Guidé par un instinct environnementaliste, Makhtar Fall, connu sous le nom de Baye Fall numéro 4, consacre son expérience au service de Cheikh Ahmadou Bamba. Chaque jour, il nettoie la grande mosquée et embellit l’axe qui relie Touba à Mbacké.
Les usagers de la route Touba-Mbacké, notamment durant la nuit, ne peuvent ignorer sa présence. Vêtu d’un patchwork, Makhtar Fall se tient fréquemment entre les deux voies, truelle ou pinceau à la main, en train d’embellir le cadre de vie. Originaire du quartier Cheikh Ibra Fall à Diourbel, il a commencé ses actions en s’occupant du nettoyage de la grande mosquée de Touba sous le califat de Serigne Saliou Mbacké, cinquième Khalife général des Mourides. Au départ, Makhtar Fall s’est installé à Touba pour des raisons professionnelles.
Réparateur de téléphones, il exerçait également comme électricien de bâtiment. Cependant, depuis quelque temps, ses activités se limitent à entretenir la grande mosquée et à embellir l’avenue reliant Touba à Mbacké. Pour justifier ses actions, il rappelle que toutes les belles villes du monde sont le fruit de l’engagement de ses habitants. Makhtar Fall a pour objectif de faire de chaque coin de la cité religieuse de Touba, « un endroit propre où il sera possible de prier ».
Surnommé Baye Fall numéro 4, il explique que ce nom fait référence au numéro de chambre où Cheikh Ahmadou Bamba a été retenu à Saint-Louis, lorsqu’il a été convoqué par le gouverneur général avant sa déportation. Makhtar Fall a entrepris de nettoyer la grande mosquée de Touba en ramassant les sachets plastiques et autres déchets. « Le mausolée de Serigne Touba reçoit chaque jour des visiteurs. Par conséquent, des déchets s’accumulent inévitablement », expliquet-il.S’inspirant de certaines villes à travers le monde, il aspire à embellir le grand axe routier reliant Touba à Mbacké.
Makhtar Fall a commencé des travaux de peinture sur les deux voies. « C’est une route principale, empruntée par tous les visiteurs de Touba », déclare-t-il. L’homme ajoute avec conviction : « le nom de Touba est mentionné dans les quatre coins du globe ; il est donc inacceptable que cette voie principale soit envahie par les déchets ». Sous la lumière tamisée de l’éclairage public, Makhtar Fall s’affaire sur la route, ses deux cônes de signalisation posés devant lui. Muni d’une brouette et d’un petit seau de peinture, il travaille la nuit, expliquant que c’est à cette heure que la circulation est moins dense. Ce choix n’est pas sans danger. « Un jour, j’ai été percuté par un bus près de la grande mosquée », raconte-t-il.
Pour éviter les accidents, Makhtar Fall a accroché des signalisations lumineuses à sa brouette et à son boubou. Grâce à cela, il se fait facilement repérer par les véhicules qui croisent son chemin. N’ayant jamais exercé le métier de peintre, il transforme chaque endroit en un espace attrayant. « J’utilise des couleurs vertes et blanches », confie l’homme en faisant allusion à sa foi musulmane.
Ce dévoué Baye Fall, disciple de Serigne Cheikh Ndiguel Fall, bénéficie régulièrement du soutien des automobilistes. Grâce à ces contributions, il parvient à se procurer l’équipement nécessaire à l’exercice de sa besogne. « Contents, certains m’appuient souvent », dit-il, faisant référence à un gérant de quincaillerie situé en bordure de route. Souvent, Makhtar Fall se tourne vers la municipalité pour solliciter son soutien. Une sollicitation qui attend toujours une réponse.
Birane DIOP (Correspondant)