L’architecture est en crise. Parole de pratiquant. Il s’impose alors la nécessité de trouver des solutions. « On ne peut pas faire de l’architecture sans tenir compte de l’harmonisation de la ville. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut savoir comment régler les différents bâtiments pour qu’ils aient une cohérence esthétique.
Sinon, le résultat est ce que l’on observe actuellement au Sénégal : l’incohérence de la ville ». Ces constatations sont de l’architecte Malick Mbow. Elles sont formulées non sans un regret : celui de la perte de prestige de l’architecte dans les projets de construction. « L’architecte commence à vraiment perdre sa place, qui était la plus importante dans un projet de construction ou un ouvrage à réaliser », constate-t-il avec une pointe de regret. Mais Malick Mbow ne dénonce pas pour le simple plaisir de dénoncer. Il demande de l’ordre. « Ce qui doit être fait d’abord, c’est une codification. Il faut déjà savoir qui est architecte, qui ne l’est pas, qui est entrepreneur, qui ne l’est pas. Il y a une classification à établir », souligne-t-il. Selon lui, cela permettrait de sortir du cafouillage qui règne et de replacer l’architecte à sa juste place. De ce cafouillage émergent plusieurs problèmes, parmi lesquels celui des architectes qui s’improvisent entrepreneurs de construction, « alors que la loi l’interdit ».
Et puisque ce mal existe, « ce qu’il faudrait faire, considérant qu’un certain nombre d’architectes se sont lancés dans la construction, c’est de procéder à un assainissement à partir de l’Ordre des architectes », estime Malick Mbow. La solution : « Il faut légaliser tout cela, en créant deux tableaux. Ainsi, on aura les architectes bâtisseurs et les architectes non bâtisseurs, qui restent purement concepteurs. Mais là, il faut quand même poser des principes : dire que ceux qui sont bâtisseurs ne peuvent pas soumissionner lorsqu’il y a des concours ou des appels d’offres destinés aux architectes concepteurs », propose-t-il. Et là, il faut que ce soit bien clair. À partir du moment où cela est bien défini, et qu’il existe deux tableaux d’ordre distinguant un architecte concepteur d’un architecte bâtisseur, on pourra régler cette affaire au sein de l’Ordre.
Moussa SECK