Depuis jeudi 16 octobre, les autorités administratives de Mbour ont lancé l’opération de réorganisation de l’espace public. Cette décision du ministère de l’Intérieur vise à libérer les voies et trottoirs sous l’emprise des commerçants. 72 heures après le démarrage de l’opération, le croisement Saly a été complètement désencombré. Du côté de Mbour, le marché central résiste encore aux sommations de l’autorité préfectorale.
MBOUR – Au croisement Saly, c’est un tout nouveau décor qui accueille les visiteurs de la station balnéaire. Ici, tout a été dégagé pour libérer la voie. Seuls quelques vendeurs de café Touba, de fruits et d’eau s’activent sous un ciel de plomb. Toutes les cantines et installations servant au commerce sont désormais rayées de la carte. Après le passage des équipes dirigées par le sous-préfet de Sindia, Saly présente un nouveau visage. Les trottoirs jadis occupés par les marchands sont totalement libérés au profit des piétons et des conducteurs. Depuis 48 heures, la circulation est très fluide sur cet axe principal qui dessert les villes de Saly, Ngaparou et Somone. « Certes c’est compliqué pour les jeunes qui étaient là, mais c’est une bonne chose de dégager les espaces pour fluidifier la circulation. Dans un état normal, chaque activité doit se dérouler dans un espace bien déterminé. Le croisement était devenu un marché. Mais là, on sent qu’il y a des autorités dans ce pays », a expliqué Omar, un chauffeur de taxi-clando.
Cette opération de réorganisation de l’espace public s’inscrit dans une logique d’assainissement et de réaménagement des zones urbaines. Bien que la volonté des autorités centrales soit bien exécutée dans les localités, elle rencontre quelques résistances. Ce dimanche 19 octobre, des vendeuses de produits alimentaires et de fruits sont revenues sur les lieux. Sans leurs tables, elles étalent leur marchandise sur les ruines des désormais anciennes cantines. Aussitôt leur présence remarquée, un agent de la police les aborde pour faire exécuter l’arrêté préfectoral. Au marché central de Mbour, c’est le statu quo « Mesdames, le commerce est formellement interdit dans cet espace. Je vous invite à prendre vos affaires et à libérer les lieux », a expliqué l’agent de police. Si certains saluent cette opération de déguerpissement, d’autres expriment leur compassion pour les personnes dont les principales activités génératrices de revenus ont été mises à l’arrêt. Pour Pape, un jeune vendeur de café Touba, les propriétaires des cantines détruites font face à une situation économique extrêmement délicate. « Nous avons fait ici 25 longues années. Nous avons payé une caution pour nous installer et depuis nous payons une taxe mensuelle. Nous sommes plus de 70 propriétaires. L’hôpital nous a délivré des autorisations et les taxes que nous payons à l’hôpital sont reversées à la municipalité.
La mairie nous a ordonné de quitter les lieux au plus tard le lundi 20 octobre. Nous demandons juste aux autorités de nous laisser le temps de trouver une autre place. Sinon, nous ne pouvons pas quitter le commerce avec lequel nous nourrissons nos familles », a déploré Adama Sy, porte-parole des commerçants situés aux abords du poste de santé de Tefess. Les opérations de déguerpissement ont été lancées, jeudi 16 octobre, sur l’axe préfecture de Mbour – cimetière de Tefess. Le préfet et ses hommes sont descendus sur le terrain pour exécuter la décision du ministre de l’Intérieur. L’objectif était de libérer la voie publique de l’emprise des marchands et des pousse-pousse. 72 heures après, le suivi pose un véritable problème.
Les marchands ont repris la place, rendant impossible la circulation des voitures. Au milieu de la chaussée, des étals de légumes, des tables, des chariots et les piétons se disputent l’asphalte. Pour faire respecter la décision des autorités gouvernementales, la mairie de Mbour a pris l’engagement d’assurer le suivi de l’opération de désencombrement du marché central. « Nous avons servi de sommations aux tenants des cantines situées aux alentours du poste de santé de Tefess. Maintenant, les équipes municipales, avec le soutien des forces de l’ordre, vont exécuter le plan “Xal-Yoon“ pour libérer la voie et le poste de santé », a rassuré le maire Cheikh Issa Sall.
Par Diégane DIOUF (Correspondant)