Malgré son importance capitale, la piste reliant le village de Faoye à celui de Loul Sessène, chef-lieu de commune (Fatick) constitue aujourd’hui un véritable casse-tête pour ses usagers. Actuellement en latérite, cette infrastructure mesurant 10 km reste presque impraticable depuis de nombreuses années. Ce qui justifie la lutte de tous les villages riverains pour sa réhabilitation.
FATICK – C’est un véritable parcours du combattant que de rejoindre Faoye. Une piste impraticable relie ce village à celui de Loul Sessène, chef-lieu de commune (Fatick). Établie sur une dizaine de kilomètres, cette route présente tout ce qu’il y a d’inconfort. À l’état actuel, elle est construite sur une couche de latérite presque usée dans son entièreté. Une situation qui donne du fil à retordre aux voitures qui y passent. À partir de Loul Sessène, le voyageur est appelé à souffrir avant d’arriver à bon port. Considérée comme l’une des routes les plus anciennes de la région, elle aurait été construite au début des années 1980 dans le cadre du désenclavement des zones rurales. Avec le temps, elle a perdu son lustre. Aujourd’hui, sa détérioration cause beaucoup de préjudice aux populations riveraines. Les cassures, ainsi que les trous qui la caractérisent constituent un cauchemar pour les usagers.
En ces temps de canicule, la traversée de la route devient plus accablante. Ainsi, la voiture roule à petite allure avec des mouvements indésirables provoqués par le mauvais état de la route. Pour éviter certaines complications, le chauffeur est obligé de lever le pied. Ce qui allonge conséquemment le voyage. Au-delà même de la voiture, les motos Jakarta vivent aussi ce calvaire de longues dates. Et les risques sont énormes. Quatre villages de la commune de Loul Sessène sont aujourd’hui principalement concernés par cette situation routière préoccupante. Il s’agit de Ndof, de Loul Sessène, de Sing Nguessine et de Faoye. Tous ces villages luttent depuis plusieurs années pour donner à cette route un meilleur visage.
10.000 âmes impactées
« Nous avons écrit, parlé, mais jusque-là, rien ! ». Ce cri du coeur de Ousmane Sarr en dit long sur l’urgence à réfectionner la route allant de Loul Sessène à Faoye, passant bien entendu par Nguéssine, Sing Nguéssine et Ndof. Un appel à l’aide donc de dix mille personnes réparties dans les quatre villages. D’après M. Sarr, plusieurs initiatives ont été déroulées pour solliciter la main des autorités. Le ton grave, M. Sarr semble en avoir assez de la situation. Le natif de Ndof poursuit : « On essaie toujours d’améliorer nous seuls l’état de la route. Les femmes ont plusieurs fois bouché les trous et autres avec du sable. Mais ça se dégrade à chaque fois ». Pire, si on s’en tient toujours aux explications du jeune Ousmane, la route a été même coupée par les eaux de pluie il y a de cela quelques années. Cette situation présente aussi un danger pour les enfants de la localité qui, par mesure de prudence, sont souvent interdits de s’en approcher.
Embouchant la même trompette, Babacar Faye, un autre jeune du village de Ndof révèle que même pour paître le bétail, c’est la croix et la bannière. Visiblement attristé par la situation, il mentionne qu’il est difficile de faire passer les animaux du fait des nombreux risques encourus. Du coup, il souhaite le goudronnage de la piste. « Qu’on nous la goudronne, c’est la moindre des choses. Cela va beaucoup nous aider », laisse-t-il entendre, le cœur meurtri.
Cet état de la route n’a pas laissé indifférent le maire de Loul Sessène. D’après Sidya Diouf, la commune est au cœur du combat. « Nous avons contacté les autorités d’alors, envoyé des lettres à beaucoup de structures comme Ageroute pour, au moins, le bitumage de la route. Cela fait plus de quatre ans, nous attendons qu’elle soit bitumée au moins », a-t-il ainsi informé.
Une piste d’une grande importance
Poursuivant, l’édile de Loul Sessène rappelle aussi que les populations, avec l’appui de la mairie, ont toujours essayé de réhabiliter la fameuse route avec les moyens du bord. À Faoye, après avoir trouvé le poisson, les fruits marins et tant d’autres marchandises, on doit les acheminer vers Loul Sessène. Mais, seul hic, la piste à emprunter fait défaut. Ainsi, pour le maire, il est hors de question de croiser les bras. Ce, du fait du rôle primordial que joue la route pour les villages qui la composent. Sidya Diouf de déclarer : « Ceux qui travaillent dans la pêche, la cueillette marine, empruntent cette route. Aussi, les gens y passent-ils pour aller se ravitailler au marché communal de Loul Sessène en période de soudure. C’est pourquoi nous appelons les autorités à agir ».
L’air contrarié, la cantatrice Nafi Diouf révèle les difficultés rencontrées dans l’exercice de son art. « À la fin de la séance de lutte, je rencontre énormément de complications pour retourner chez moi, à Ndof. Parfois, les conducteurs de motos Jakarta demandent 5000 à 6000f pour seulement une distance de 10km » ». En plus, nous empruntons cette route pour aller à la structure sanitaire de Loul Sessène. Or, à un moment donné, les transporteurs évitent le voyage du fait de l’impraticabilité de la piste. Imaginez donc une femme qui doit accoucher dans ces circonstances ».
Même son de cloche pour sa camarade assise à ses côtés. Vendeuse de fruits et de produits halieutiques, elle s’est exprimée sous le couvert de l’anonymat. À l’en croire, elle enregistre fréquemment des pertes parce-que la marchandise chargée sur une charrette tombe souvent en cours de route et se casse. Comme pour dire que la réhabilitation de cette piste Loul Sessène-Faoye reste une préoccupation majeure pour les différents villages riverains.
El hadji Fodé SARR (Correspondant)