La Commission nationale des droits de l’homme (Cndh) du Sénégal est préoccupée par la persistance du phénomène des mutilations génitales féminines (Mgf). Pour une lutte efficace, elle a organisé un atelier de trois jours afin de permettre aux acteurs d’avoir les outils nécessaires pour pouvoir collecter et obtenir des données fiables.
Au Sénégal, 25% des femmes âgées entre 15 et 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines (Mgf). Les victimes sont pour la plupart des filles, entre la petite enfance et l’âge de 15 ans. La région de Kédougou enregistre 90% des cas. Même si ces chiffrent peuvent faire froid au dos, ils ne reflètent pas la réalité. D’après Amasatou Sow Sidibé, présidente de la Cndh, « ce sont des chiffres noirs puisque la direction de la statistique ne peut pas avoir les vrais chiffres ». En d’autres termes, il s’agit de données non fiables qui ne rendent pas efficace la lutte. « L’impunité demeure, les résistances culturelles persistent et les données fiables font défaut pour cibler efficacement nos actions », appuie Fanta Sow Ndiaye, représentante de l’Onu Femmes
C’est la raison pour laquelle la Cndh a organisé cet atelier sur les enjeux et les défis liés à la santé de la reproduction – Renforcement de la qualité des données sur les MGF. « Devant l’ampleur du phénomène et sa persistance, il est nécessaire pour des politiques publiques efficaces, de disposer de données fiables et précises, désagrégées, actualisées et contextualisées », justifie Amsatou Sow Sidibé.
Revenant les dangers et les conséquences des Mgf, elle soutient que cette constitue une forme extrême de discrimination à l’égard des filles et des femmes. « Ces pratiques sont contraires au droit à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, au droit à ne pas être soumis à la torture et aux autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, au droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles », fulmine la juriste. Aussi elle précise que le traitement des complications médicales coûterait aux différents types de systèmes de santé 1,4 milliard de dollars par an. A l’en croire, ce chiffre devrait augmenter si des mesures urgentes ne sont pas prises pour qu’elles soient abandonnées.
Fatou SY