le Boumi Kaymor, le Bour Ndiognik (Djilor), le Bour Beut Ngagne vers Colobane (Gossas), le Bour Ndiéffé Ndiéffé (Sokone), etc.
Par Marième Fatou DRAMÉ