Les autorités de la région de Ziguinchor prennent les devants pour éviter les inondations. Un ambitieux plan de curage de 63 kilomètres a démarré, le 21 mai 2025. Sous la houlette du Comité régional de prévention et de gestion des inondations, les différents services de l’État conjuguent leurs efforts pour anticiper les dégâts.
ZIGUINCHOR – Les populations de certains quartiers de Ziguinchor, habituées à vivre chaque hivernage sous la menace des inondations, peuvent espérer une saison des pluies 2025 plus sereine. Le 21 mai 2025, le top départ a été donné pour une vaste campagne de curage des canaux dans la capitale régionale. Premier chantier : l’axe Tilène (entre le centre culturel régional et le rond-point Aline Sitoé Diatta), en passant par Banéto. Ce tronçon n’est que le début d’un programme plus large qui ambitionne de curer un linéaire total de 63 kilomètres de caniveaux et de canaux d’évacuation des eaux de pluies. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan d’action du Comité régional de prévention et de gestion des inondations, qui a tenu une importante réunion, hier, lundi 26 mai. Présidée par le gouverneur de région, Mor Talla Tine, cette rencontre a rassemblé les principaux services déconcentrés de l’État. Objectif : anticiper sur l’hivernage par des actions concrètes sur le terrain.
Parmi ces actions, le curage préventif des canalisations a été érigé en priorité. La Société nationale de gestion des déchets solides (Sonaged) a été mobilisée avec un effectif de 150 agents. Ces derniers ont la lourde tâche de débarrasser les canaux de tout ce qui pourrait entraver l’écoulement des eaux. L’échéance est claire : les travaux doivent être achevés au plus tard le 17 juin, soit avant les premières pluies pour permettre une évacuation efficace des eaux de pluie. « Il faut protéger les habitations, surtout dans les quartiers sensibles », a martelé le gouverneur Tine. Une remarque d’autant plus pertinente que les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents à Ziguinchor, avec des précipitations qui dépassent parfois les 1.700 mm comme en 2024.
Pompage des eaux Dans ces opérations, le service régional de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), dirigé par Pierre-François Diouf, est également en première ligne. Parmi les interventions programmées : la déviation du canal du quartier Boudody vers l’hôtel Kadiandoumagne, afin de faciliter l’évacuation des eaux vers le fleuve Casamance. L’école élémentaire Jean Kandé, régulièrement envahie par les eaux, bénéficiera également d’aménagements urgents. Les quartiers Belfort Crapaud, Santhiaba Est, Goumel et le secteur près de l’école Katy Kane sont dans le viseur des autorités. À Boudody, le curage des canaux est déjà planifié, tandis qu’à Tenghory, dans le département de Bignona, des études sont en cours pour construire un mur de stabilisation des berges du canal. De grands travaux sont également attendus au quartier Alwar, dans la commune de Ziguinchor.
En appui à ces opérations, la 41e compagnie d’incendie et de secours, dirigée par le capitaine Mansour Faye, mettra à disposition 326 sapeurs-pompiers. Pendant toute la saison des pluies, ces agents vont se relayer jour et nuit pour assurer le pompage des eaux stagnantes. Des moto-pompes seront positionnées de manière stratégique dans les zones critiques. « Il y a 11 sites identifiés comme à risque dans la région, dont neuf rien que dans la commune de Ziguinchor. Cela montre l’ampleur du défi. Il est urgent d’interdire les constructions dans les zones non aedificandi, pour éviter d’empirer la situation », avertit le capitaine Faye.
Gaustin DIATTA (Correspondant)