Certains lutteurs ont marqué l’histoire par leurs exploits sportifs, avant de se reconvertir après leur retraite. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » raconte leur vie d’après-carrière. Aujourd’hui : Mar Faye dit Fifty Cent.
Fifty Cent a marqué son époque dans l’arène de la lutte sénégalaise. Inspiré par de grands noms comme Saloum-Saloum ou Tapha Boy Bambara, il passait ses dimanches à se mesurer avec les jeunes de sa génération sur la plage. Parmi eux, le jeune Mar Faye, chétif mais très coriace, se distinguait par sa ténacité et remportait régulièrement ses combats. Très vite, il prend goût à ce sport local, adore les entraînements et affiche déjà une condition physique impressionnante. Ses abdominaux, rappelant ceux du célèbre rappeur américain Fifty Cent, lui valent rapidement son surnom. « C’est ce qui a créé mon surnom de Fifty Cent. J’avais une morphologie semblable à celle du rappeur », raconte-t-il.
Ancien coéquipier du lutteur Gouye Gui, Fifty Cent se fait rapidement remarquer dans les « mbapatt » (tournois de quartier) et enchaîne les exploits. Le 21 juin 2006, il effectue son baptême du feu en lutte avec frappe en dominant Mame Balla de Pikine Mbollo. Il poursuit sur sa lancée en battant Boy Ndour le 22 juillet 2006, puis Wouli Wouliwaat (alors connu sous le nom de Mbaye Diouf 2). Sa première défaite intervient face à Mansour Diop 2 lors de la saison 2007-2008. Avant sa retraite sportive, il totalise 17 combats, dont 10 victoires et 7 défaites. Il a notamment infligé à Sentel de Lansar sa première défaite, alors que ce dernier était invaincu avec 9 victoires. Ses affrontements contre Ciré Séras et Zarco, qu’il terrasse en seulement 43 secondes en 2011, restent gravés dans les mémoires.
Fifty Cent pense très tôt à sa reconversion. Élève jusqu’en classe de Cm2, il abandonne les bancs de l’école à cause de ses difficultés dans les matières littéraires, alors qu’il excelle en calcul et en résolution de problèmes. En 1995-1996, il décide de suivre un ami de son père, Mademba, entrepreneur en bâtiment. Sous sa tutelle, il devient maçon et parvient à transformer sa baraque familiale en une maison solide et confortable. « Aujourd’hui, je ne me plains pas puisque je vis avec ma famille sous un toit que j’ai moi-même construit. Mes revenus de la lutte ne m’auraient jamais permis de réaliser cela », se réjouit-il. Devenu entrepreneur, Fifty Cent emploie entre 15 et 20 ouvriers et s’en sort très bien. Sa notoriété de lutteur lui confère une crédibilité supplémentaire auprès de ses clients.
Par Abdoulaye DEMBÉLÉ