Petite commune du département de Podor qui borde le fleuve Sénégal, Médina Ndiathbé est réputée pour son marché à bétail. En cette période de préparatifs de la Tabaski, le marché grouille de monde. Vendeurs, acheteurs, facilitateurs … Tous espèrent y trouver leurs comptes.
Le jour se lève à peine à Médina Ndiathbé et des hommes s’activent déjà autour d’un véhicule de type L200. Avec des gestes maîtrisés, ils font descendre une à une des bêtes, visiblement marquées par le long trajet. Certaines même ne parviennent pas à bouger, d’autres, difficilement. » Il n y a rien de grave, c’est juste la fatigue. Au bout de quelques minutes, elles vont toutes retrouver leur mobilité« , rassure Harouna Diallo. Originaire de Dodel, il fréquente le marché à mouton de Médina Ndiathbé depuis une vingtaine d’années. Très jeune, il avait l’habitude d’accompagner son père. Un moment d’apprentissage qu’il exploite aujourd’hui à fond. » Mon père n’a plus la santé pour continuer ses activités. Il est alors de ma responsabilité de perpétuer la tradition« , explique-t-il. Vendeur de moutons très connu dans la zone, il s’est forgé une forte réputation au fil des années.
Comme Harouna, le marché à mouton de Médina Ndiathbé est devenu une seconde maison pour beaucoup d’éleveurs. Ils viennent des villages et hameaux pour réaliser de bonnes affaires. Après des heures de marche, conduisant des troupeaux de moutons, ils regagnent ce grand carrefour où éleveurs, acheteurs et commerçants se côtoient dans une parfaite harmonie.
Rareté des clients !
De bons et gros béliers, on en trouve à Médina Ndiathbé. Toutefois, les clients se font rares, surtout en cette période de veille de Tabaski. » Le mouton est bien disponible, mais nous ne voyons pas de clients. Les rares qui passent, proposent des prix dérisoires. Nous voulons vraiment vendre, mais nous n’allons quand même pas brader nos moutons« , renseigne Abdoul Sow, propriétaire d’une dizaine de têtes. Non loin de notre interlocuteur, deux hommes sont dans des négociations avancées. Au bout de quelques minutes, le client glissa sa main dans son sac pour y sortir une corde. C’est la fin du marchandage, la vente est actée. » Je suis heureux d’avoir trouvé le mouton qui me correspond. Et je pense que c’est le plus important. Je peux maintenant préparer mon voyage, paisiblement« , se félicite Ndiaga, un saisonnier originaire de Louga. Il aura tout même déboursé 85.000 pour convaincre le teigneux » Téfanké ».
A l’image du marché à bétail de Thillé Boubacar, celui de Médina Ndiathbé attire non seulement les éleveurs sénégalais mais aussi ceux des pays limitrophes. Beaucoup viennent de la Mauritanie voisine pour vendre ou acheter. » Nous nous sentons bien à Médina Ndiathbé où nous vendons nos moutons depuis des décennies. Certains d’entre nous ont même des familles ici. Nous sommes avant tout des peuples frères et nous devons préserver ce qui nous lie« , renchérit Mohamed Ould Cheikh, un des visages les plus connus des vendeurs de moutons mauritaniens.
Une préférence pour les races locales !
Lors de la fête de Tabaski, chacun y va avec sa préférence. À Médina Ndiathbé, le Ladoum qui symbolise le prestige en milieu peul, est la race la plus convoitée. Ici, les béliers sont évalués en fonction de leur âge, leur santé, leur taille et leur morphologie. » Les gens ont des goûts différents et nous avons ici tout ce dont ils ont besoin« , renseigne Sidy Bâ, un éleveur qui a l’habitude de convoyer ses bêtes à Saint-Louis ou à Dakar. Dans un contexte marqué par un marasme économique, trouver un mouton à bon prix devient une préoccupation pour de nombreux pères de famille. Selon le chef du service départemental de Podor, les prix sont, pour le moment, abordables. » Sur le marché, les prix sont acceptables. Ils peuvent varier de 80. 000 à plus. Espérons que les gens puissent trouver ce qui leur convient« , a indiqué Docteur Yoro Diaw. Une tendance qui devrait rapidement changer, surtout à l’approche de la Tabaski où la demande explose.
Mamadou THIAM ( Correspondant)