Cheikh Touré, un jeune footballeur de 20 ans, est parti au Ghana pour réaliser son rêve de devenir un jour footballeur professionnel. Finalement, il y est resté sans dire au revoir. Coincé entre les mailles du filet par un réseau de « faux recruteurs », le jeune homme a perdu la vie dans des circonstances dramatiques. Depuis lors, sa famille, sous le choc, est dans une grande tristesse et une désolation totale.
La mort dramatique du jeune gardien Cheikh Touré continue de défrayer la chronique. Âgé de 20 ans, le jeune homme, féru de football, espérait avoir des lendemains meilleurs pour vivre sa passion du football. Parti pour faire des essais au Ghana, Cheikh se retrouve piégé par un présumé réseau « de recruteurs » qui ont demandé une rançon à sa famille avant de mettre fin, de manière atroce, à sa vie. C’est dans des circonstances dramatiques que son corps a été retrouvé à Kumasi, au Ghana. Une tragédie qui, depuis lors, soulève l’indignation du monde entier.
Un rêve brisé À Yeumbeul, au quartier Asecna où il habitait, règne un silence de cathédrale. Tout un quartier est meurtri et sa famille toujours sous le choc. Cheikh est parti laissant derrière lui un vide difficile à combler. Chérif Diallo, son père adoptif, trouvé seul à la devanture de la maison, a les yeux rougis. Tristesse et émotion se lisent sur son visage. Un langage corporel qui en dit long sur la douleur qu’il ressent. Tout de blanc vêtu et chapelet à la main, il se rappelle son fils qu’il a tant chéri.
D’après lui, Cheikh était un jeune qui aimait aveuglément le football. Selon le papa, son fils a eu à faire plusieurs métiers. Toutefois, poursuit-il, le football était sa passion préférée. « Il aimait beaucoup le football et il croyait un jour devenir un footballeur professionnel. C’est ainsi qu’il est parti dans l’espoir de réaliser son rêve d’enfant , dit-il. Arrivé au Ghana, Cheikh Touré eut la malchance de tomber entre les mains d’une bande de malfaiteurs.
D’après son père, ces malfrats ont demandé à Cheikh une somme de 850.000 FCfa. « Cheikh nous disait que les agents recruteurs lui ont demandé l’argent pour faire son test. Nous avons réussi à les envoyer 650.000 FCfa. En envoyant cet argent, je n’ai jamais su que Cheikh a été conditionné sur tout ce qu’il disait. Par la suite, ils nous ont appelés pour nous dire que Cheikh a perdu la vie dans un accident. À travers des photos qu’ils nous ont envoyées, nous avons pu reconnaître notre fils », a confié le papa avant de solliciter une enquête approfondie pour situer les responsabilités.
Une demande qui cadre avec l’annonce faite par les autorités sénégalaises d’ouvrir une enquête pour élucider cette affaire. En attendant, la famille s’étire dans une attente insoutenable pour retrouver le corps de Cheikh Touré. Dans ce quartier qui retient son souffle, l’émotion et la consternation sont vite ressenties. Le soleil, pourtant habitué à réchauffer les murs, semble avoir retiré ses rayons par respect, ne laissant qu’une lumière blafarde qui accentue la tristesse des lieux. La désolation a atteint son paroxysme.
L’espace est saturé par la douleur brute. Des corps secoués expriment une souffrance que les mots ne peuvent plus contenir. Une mère sans mot La mère du jeune Cheikh Touré du nom de Diodio Sokhna, trouvée dans sa chambre, n’a plus la force pour parler. « Elle ne peut pas parler », nous dit son petit frère. Le poids de la perte de son jeune fils pèse lourd sur ses épaules. Elle n’est pas allongée mais affalée sur une natte et son langage corporel est celui d’une femme frappée d’une violence inouïe.
Ses mains, celles qui ont bercé et nourri son fils, sont aujourd’hui l’expression la plus poignante de son désarroi. Son visage est une carte froissée de chagrin. Le regard fixe, elle semble fixer l’invisible ou revivre en boucle la scène du drame. Il n’y a plus de concentration, seulement une profonde désolation.
Serigne Mbacké Sokhna, l’oncle de Cheikh Touré, se souvient d’un jeune pieux et résolument engagé dans le travail. C’était un travailleur acharné qui ne résignait jamais à la tâche, dit-il. D’après lui, Cheikh alliait football et le métier de mécanicien. Mais, ajoute-t-il, son penchant pour ce sport a toujours pris le dessus. « Perdre une personne comme lui reste une plaie béante difficile à soigner. Il faut s’en remettre à Dieu et prier. Aux jeunes qui rêvent d’être footballeurs, ils doivent tirer une leçon sur la mort de Cheikh. Les arnaqueurs sont partout et quand la passion est très forte on peut vite tomber dans leur piège », a-t-il déclaré la voix basse.
À l’en croire, les circonstances dont Cheikh a perdu la vie resteront à jamais gravées dans leurs mémoires. « C’est difficile à tolérer. En tant que parent, cela te ronge le cœur à vie », a-t-il confié avec le cœur meurtri. Avant de prendre ce chemin incertain à la quête d’un avenir meilleur, Cheikh avait bien imprimé sa marque en tant que portier. Il s’agit de : « Esprit Foot » et « Espoir Yeumbeul ».
Selon Papa Diouf, son coach au niveau de l’académie « Espoir Yeumbeul », Cheikh était un jeune très ambitieux. Il avait un rêve qu’il voulait atteindre. « Je n’étais pas au courant de son voyage et cela me fait vraiment mal de le voir partir à jamais. Sa mort a coïncidé avec la phase préparatoire de nos compétitions et nous sommes obligés de tout arrêter », a déclaré le jeune coach, les larmes aux yeux. Toutefois, il appelle à plus de prudence et de vigilance à ces jeunes qui rêvent de devenir professionnels dans le milieu du football.
Bada MBATHIE


