Le drame qui s’est produit dans la nuit du mardi 15 avril au 16 avril à la Cité des enseignants sise à Guédiawaye continue de consterner les habitants de ce quartier. Un jeune qui répondait au nom d’El Hadj Diagne a perdu la vie après avoir été poignardé à la gorge par son cousin. Une semaine après, des proches du défunt réclament que justice soit rendue à l’âme du disparu.
Dans l’intimité d’un paisible appartement, non loin du terrain vague sis à la Cité des enseignants de Guédiawaye, des cœurs s’alourdissent. Moustapha Diagne, père du défunt El Hadj Diagne, son épouse, et sa fille S. Diagne, sœur du défunt, ruminent silencieusement leur tristesse. En ce dimanche 20 avril 2025, les deux dernières nommées sont occupées à préparer le repas de la mi-journée, pendant que M. Diagne lui, se retranche seul dans le salon. Cette famille éplorée continue de pleurer la mort tragique d’un des leurs, arraché à leur affection, à la fleur de l’âge. Après avoir franchi le portail principal, c’est Saly Diagne qui nous introduit dans le salon où se trouve son père Moustapha Diagne, responsable de la famille et père du défunt.
À travers le rideau du salon, nous l’apercevons en train de se lever en nous invitant de vive voix à entrer. Après un bref échange, il accepte de nous rappeler les circonstances du drame qui a coûté la vie à son fils, El Hadj Diagne, qu’il considérait comme un espoir de la famille. Ceci, malgré le fait que son défunt fils qui possédait une moto exerçait le métier de livreur. « Mardi dernier (15 avril) entre 21h et 22h, pendant que nous suivions un match de football de la Liga (championnat espagnol), mon fils était sorti pour aller acheter du lait en poudre à la boutique afin de préparer du couscous au lait dont il raffolait », explique-t-il. Poursuivant son récit, il ajoute que pendant ce temps, pour un motif que j’ignore jusqu’à présent, son cousin Saliou Ndao communément appelé Pape Ndao accompagné de ses camarades était en train de rôder autour de la maison.
L’auteur présumé du coup mortel est un proche du défunt
Lorsque Pape Ndao a vu El Hadji Diagne sortir de la maison, il l’a pris au dépourvu et lui a asséné un violent coup de couteau à la nuque. Grièvement blessé, El Hadj Diagne s’écroule. Certainement pour éviter tout soupçon, Pape Ndao et ses camarades déplacent El Hadj Diagne qui était en train de se tordre de douleur et l’abandonnent derrière un véhicule garé à côté. Ils prennent ensuite la fuite. Un voisin qui venait de sortir de chez lui tombe sur la scène et constate que la personne vautrée au sol est en train de perdre beaucoup de sang. Il ameute le voisinage qui accourt. Les secours vite organisés pour sauver la vie d’El hadj Diagne ont finalement été vains. Transporté le plus promptement possible à l’hôpital Dalal Jàmm, il rend l’âme avant l’intervention du médecin. À l’hôpital Idrisssa Pouye où le corps a été acheminé, l’autopsie décèle : « une plaie latéro-cervicale gauche pénétrante par une arme blanche, tranchante, piquante et longue ayant sectionné les veines jugulaires avec hémothorax gauche de grande abondance ». Certainement informé de la bourde qu’il vient de commettre, Pape Ndao va se réfugier à Thiès.
Un piège lui est tendu et il est arrêté et mis à la disposition du procureur. Pape Ndao, âgé de 18 ans, vit chez ses parents au quartier Lansarr, non loin de Saf Bar, sis à Pikine. De temps en temps, il rendait visite à El Hadj Diagne. D’ailleurs, parfois, il lui arrivait de passer la nuit dans la chambre de son cousin à l’insu du père de ce dernier qui n’a jamais accepté que quelqu’un qui n’est pas de la maison y passe la nuit. « Quand je suis informé qu’il dort parfois dans la chambre d’El Hadj, j’ai interpellé mon épouse qui, en réaction, m’a répondu que c’est parce qu’elle ne voulait pas mettre en mal les deux familles qu’elle s’est tue sur le fait que Pape Ndao dormait parfois dans la chambre de El Hadj Diagne », renseigne Moustapha Diagne. « La vérité est que la mère du même Pape Ndao, auteur du coup mortel, est ma demi-sœur », dit-il.
Règlement de comptes ?
Moustapha Diagne a peint son neveu, tueur présumé de son fils, comme un gosse violent. D’après lui, c’est la raison pour laquelle il n’appréciait pas la présence de ce garçon dans sa maison. « Il était un gosse dont la nature violente est connue de tout le monde au quartier Lansarr. Même s’il se bat contre un enfant, il se permet de s’armer d’un couteau », affirme-t-il. Le lendemain du drame, le père de Pape Ndao s’est rendu chez la famille éplorée. *
Mais, le père du défunt a simplement refusé de lui parler. Ce n’est que lorsque les autres lui ont fait comprendre que le papa du tueur de son fils est venu pour partager des informations avec lui qu’il a accepté de lui parler. C’est ainsi qu’il l’a mis en relation avec le commissaire de police pour faciliter la procédure judiciaire déjà enclenchée dans l’optique de mettre la main sur le mis en cause. « Je souhaite que les autres membres de la bande soient appréhendés et qu’ils paient pour leur implication dans la survenue du drame. Un fils sur qui tu comptais pour assurer la relève de la famille, tué de manière si laxiste, c’est écœurant », confie-t-il. Moustapha Diagne ajoute que récemment, après la succession des meurtres et assassinats relatés dans la presse, il s’est demandé pourquoi ne pas rétablir la peine de mort dans notre pays pour mettre fin à cette spirale de violence. « Quand je vois les défenseurs des droits de l’Homme s’opposer au recours à la peine de mort, j’ai envie de leur demander dans ce cas quels seraient les droits de la personne qui est tuée. Surtout quand il s’agit de ton fils qui était là avec toi dans la maison et quinze minutes plus tard, on te dit qu’il est décédé », se questionne-t-il. S’agit-il d’un règlement de comptes ? Moustapha Diagne répond : « Je n’en sais rien ».
Par Abdou DIOP