Après les tours souvent suivis de bousculades autour de la Kaaba, la petite course au trot entre Safa-Marwa, les trois jours de va-et-vient entre Mina, Arafat, Muzdalifah et Jamarat constituent le véritable parcours du combattant de la foi en pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. Des épreuves de résilience vécues stoïquement par les milliers de pèlerins et très difficiles à décrire…
LA MECQUE- Les hommes et les femmes sont avertis d’avance: « Vous marchez sur les pas du Prophète Mouhamad (Psl), dans ces plateaux et montages austères, soyez stoïques et résilients… » Les stations de Mina, Arafat, Muzdalifah et le pont de Jamarat sont les étapes les plus difficiles du pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam. Les corps et les esprits sont éprouvés au plus profond de l’être humain, dans ces monts désertiques où la chaleur suffocante culmine entre quarante cinq et cinquante degrés. Pas l’ombre d’une végétation fournie, seule une forêt de tentes dressées à Mina et à Arafat offrent un semblant de confort aux milliers de pèlerins musulmans venus de divers pays. Chaque Etat dispose de camps pour ses ressortissants.
Ici, il faut être résilient pour ne pas flancher et perdre la foi ou voir la raison, quand il faut patienter une dizaine de minutes pour rentrer dans une cabine de toilettes et satisfaire ses besoins les plus pressants. Pour bien manger à sa faim, il faut patienter encore avant de recevoir sa gamelle où flotte trois morceaux de viande ou du bouillon de poisson…
Partis de Médine la ville du Prophète où il faut se recueillir dans sa Mosquée et son mausolée, puis de la Mecque, après le Tawaf autour de la Kaaba et les parcours entre Safa-Marwa, c’est à Mina moins d’une dizaine de km qu’il faut d’abord déposer son baluchon pour poursuivre le rituel du pèlerinage. Le temps d’une nuit pour s’acclimater dans cette mosaïque infinie de tentes climatisées, les pèlerins remontent dans les centaines de gros bus direction la station Arafat à quelques petits kilomètres de Mina. Arafat est une étape très prisée des pèlerins sénégalais qui reçoivent plusieurs sollicitations de prières pour des proches parents, parents ou collègues restés au pays qui souhaitent santé, prospérité, fécondité, longévité, etc. Arafat est donc une journée de piété et de prières sous les tentes pour les pèlerins, mais le plus hardis, défient les rayons du soleil et font fi des recommandations du ministère saoudien du Hajj, pour aller au pied du mont Arafat ou se percher sur ses flancs rocheux à leurs risques et périls. Rien ne semble ébranler la foi du pèlerins. Si souvent, pour une place ou un petit matelas à coucher les nerfs sont souvent tendus et l’on est prêt à bagarrer ou échanger des propos aigres doux. Mais tout le monde finit pas abstraction des obstacles entre lui et Dieu.
L’âge avancé des pèlerins sénégalais
« A Arafat, Allah est là perché sur nos têtes. Contentons nous aujourd’hui de demander Pardon. Sa Miséricorde est immense et il nous pardonnera… » dit Mbaye G, un vieux commerçant diourbelois établi entre la France et la Belgique. Il effectue cette année le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam pour la première fois. Il fait équipe et chambre avec six autres compatriotes sénégalais
rencontrés en Arabie Saoudite, au gré des pérégrinations entre Médine, la Mecque et Mina. Pour surmonter ce parcours du combattant de la foi, ils racontent parfois des anecdotes de leur vie de plus de leur soixantaine voir plus de soixante-dix années.
Malgré leur abnégation et leurs solides aptitudes à surmonter les épreuves de foi, ils admettent que le pèlerinage n’est pas de tout repos pour les personnes les plus âgées. « J’ai remarqué que les pèlerins du Nigeria sont très jeunes. Certaines jeunes filles nigérianes ont à peine vingt ans. Je crois que c’est l’âge idéal pour faire le pèlerinage est entre vingt ans et soixante ans », observe Ibrahima G. Ndiaye, âgé de plus 70 ans, mais encore un urbain fringant de Dakar.
Une même remarque faite par le Délégué Général au pèlerinage Mamadou Gaye dans l’entretien accordée au Soleil : « La moyenne d’âge des Sénégalais est parmi la plus élevée des pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam ». Cela pose souvent des problèmes physiques, psychiques, de fractures, des Avc, des baisses ou hausses de tensions notées par-ci et là par l’équipe médicale sénégalaise auprès de pèlerins consultés au fil des jours du pèlerinage…
De notre envoyé spécial El Hadj Omar DIOUF