L’évêque du diocèse de Ziguinchor qui a dit la messe du 1er janvier 2025 à Diongol, en cette journée de la paix a appelé les uns et les autres à cultiver le pardon et à ne jamais ôter la vie humaine. Monseigneur Jean-Baptiste Valter Manga demande de faire des villages, des lieux où se construit la paix pour une Casamance réconciliée.
– Diongol symbole d’une paix retrouvée a abrité dans la matinée du 1er janvier 2025, la messe solennelle consacrée à la journée mondiale de la paix en cette solennité de la sainte Vierge Marie. Cette localité a été autrefois contrôlée par les porteurs d’armes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Situé derrière les villages de Diaboudior, de Soutou (petit Paris), Brindiago et très loin de Ziguinchor, le village de Diongol longtemps éprouvé par le conflit armé a communié dans la joie. Fini les moments de braise dans cette bourgade de l’arrondissement de Sindian, commune de Suelle qui chante désormais l’hymne à la paix.
Hier, l’évêque du diocèse de Ziguinchor est allé à la rencontre de ce peuple qui, par le passé, a eu à connaître un exil forcé du fait du conflit armé. Dans son homélie riche en enseignements, Mgr Jean-Baptiste Valter Manga a appelé à cultiver le pardon et à préserver la vie humaine. «Ce jour est consacré à la paix. Je suis venu à Diongol pour donner un sens à ce que j’entends faire tout au long de mon ministère pastoral. Il y a quelques années, Diongol a vécu dans la souffrance à cause de la guerre. Vous êtes dans une situation difficile depuis des années ; et quand on parle de Diongol, les gens ne pensent qu’à la guerre. Alors qu’il n’en est rien du tout», soutient le Pasteur de Ziguinchor.
Les populations de la commune de Suelle gardent encore les séquelles de la guerre. S’appuyant sur l’adresse à la Nation du Président de la République du 31 décembre 2024, le successeur de Mgr Paul Abel Mamba a, dans une parabole, demandé aux citoyens de faire en sorte que la terre puisse produire ce qui donne la vie et non ce qui produit la mort. Selon lui, cela demeure un impératif. «Il arrive que des gens s’entretuent. Mais, il faut savoir que, quand un homme tue un autre, c’est qu’il a tué son propre frère. Nous devons travailler pour une Casamance réconciliée et pacifiée», renchérit Mgr Manga.
Aussi, lance-t-il un appel solennel à tous les acteurs à œuvrer pour une paix durable au profit des générations futures tout en ayant en bandoulière, le pardon. «Nous refusons de léguer aux générations futures, les fardeaux du conflit. La paix, c’est aussi la capacité de pardonner, de tourner la page et de ne jamais oublier. Nous devons nous mobiliser pour bâtir une paix durable pour une Casamance nouvelle afin de rebâtir ce qui a été détruit par des années de conflit», prêche le Père évêque du diocèse de Ziguinchor, ordonné le 23 novembre 2024 au petit séminaire Saint-Louis. Avant de donner la bénédiction finale au peuple de Dieu ayant pris part à la célébration eucharistique, Mgr Jean-Baptiste Valter Manga recommande à tous, de cultiver davantage l’entente et la solidarité afin de libérer le peuple de toutes sortes de souffrance. Tour à tour, le chef de village de Diongol, Abdoulaye Goudiaby, le représentant du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), Nouha Cissé et la présidente du Conseil d’administration de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, Ndèye Marie Thiam ont estimé que la Casamance «meurtrie par la violence, avec son image balafrée» doit continuer à rester debout et résiliente. À la fin de la messe et des prises de parole, il y a un lâcher de colombes, signe d’une Casamance pacifiée et qui aspire à un avenir radieux.
Gaustin DIATTA (BIGNONA, Correspondant)