À l’approche de la 185e édition du Gamou de Ndankh, prévue le 8 août prochain, les autorités religieuses de cette cité ont dénoncé leur mise à l’écart des programmes de modernisation des cités religieuses au Sénégal. Fondée en 1800 par Cheikh Al Bounama Kounta, cette localité située à 6 kilomètres de Ngaye Mékhé, est pourtant considérée comme le berceau de la Khadria.
TIVAOUANE – Depuis quelques années, l’État du Sénégal a lancé un vaste programme de modernisation des sites et cités religieuses. Berceau de la khadria au Sénégal, Ndankh, fondée en 1800 par Cheikh Al Bounama Kounta, n’a pas encore bénéficié de ce programme. «La cité religieuse se sent même oubliée dans ce programme», a déploré Serigne Alioune Mohamed Kounta, coordonnateur du Gamou, interrogé, hier, par le «Soleil». Malgré cette place historique dans la diffusion de la Khadria, Ndankh reste dans l’ombre. «Aucun projet d’infrastructure digne de son rang n’y a été réalisé», a insisté Serigne Alioune Mohamed Kounta rencontré hier dans cette cité religieuse. Ni sous les présidences d’Abdoulaye Wade ni de Macky Sall, la localité n’a bénéficié d’un quelconque programme étatique, alors que d’autres cités religieuses ont vu sortir de terre routes, résidences d’hôtes, centres de santé ou encore éclairage public. Aujourd’hui encore, l’actuel régime semble poursuivre la même logique d’exclusion. «Nous n’avons reçu aucune information sur les programmes «Daaras-Atelier» du ministère de la Formation professionnelle ni sur «Un dahira, une coopérative productive sociale» du ministère de la Microfinance», a regretté Serigne Alioune Mohamed Kounta.
Avec ses 3.000 habitants, Ndankh est confrontée à des défis structurels majeurs : absence de réseau d’assainissement, dégradation de la route qui la relie à Ngaye Mékhé, manque d’équipements sanitaires de base. Le poste de santé ne dispose ni d’ambulance, ni de médicaments suffisants, et l’infirmier-chef n’a pas de logement. Dans le secteur de l’éducation, le principal du collège officie sans bureau digne de ce nom. Ces rares infrastructures ont été construites grâce aux partenaires du défunt khalife Serigne Ahmed Makhfouss Kounta, rappelé à Dieu en juin 2025. L’absence d’infrastructures d’accueil pénalise également la cité pendant les grands événements religieux. Conscient de cette carence, feu Serigne Makhfouss Kounta avait initié un projet de Résidence Mame Cheikh Bounama, resté à l’état de projet faute de soutien. Il a cependant réussi à finaliser la construction de la grande mosquée de Ndankh, dont l’inauguration est prévue lors du prochain Gamou. Ce joyau a été entièrement financé par le khalife, les talibés et de bonnes volontés. À travers la voix de Serigne Alioune Mohamed Kounta, Ndankh appelle aujourd’hui les pouvoirs publics à une reconnaissance réelle de son rôle historique dans l’expansion de l’Islam au Sénégal, et à un traitement équitable dans la répartition des investissements religieux.
Ibrahima NDIAYE (Correspondant)