Presque sept années se sont écoulées depuis l’incendie du marché Tilène à Ziguinchor. Ce samedi, les commerçants sinistrés, toujours en souffrance, ont lancé un appel pressant pour la réouverture du marché enfin reconstruit. Ils dénoncent l’attente interminable, la précarité insoutenable et appellent les autorités à poser le dernier acte consistant à remettre les clés d’un lieu qui fut le cœur économique de la commune.
ZIGUINCHOR – Le 11 août 2018 reste gravé comme un jour de ruine pour les commerçants du marché Tilène. Ce jour-là, un violent incendie a réduit en cendres plus de 600 cantines, plongeant plus de 600 familles dans l’incertitude. Depuis, les sinistrés vivent dans l’attente, dans l’espoir, et surtout dans une précarité insoutenable. Sept longues années après, ils sont toujours dans la rue, exposés aux intempéries, privés de leur outil de travail. Réunis ce samedi 11 juillet devant l’esplanade du lieu de commerce, les commerçants sinistrés ont élevé une nouvelle fois la voix. Leur message est clair, direct, douloureux.
Pour eux, le marché est entièrement reconstruit « il doit rouvrir ». Selon le président des commerçants de Tilène, Ousmane Faye, plus connu sous le nom fe Boye Sereer, la réouverture du marché doit être imminente. «Depuis sept ans, nous sommes dehors. Nous vivons sous la pluie, sous le soleil, sans aucun confort. C’est inhumain. L’État avait promis de reconstruire en 7 mois. Aujourd’hui, nous en sommes à la 84e. C’est trop», déplore-t-il. Parmi les plus affectées, les femmes commerçantes. Selon M. Faye, certaines vivent littéralement les pieds dans l’eau. «Elles sont installées dans un ravin. Quand il pleut, l’eau leur monte jusqu’aux genoux. Leurs abris de fortune se sont effondrés avec les dernières pluies. Certaines ne peuvent même plus vendre. Et pourtant, ce sont elles qui nourrissent des familles entières. Il faut avoir pitié de ces femmes fortes, qui n’ont jamais cessé de se battre», martèle Ousmane Faye dit Boy Sereer.
Autrefois deuxième plus grand marché de Ziguinchor, Tilène était le cœur battant du commerce en Casamance. Des clients venaient de toute la région, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, pour s’y approvisionner. Sa destruction a bouleversé l’équilibre commercial local, provoquant l’encombrement des autres marchés et une explosion du commerce ambulant. Pour autant, Ousmane Faye reste reconnaissant envers les nouvelles autorités. «Nous saluons les efforts du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko. C’est sous leur magistère que les travaux ont été relancés et terminés. Mais maintenant, il faut passer à l’acte : la réouverture», poursuit-il, sous les applaudissements de ses camarades. Le président des commerçants a également rendu hommage aux habitants du quartier Tilène qui ont dû vivre pendant sept ans avec les commerçants installés à la va-vite dans leurs rues, devant leurs maisons. «Ils nous ont tolérés, soutenus, malgré les désagréments. Nous leur devons beaucoup», affirme Ousmane Faye.
Mais l’ouverture de Tilène devient une urgence vitale, d’autant que les autres infrastructures commerciales montrent des signes inquiétants de vétusté. «Le marché Saint-Maur de Boucotte est une poudrière. Celui de Banéto aussi. Tant que Tilène n’est pas rouvert, c’est toute la ville qui reste sous pression», alerte-t-il. En guise de conclusion, Ousmane Faye a remercié la municipalité pour la relance du chantier du marché Mariama Diédhiou, avant de l’exhorter à accélérer les travaux. Sept ans après le drame, les commerçants de Tilène ne demandent qu’une seule chose : la réouverture du nouvel édifice marchant afin pouvoir y reprendre leur vie là où elle s’est arrêtée le 11 août 2018.
Gaustin DIATTA (Correspondant)