L’édition 2025 du Magal de Darou Moukhty a eu lieu le vendredi 14 février 2024. Baïty, ce lieu sacré de la deuxième capitale du mouridisme, a vu affluer de nombreux fidèles venus célébrer la rencontre mémorable entre Mame Thierno Ibra Faty et son frère Cheikh Ahmadou Bamba, suite au retour de ce dernier de son exil en 1902.
C’est un lieu de grande importance pour les fidèles qui participent au Magal de Darou Moukhty. Baïty était l’un des domiciles de Mame Thierno Ibra Faty. Selon Abdou Khoudoss Samb, l’un des concierges, cet endroit servait de refuge spirituel pour Borome Darou jusqu’à la déportation de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon en 1895.
Dans ce lieu, notre interlocuteur a expliqué que Mame Thierno avait aménagé une chambre dédiée à la lecture du Saint Coran, une pratique qu’il observait deux fois par jour durant tout le voyage du Cheikh. C’est ici que repose aujourd’hui Serigne Moustapha Absa Mbacké, petit-fils de Mame Thierno Ibrahim. Par ailleurs, Abdou Khoudoss Samb a souligné que cette tradition de lecture du Saint Coran, effectuée deux fois chaque jour, est toujours honorée.
De plus, il est important de souligner que c’est dans cet espace que Borome Darou a rendu son dernier souffle en 1942. Il y a été inhumé, tout comme ses fils rappelés auprès de Dieu. En plus de Mame Thierno et de ses enfants, deux de ses petits-fils ainsi qu’un frère de sa mère reposent également au cimetière de Baïty.
Ainsi, cet endroit revêt une importance particulière pour les talibés de Mame Thierno Ibra Faty. En témoignent l’affluence considérable observée lors du Magal de Darou Moukhty. Cette année encore, le même constat se fait ressentir.
Hommes et femmes se sont rassemblés pour rendre hommage à Mame Thierno et à ses fils reposant à Baïty. Saliou Djigueul, un résident de Madina Fall, dans la région de Kaffrine, participe pour la première fois à la célébration de la retrouvaille entre Serigne Touba et Mame Thierno Ibra Faty. C’est avec une grande joie qu’il se présente au mausolée pour prier. « C’est un lieu sacré, car de vénérables hommes y reposent », confie-t-il tout en adressant ses prières à Serigne Bassirou Anta Niang, le défunt khalife de Borome Darou.
Chaussures à la main et une partie du visage dissimulée par un masque, Ndeye Fall porte des lunettes. Originaire de Touba Darou Marnane, elle avoue s’être accoutumée à assister à cet événement religieux. Chaque année, confie-t-elle, « je viens faire mon ziar à Baïty ». Elle a eu l’occasion de visiter le mausolée de Mame Thierno ainsi que ceux de ses fils qui y reposent. « J’ai prié pour la paix, tant pour moi que pour ma famille et pour tous les musulmans », raconte-t-elle, en ajoutant que Borome Darou fut un fidèle frère et ami du fondateur du mouridisme.
Vêtu d’un boubou jaune, Abdou Khadre Ndiaye vient de Touba Ndame. Il a suivi des études en sciences religieuses auprès de Serigne Abdou Rahmane Mbacké Ibn Serigne Abdou Khoudoss, fils de Borome Darou. Depuis 2009, il participe avec ferveur à la célébration de cet événement. « Mame Thierno est celui que le Cheikh avait confié à ses enfants », souligne-t-il, tout en précisant qu’il a été un fidèle compagnon de Cheikh Ahmadou Bamba. Pour cette raison, il est devenu une figure emblématique pour tous les fidèles mourides.
Gora Ndiaye, qui est au troisième âge, vient tout juste de quitter le mausolée de Serigne Bassirou Anta Niang. Il est originaire de Baba Garage. Dans ses propos, il exprime sa gratitude envers Mame Thierno Ibra Faty en soulignant : « Chaque année, nous recevons les grâces du Seigneur. » Il précise également que Serigne Bassirou Anta Niang était un véritable homme de Dieu. Par ailleurs, M. Ndiaye rappelle que Baïty revêtait une grande importance pour Mame Thierno Birahim.
Birane Diop (correspondant)