Vice-présidente de l’Association pour le Développement de Pikine Nord et membre active de la Fédération nationale des personnes handicapées, Mariéta Hann, est également la maman d’une fille atteinte de trisomie 21. Elle incarne la résilience et la détermination. Entre épreuves personnelles et engagement associatif, elle a fait de son handicap une force pour subvenir à ses besoins sans pour autant tendre la main. Elle a inculqué une bonne éducation à son unique fille.
Amputée d’une jambe, Marieta Hann est une femme dont le parcours inspire. Dès l’âge de cinq ans, un grave accident de circulation bouleverse son destin. Elle perd une jambe et apprend, grâce au soutien indéfectible de ses parents, à surmonter les barrières physiques et psychologiques liées au handicap. Sa mère, en particulier, lui transmet la valeur du travail et de l’indépendance, refusant qu’elle soit réduite à tendre la main pour vivre. « J’ai grandi et vécu avec mon handicap durant toute ma jeunesse et j’ai été soutenue par mes parents, particulièrement ma maman qui m’a toujours encouragée et aidée à surmonter les obstacles» confie-t-elle. En effet, après avoir arrêté ses études en classe de Cm2 pour des raisons sociales, Mariéta Hann s’est formée en couture, restauration et techniques agricoles. Cette polyvalence devient une arme pour subvenir à ses besoins et tracer sa voie professionnelle.
Devenue restauratrice, elle assure ses revenus grâce à des commandes de repas et de friandises lors des séminaires. Elle se donne aussi à fond dans l’éducation de sa fille qu’elle tient à initier à l’autonomie financière. « Ma mère ne m’a pas laissé dormir sur mes lauriers. Elle m’a poussée à suivre plusieurs formations dans différents domaines. Chose que je n’ai pas regretté. Elle n’est plus de ce monde et je lui dois une fière chandelle », témoigne Mariéta Hann.
Elle compte également inculquer cette même éducation à son unique fille qui souffre de trisomie 21. Pour Marieta, les obstacles font partie de la vie, et il faut les affronter avec foi, courage et confiance en soi. « Ma vie n’a pas été exempte de blessures profondes », dit-elle. À la perte de ses parents, s’est ajoutée la naissance de sa fille atteinte de trisomie 21, vécue d’abord comme un fardeau supplémentaire. Un projet de mariage qui ne se réalise pas Pourtant, armée de sa foi, elle décide de transformer cette nouvelle épreuve en un combat pour l’éducation, l’autonomie et l’intégration sociale de son enfant.
Elle rejoint « l’Association Enfant Soleil » qui milite pour les droits et le bien-être des enfants porteurs de handicap. Mariéta Hann n’oublie pas les discriminations subies, comme ce projet de mariage avorté à cause de son handicap. Loin de la briser, cet épisode la renforce dans sa conviction que personne n’est à l’abri d’un accident ou d’une maladie invalidante. La vice-présidente de l’Association pour le Développement de Pikine Nord et membre active de la Fédération nationale des personnes handicapées, a fait de sa vie un témoignage vibrant de résilience. Elle a su transformer toutes ces épreuves en moteur d’action, mêlant courage personnel et engagement pour l’inclusion des personnes vulnérables au Sénégal.
En outre, Mariéta Hann déplore les barrières persistantes à l’inclusion au Sénégal notamment les difficultés liées à l’insertion professionnelle, l’accès au financement, l’absence d’outils adaptés pour certains handicaps dans les services de santé et défend une vision inclusive de la société où chacun connaît ses droits et ses devoirs, et où l’on combat les préjugés par la visibilité et la participation active. Active dans le milieu associatif, notamment au sein de « l’Association Enfant Soleil », elle milite également pour que les enfants porteurs de handicap soient intégrés, respectés et considérés. Pour elle, il ne faut jamais cacher un enfant handicapé, ni le stigmatiser «Ne cachez jamais vos enfants handicapés. Mettez-les en contact avec le monde extérieur, donnez-leur confiance et considération pour leur permettre de s’épanouir et de se sentir pleinement légitime au même titre que les autres enfants », conseille-t-elle aux mamans, insistant sur le fait de ne jamais avoir honte de faire sortir leurs enfants porteurs d’handicap.
Donnant l’exemple de sa fille, Mariéta affirme qu’elle ne l’a jamais mise à l’écart ni enfermée, elle sortait toujours avec moi pour faire des courses ou une petite promenade et a toujours été entourée d’affection par les autres membres de ma famille. «Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu car mes effort n’ont pas été vains. Ma fille commence à être autonome en prenant seule ses bains et en m’avisant pour faire ses petits besoins. Elle fréquente également l’école coranique pour une bonne éducation », renseigne-t-elle. L’autonomie et l’inclusion des personnes porteuses d’un handicap, Mariéta en a fait son combat de tous les jours et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Maguette Guèye DIEDHIOU