À Keur Massar, quelques semaines après le lancement des opérations de réorganisation de l’espace public, le dispositif sécuritaire mis en place continue de jalonner et de faire des patrouilles pour faire respecter la mesure édictée par les plus hautes autorités. Commerçants et habitants de cette localité ont approuvé cette initiative, mais appellent à plus de régularité et de constance pour éviter un éventuel désordre qui pourrait permettre de revenir à la case de départ.
En septembre dernier, Mouhamadou Bamba Cissé, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, avait ordonné aux autorités administratives ainsi qu’aux élus locaux de mener des opérations de désencombrement pour libérer les espaces publics dans les grandes villes. Le marché de Keur Massar, connu aussi sous le nom de la « station de Keur Massar », réputé être un endroit où l’occupation anarchique dicte fortement sa loi, n’a pas fait exception à cette règle. Il y a de cela trois semaines, sous la conduite du préfet du département, les lieux ont été nettoyés. Aujourd’hui, cet endroit qui grouille souvent de monde connaît une nouvelle reconfiguration avec une surveillance accrue des forces de l’ordre. Il est à noter aussi un retour progressif des marchands ambulants et autres vendeurs qui trouvent refuge le long des cantines qui bordent les différents axes. Mais devant eux, le dispositif sécuritaire mis en place veille au grain et rappelle sans cesse à l’ordre certains vendeurs téméraires qui empiètent sur l’espace libéré. Certains commerçants et habitants de la localité saluent cette initiative.
Abdoulaye Mbaye, vendeur de téléphone et tant d’autres accessoires est en phase avec cette mesure qui, d’après lui, vise le bien-être des populations. Pour le jeune vendeur, vu comment cet espace était occupé, il était nécessaire de remettre les pendules à l’heure. « Le désordre qui sévissait ici était anormal. On n’était pas en sécurité et les malfaiteurs profitaient de la congestion pour dérober les affaires des passants. L’anarchie régnait en maître dans les coins et recoins. Mais aujourd’hui, la situation est tout autre et depuis qu’on a commencé cette opération, je n’ai plus entendu de vol à l’arraché, car, les gendarmes sont toujours présents pour assurer la sécurité. Nous saluons vraiment cette initiative », dit-il, invitant les vendeurs ambulants à respecter l’ordre établi et à se conformer aux nouvelles directives. Alassane Dieng, habitant de la localité et propriétaire d’un magasin de vente de matériaux de construction, abonde dans le même sens. Assis confortablement à la devanture de son lieu de travail, l’homme fait montre d’un grand satisfécit. Auparavant, déclare-t-il, c’était le cafouillage total dans cet espace.
Mais, ajoute-t-il, les choses sont rentrées dans l’ordre. Selon lui, il reste à maintenir cette initiative et faire en sorte que tout le monde puisse prendre conscience du respect fondamental des lieux publics. « Nous avons assisté à plusieurs opérations de désencombrement, mais c’est un éternel recommencement. Au début, les gens respectent les consignes, mais à la fin, la pagaille vient reprendre ses droits. Cette fois, nous appelons les autorités à maintenir le cap parce que le désordre n’arrange personne ici », lance-t-il. Aux environs de 18h, l’air n’est plus saturé de la chaleur cuisante du jour, mais le soleil, dans un ultime effort, darde ses rayons orangés. Ces lueurs de fin de journée drapent les lieux d’une ambiance douce. Des centres commerciaux pour les marchands ambulants C’est l’heure où l’animation du marché reprend de plus belle, mais sous un œil et un cadre nouveaux. Là où, il y a quelques semaines, des ballots de marchandises débordaient anarchiquement sur la chaussée, une allée dégagée offre désormais plus d’ordre. Le rythme n’a rien perdu de sa frénésie, il a simplement été redimensionné.
Le brouhaha habituel des marchands criant leurs prix, les coups de klaxon ainsi que des discussions animées composent une symphonie vivante. Les passants, libérés des zigzags incessants entre les étals improvisés sur le trottoir, circulent en toute aisance. Les vendeurs ambulants, figures emblématiques de l’ancien décor, sont toujours là, mais leur posture a changé. Ils sont maintenant en retrait. Cependant, postés de manière visible, les gendarmes veillent au grain. Leur présence, identifiable à leurs uniformes, est un rappel silencieux et constant à l’ordre. Leur rôle n’est plus seulement de déguerpir, mais d’assurer la pérennité de la mesure. Aux alentours, un fait aussi rare attire l’attention.
L’autopont qui faisait l’objet d’occupation incontrôlée par des « businessmen du téléphone » et autres vendeurs, est quasi désert. Les gendarmes ont interdit l’accès à ce site avec une tolérance zéro. Mbaye Thiam, un commerçant, est favorable à la décision des autorités de vouloir enrayer toute obstruction sur les voies publiques. Toutefois, il appelle les autorités à trouver des alternatives afin de permettre aux gens de travailler convenablement. « Ceux qui travaillent ici sont des gens dignes et ils ne cherchent qu’à subvenir aux besoins de leurs familles. À mon avis, l’État doit mettre en place des centres commerciaux pour les fixer. Je trouve que c’est une solution adéquate au problème des occupations anarchiques. Sinon, les gens seront obligés de revenir », affirme le sexagénaire.
Par Bada MBATHIE