« L’âge, c’est dans la tête ». Et ces mamies ont bien compris cela ! Aimer les petits plaisirs de la vie n’est pas seulement l’apanage des jeunes femmes. Elles mettent de la coquetterie à soigner leur mise.
Drapée dans un boubou rose bonbon et un foulard vert olive communément appelé « moussor » bien noué sur sa tête, Aby Ndongo est sur son 31, même un dimanche matin. Retrouvée chez elle à Sacré-Cœur 3, la bonne dame, âgée de 56 ans, est toute pimpante. Elle ne fait pas son âge. « Même à 100 ans, j’aurais continué à mener cette vie. J’aime la coquetterie, peu importe l’âge », dit-elle, le sourire glissant sur ses lèvres. Noirceur d’ébène, maquillée et bien apprêtée, elle se présente sous son plus beau jour. La coquetterie, elle en connait un rayon et cela passe d’abord par un teint noir parfait. « Conserver ma peau intacte a toujours été important pour moi. Cela me permet de me distinguer de celles qui se sont dépigmentées ». Paroles d’une coquette qui croque la vie en pleines dents ! Pour Aby Ndongo, s’occuper de son corps passe aussi par le soin des cheveux : « je ne mets pas d’extensions capillaires. J’entretiens mes cheveux en les lavant avec du shampoing et en me tressant régulièrement ». Malgré l’âge, elle souhaite demeurer fringante.
Mame Wade prend un peu d’air en cette période de canicule à quelques enclabures. Crayon, poudre, rouge à lèvres, tout y passe. « Je peux croiser à tout moment des connaissances. C‘est pourquoi, il est important pour moi d’être présentable », explique-t-elle, boucles d’oreilles en or et un collier bien en évidence. Habillée d’une Djellaba, son maquillage ne passe pas inaperçu. Mame ne veut surtout pas se laisser rattraper par le temps même à 72 ans. « Je suis telle que je fus », sérine-t-elle, toute resplendissante. Cette septuagénaire a même eu recours aux laits éclaircissants comme en atteste son visage qui porte les traces de la dépigmentation difficilement camouflées par un excès de poudre. « Je suis de nature claire mais j’ai eu à user de certains produits éclaircissants ». Mame se sent belle grâce au maquillage. « C’est ma routine », confie-t-elle. Cette mamie se veut tout le temps coquette et elle a ses raisons : « prendre soin de soi retarde la vieillesse », dit-elle avec assurance. Elle ne laisse aucun détail et se veut belle jusqu’au cuir chevelu. « J’évite les tresses très serrées. Je préfère laisser mes cheveux le plus souvent au naturel mais je mets, à certaines occasions, des extensions », reconnaît-elle.
« Je suis comme je fus »
Retrouvée chez elle, Charlotte Gassama, âgée de 66 ans, est visiblement pressée. L’heure n’est pas au repos pour cette dame à la carnation claire. « Je me prépare car je dois aller à une cérémonie », explique-t-elle. Grand-mère de quatre petits-enfants, elle sait se faire belle. Par contre, les cheveux ne font pas partie de la coquetterie. « Je me suis rasée la tête. C’est plus relaxant avec cette chaleur », assure-t-elle en montrant un crâne dégarni. A quelques encablures de la maison de Charlotte, au marché liberté 6, les clients se font rares. Dimanche oblige. Beaucoup de cantines sont fermées. Cependant, certaines personnes viennent faire leurs emplettes. Adja Codou Sylla de celles-là. Agée de 74 ans, le teint clair, sans maquillage, habillée d’une robe en lin mauve accompagnée d’un sac de la même couleur, elle ne porte qu’un bracelet en or en guise d’accessoire. Cette mamie sait se faire belle : « en sortant, même si je ne me maquille pas, je prends soin de ma mise. D’ailleurs, je mets souvent du henné. Lors des grandes occasions, je sais me faire belle », affirme-t-elle, sourire aux lèvres. Malgré le soin qu’elle apporte à sa mise, elle ne se donne pas beaucoup de peine pour ses cheveux : « je me rase à chaque fois. Je me vois mal me tresser en plus», dit-elle sans détour. L’essentiel, ici, c’est de se sentir bien dans sa peau.
Arame NDIAYE