Pompage, écrêtage et reprofilage des bassins sensibles à Dakar et dans les régions. C’est l’opération de grande envergure entamée depuis le mois d’avril par la Brigade nationale des sapeurs-pompiers avant même l’arrivée des premières pluies. L’objectif étant de préparer les zones ciblées à recevoir les pluies sans grand dégât.
À l’Unité 6 des Parcelles assainies de Keur Massar, le bassin Amina permettant de recueillir les eaux pluviales est connu de tous. Le plan d’eau est peuplé de typhas, d’herbes sauvages et d’autres détritus flottants. Le ciel n’a pas encore ouvert ses vannes à Dakar, mais les hommes du capitaine Jeannot Sagna, commandant de la 14e compagnie d’incendie et de secours de Rufisque, ont déjà posé des tubes Anaconda, permettant de collecter les eaux provenant des autres quartiers. « Le bassin Amina est le point de déversoir des eaux qui proviennent des unités 5 et 27 ainsi que de la cité Amdallah. C’est un site très sensible. C’est pourquoi on le surveille de très près et pendant l’hivernage. On est obligés de mettre deux électropompes » renseigne le capitaine Sagna. Ce bassin sert de relais avant de déverser le tout au quartier Aladji Pathé, l’un des points de collecte des eaux à Keur Massar. Ici, la nappe affleure tout le temps, mais grâce à l’opération de grande envergure menée par les soldats du feu, depuis le début avril, les populations se trouvant aux alentours du bassin Amina poussent un ouf de soulagement.
Hyppolite Dacosta, un habitant du quartier, se dit satisfait de voir le niveau de l’eau baisser drastiquement avec le pompage continu mené par les sapeurs. « Pendant l’hivernage, on est très fatigués, car le bassin reçoit toutes les eaux provenant du quartier ‘’Jaxaay’’ et si le pompage n’est pas effectué, les maisons sont inondées », signale ce père de famille. Vêtu d’un jellaba blanc, Souleymane Sall, un autre habitant du quartier estime que l’unité 6 n’a pas de problème d’inondation, mais ce sont plutôt les eaux de pluie des autres localités qui les envahissent. D’ailleurs, chaque année, plusieurs familles sont obligées d’abandonner leur domicile pour se réfugier dans une autre localité plus accueillante. Baba Kontèye, le délégué de quartier dit avoir assisté, à maintes reprises, à des évacuations de familles menacées par les eaux de pluie. « Il m’est arrivé d’amener nuitamment quelqu’un chez le sous-préfet pour qu’on puisse lui trouver où aller », explique M. Kontèye.
Deux semaines hors de chez soi … À Keur Massar, les eaux de pluie ont réussi à conquérir des quartiers entiers. C’est aussi le cas à Almadies 1 où des maisons entières sont encerclées par l’eau, un environnement propice à la naissance d’une végétation abondante de typha. Les quelques habitations qui résistent encore cohabitent avec des eaux verdâtres et peuplées d’insectes. « L’année dernière, on nous a évacués ici et l’on est restés deux semaines sans pouvoir gagner notre maison », signale Fatima Sock, une mère de famille. Tout comme à l’unité 6, ici le bassin est rempli d’eau, avant même les premières pluies à Dakar. Il fait partie des sites à surveiller par le capitaine Jeannot Sagna et ses hommes. « C’est un quartier que nous connaissons pour y avoir effectué plusieurs opérations de pompage.
Il nous arrive de loger nos équipes dans une des maisons abandonnées quand l’eau est trop abondante », souligne le capitaine Sagna. Plusieurs autres localités de Keur Massar sont ciblées par les sapeurs-pompiers. Notamment le site dénommé Poste de santé, Aladji Pathé, unité 27, Cbao, Tollou Abdoulaye Wade, Djeddah et Amdallah. À Rufisque, les sapeurs devront aussi être présents sur plusieurs bassins tels que celui de la sortie 10, Sainte-Agnès (Almadies 2) et Safco qui est un point de collecte des cités Kalia, Aly Ngouille Ndiaye et Darou Habibi. En dépit d’une surveillance accrue de ces différentes zones, les sapeurs attendent toujours le reprofilage des bassins pour intensifier les opérations.
Cette opération d’envergure, coordonnée par le haut commandement des sapeurs-pompiers, a pourtant donné des résultats probants. À Diourbel, par exemple, les travaux de pompage et d’écrêtage par la 22e compagnie d’incendie et de secours ont permis de s’attaquer aux « points critiques » tels que les deux sites de Ngolomith 1 et 2 (le quartier Thierno Kandji), Lamb ji (quartier Cheikh Anta), marché Ndoumbé Diop (Escale)n ainsi que les bassins de Ndar gou ndaw, Kadd Gui, Khoudiour, Mérina, Horticole et le grand bassin de Kamb souf. « À la date du 19 mai 2025, un volume de 49.180 m3 a été puisé lors des opérations d’écrêtage dans ces différents sites », explique le capitaine El Hadji Mamadou Lo, commandant de compagnie. Il estime être « dans les dispositions » de mener les différentes opérations avec l’effectif et les moyens matériels dont il dispose. C’est dire qu’aussi bien à Keur Massar, Rufisque, Kaolack, Kaffrine et Diourbel, les sapeurs-pompiers sont à pied d’œuvre. Avant même l’arrivée des premières pluies.
Maguette NDONG