Quand les femmes ont réussi le pari d’assurer la prise en charge médicale de leur époux et enfants, grâce à une imputation budgétaire, nos hommes, très portés sur leurs privilèges, n’ont pas bronché. Ce droit leur a été octroyé en octobre 2006 après deux décennies de combat pour la relecture du code de la famille. Pour cette fois, nos hommes n’ont aucunement pensé qu’ils allaient perdre une parcelle de leur pouvoir. En leur déléguant le titre de chef de famille, le code n’avait pas pris en compte la situation de ceux-là qui étaient au chômage ou qui évoluaient dans le secteur informel. Ils ont salué de belles avancées qui renforcent l’équilibre de la famille. Ils n’ont aucunement agité l’idée selon laquelle les femmes cherchaient à effacer les figures paternelles, à les remplacer au sein du foyer ou à briser l’image masculine.
Et pourtant le combat de plusieurs générations de féministes dans notre pays s’est articulé autour de cet axe. Elles s’inscrivent, pour la plupart, dans une dynamique de co-construction dans l’optique de tirer nos jeunes nations vers le haut et de contribuer au bien-être de la famille. L’essentiel, pour elles, est que chacun joue son rôle dans la complémentarité. Mais, dans la mesure où certains ne voient que du sombre chez les autres, décelant des motivations obscures, des tirs groupés sont encore dirigés vers celles qui se réclament féministes. Or elles ont choisi de quitter l’ombre pour offrir un avenir radieux à toute une communauté et essayer de relever des défis variés. Elles tiennent juste à engager la société dans une nouvelle dynamique tenant compte des réalités de l’heure.
Elles sont parvenues souvent à remettre en cause des idées conventionnelles. Elles sont conscientes que dans ce monde de bruit, chaque acte est parlant et diversement apprécié. Dire qu’elles méritent des chants à l’image de celui conçu pour Arva, du nom de ce tube rendant hommage à un lieutenant-colonel, présentée comme un modèle de vertu et de rigueur. Elles sont des femmes de tête, de cœur et des femmes de fer, qui se hissent au quotidien à la hauteur des multiples attentes.
Elles sont aussi parvenues à s’imposer dans un domaine longtemps réservé aux hommes. L’exemple des femmes en uniforme est illustratif de ce changement social. Elles ont pu mener une carrière dans l’armée, la police, la gendarmerie…. grâce à leur mérite mais aussi grâce à l’entregent de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs). Incomprises au début, les femmes juristes ont montré la nécessité d’utiliser des outils juridiques pour bousculer le machisme des hommes. Elles ont su faire face aux poches de résistance et pousser l’État à intégrer en 1984, les femmes dans un corpus associé à la masculinité. Une admission au sein de l’École Militaire de Santé des premières femmes élèves médecins leur ouvrait une brèche. Depuis lors, les femmes sont perçues comme des éléments de paix plus efficaces que les hommes dans la résolution des conflits. Elles n’ont pas renié leur féminité, elles sont tout aussi belles dans leurs tenues masculines. Elles donnent raison à ceux qui soulignent que rien n’est statique et qu’il est important de lutter contre la rigidité.
« Un esprit rigide a de l’aversion pour tout ce qui est nouveau et ne peut se réconcilier avec rien qui ne soit ancien. D’un autre côté un ignorant considère tout ce qui est nouveau comme étant moderne et progressiste, comme étant une exigence de l’époque. Pour un esprit rigide, tout nouveau développement signifie corruption et perversité, alors que pour l’ignorant, tous les nouveaux développements signifient indistinctement expansion de la culture et de la connaissance. » disait un célèbre auteur.
Ces amazones donnent raison aussi à l’anthropologue et féministe Ashley Montague auteur de l’ouvrage « la supériorité naturelle de la femme ». L’auteur, né le 28 juin 1905 et décédé le 26 novembre 1999 est présenté comme un humaniste anglais. Il rappelle, comme d’autres, que la différence des rôles masculins et féminins découle souvent d’habitudes acquises. Et qu’il arrive que des réalités socio-culturelles inhibent le potentiel féminin. Comme quoi nos vaillantes féministes ont du mérite et méritent bien de belles mélodies comme celles déclamées dans le tube viral Arva.