Alors que les départs irréguliers vers l’Europe s’intensifient, les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda se lèvent en front uni. Depuis le 9 juillet et pendant trois jours, les comités de lutte contre la migration irrégulière se forment au Cap-Skirring pour affûter leurs armes. Une offensive stratégique, territorialisée et multisectorielle, est lancée pour endiguer un fléau qui saigne la jeunesse sénégalaise.
OUSSOUYE- Face à la recrudescence alarmante des départs irréguliers vers l’Europe, les régions du sud du Sénégal prennent les devants. Depuis le 9 juillet, le Cap-Skirring abrite une session de formation de trois jours réunissant les Comités régionaux et départementaux de lutte contre la migration irrégulière de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. Organisée par le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (Cilmi), cette rencontre stratégique vise à armer les acteurs territoriaux d’outils concrets pour enrayer ce phénomène destructeur. Le contrôleur général de police et secrétaire général du Cilmi, le Dr Modou Dagne, en trace les enjeux. «Il ne s’agit pas seulement de sensibilisation, mais de bâtir une véritable capacité d’action locale contre un trafic criminel structuré, qui sacrifie la jeunesse sur l’autel de l’illusion migratoire», soutient-il. Le trafic de migrants, devenu une entreprise transnationale cynique, gangrène les régions frontalières et compromet gravement la stabilité sociale et le développement local. Les autorités l’ont compris.
Pour répondre efficacement à cette menace, il faut des stratégies de terrain, ancrées dans les réalités locales. C’est tout le sens de la «territorialisation des actions» prônée par directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Abdourahmane Ndiaye. «La lutte contre la migration irrégulière ne peut réussir que si elle est menée à la base, avec une synergie forte entre acteurs administratifs, sécuritaires et communautaires», préconise le collaborateur du ministre Jean-Baptiste Tine. Durant ces trois jours de travaux, préfets, gouverneurs, forces de défense et de sécurité, ainsi que partenaires techniques et financiers, unissent leurs efforts. Objectif : renforcer la coordination interinstitutionnelle, décrypter les mécanismes du trafic afin de mieux protéger les populations à risque, notamment les jeunes. Le contexte ne laisse aucune place à l’inaction. Récemment, la Section de recherches de Ziguinchor a mis au jour un réseau de trafic impliquant 19 personnes, dont des étrangers, prêtes à faire embarquer de nouvelles victimes vers une destinée incertaine. À l’horizon 2035, le Sénégal s’est engagé à réduire drastiquement les départs irréguliers. L’heure est à l’action. Et c’est au cœur des territoires, là où naît la tentation du départ, que la riposte s’organise.
Gaustin DIATTA (Correspondant)