Mbeubeuss n’est plus seulement une décharge. C’est désormais un chantier d’avenir. Ce jeudi matin, sur les 115 hectares de ce site longtemps considéré comme l’un des symboles les plus frappants de l’urbanisation désordonnée de Dakar, les signes d’une transformation profonde sont visibles. Là où s’accumulaient des montagnes de déchets, estimées à plus de 80 millions de mètres cubes, s’élève aujourd’hui une ambitieuse opération de reconquête territoriale et écologique, portée par la Promoged, avec l’appui de l’État et de ses partenaires techniques et financiers.
Le terrain a déjà connu d’importants bouleversements. Près de 190 000 mètres cubes de terre ont été déplacés, permettant de remodeler la topographie du site. Une vingtaine d’hectares ont été terrassés pour accueillir de nouveaux usages. Une première couche de latérite a été posée sur près de six hectares, créant une barrière physique contre les infiltrations polluantes. En parallèle, 600 mètres de digues ont été construits, formant une ceinture de protection pour prévenir les risques environnementaux et sanitaires.
Mais l’ambition du projet ne se limite pas à l’assainissement du sol. À l’entrée du site, les travaux préliminaires à la construction d’un centre moderne de tri et de transfert des déchets sont en cours. Une voie d’accès est en train d’être aménagée depuis la Vdn pour relier directement Mbeubeuss au reste du réseau routier. L’installation de chantier est déjà opérationnelle, et les études d’exécution ont été lancées. Les zones devant accueillir les ponts bascules, les bureaux et les vestiaires ont été identifiées, signe d’une planification rigoureuse.
Vers un centre moderne de gestion des déchets
La vision portée ici dépasse largement la seule gestion des déchets. Mbeubeuss est en train de devenir un véritable éco-parc. Une plateforme de compostage permettra de valoriser la matière organique. Un programme de végétalisation est en préparation pour restaurer la biodiversité, aujourd’hui fragilisée. Des aires de jeux et des parcours sportifs sont également prévus, redonnant au site une fonction sociale, récréative et inclusive au service des communautés riveraines.
L’un des aspects les plus remarquables de cette transformation réside dans la dimension humaine du projet. Environ 3 000 personnes, principalement des récupérateurs informels qui dépendaient de la décharge pour survivre, sont accompagnées dans le cadre d’une transition juste. Grâce au Plan d’action de réinstallation (Par) et au Programme de réinsertion des métiers du secteur (Prms), elles bénéficient d’une indemnisation équitable, d’un accompagnement vers de nouvelles activités économiques et de la préservation de leurs moyens de subsistance dans une logique d’économie verte.
Cette opération illustre une volonté forte de l’État sénégalais de faire de Mbeubeuss un modèle de transition écologique en Afrique. Là où l’on ne voyait autrefois que précarité, pollution et marginalisation, se dessine aujourd’hui un futur ancré dans la durabilité, la justice sociale et l’innovation. Comme le souligne Moussa Bala Fofana, ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, « chaque mètre cube de terre déplacé, chaque hectare sécurisé, chaque projet de reconversion professionnelle concrétise la vision du gouvernement de faire de Mbeubeuss un démonstrateur de la transition écologique africaine ».
Salla GUEYE