Le gouvernement du Sénégal travaille à offrir au pays un cadre juridique et réglementaire approprié de la médecine traditionnelle. C’est ce qu’a fait savoir le Pr Ousmane Cissé, directeur général de la Santé, lors de la 23ème Journée africaine de la médecine traditionnelle, tenue hier à Dakar.
En Afrique, si l’on se fie à l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 80% les populations ont recours à la médecine tradition pour se soigner malgré l’absence de réglementation. C’est pourquoi, selon le Pr Ousmane Cissé, directeur général de la Santé, cette organisation leur propose de réfléchir sur le thème du renforcement de la base factuelle de la médecine traditionnelle. Mais aussi sur la pharmacopée sénégalaise et l’autorisation de mise sur le marché (Amm) adaptée que le Sénégal mettra bientôt en œuvre pour le développement des médicaments à base de plantes. Pour le Pr Ousmane Cissé, ces statistiques de l’Oms contrastent avec la sous-estimation de l’apport de la médecine traditionnelle dans l’offre formelle de soins de santé au niveau de la population de nos pays africains.

D’après lui, cet état de fait est dû à l’absence de réglementation dans la pratique par les praticiens de la médecine traditionnelle pour rassurer les acteurs du système sanitaire officiel et faciliter ainsi une meilleure collaboration. Il a révélé que le gouvernement du Sénégal travaille à offrir au pays un cadre juridique et réglementaire approprié pour permettre aux praticiens de la médecine traditionnelle de prendre en charge les populations en toute sécurité. « Dans la même dynamique, nous pouvons constater que les plantes médicinales locales qui, malgré des études scientifiques poussées sur leurs multiples propriétés pharmacologiques, ne font pas encore l’objet de préparations médicamenteuses modernes à mettre à la disposition de nos populations », a souligné Pr Cissé. Il a fait savoir qu’après la loi 2003-06 du 13 juin 2023 qui crée la pharmacopée sénégalaise, un projet de décret mettra en place la Commission nationale de la pharmacopée et du formulaire national.
Deux projets d’arrêtés qui seront bientôt adoptés. Celui permettant de faciliter l’autorisation de mise sur le marché de médicaments à base de plantes et celui précisant les conditions d’ouverture d’une herboristerie. « Ces textes devront permettre de mettre à la disposition des populations des médicaments traditionnels et des médicaments modèles sécurisés à base de plantes dans notre terroir », a-t-il noté. Aussi, a-t-il mentionné, le ministère de la Santé et de l’Action sociale est conscient de la nécessité d’accélérer l’adoption d’une réglementation portant sur l’organisation et l’exercice de la médecine traditionnelle au Sénégal. Des efforts seront faits dans ce sens après concertation avec toutes les parties prenantes de la santé dans une approche inclusive et participative.
Le directeur général de la Santé a tenu à féliciter et encourager le coordonnateur de la cellule de la médecine traditionnelle du ministère de la Santé et de l’Action sociale qui, par le travail soutenu qu’il effectue dans le cadre de ses missions au sein de la Direction générale de la Santé, accroît la promotion de la médecine traditionnelle. Pour le responsable de ladite cellule, le Pr Emmanuel Bassène, le Sénégal a fait de grands pas au plan des textes. En outre, il a invité les africains à croire en eux pour une meilleure vulgarisation de la médecine traditionnelle. Il a rappelé que notre pays va vers la réglementation du secteur.
Le président de la Fédération nationale des praticiens de la médecine traditionnelle Papa Senghane Ndiaye a soutenu que le travail de protection des arbres pour l’intérêt de la médecine traditionnelle ne sera pas facile. Fatou Mboup, représentante de la Fondation Amadou Makhtar Mbow, quant à elle, a soutenu l’importance cruciale de documenter scientifiquement nos pratiques ancestrales. Elle a souligné que la Fondation Mbow œuvre pour une meilleure reconnaissance sociale et institutionnelle de la médecine traditionnelle.
Serigne Mansour Sy CISSE