La coordinatrice régionale en santé de la reproduction, au niveau de la direction régionale de la santé de Kédougou, a informé que, pour les indicateurs de la planification familiale à l’échelle régionale, l’objectif est d’atteindre un taux de prévalence contraceptive de 32,6 %. C’était au sortir d’un panel régional sur la planification familiale, tenu hier à Kédougou, et au cours duquel il a été révélé que les indicateurs sur la question, au niveau régional, sont alarmants, voire très faibles, et que les défis à surmonter sont nombreux. Par la tenue de ce panel, les acteurs de la santé ont voulu, entre autres objectifs, identifier les barrières à l’adoption de la planification familiale et vulgariser le plan d’action régional dédié.
De façon spécifique, il s’agissait d’informer les nombreux participants, issus de différentes couches sociales et professionnelles, sur les aspects sanitaires et programmatiques de la planification familiale, de susciter le débat sur les obstacles à son adoption, de recueillir des solutions pour lever ces barrières, de finaliser le plan d’action de la planification familiale de la direction régionale de la santé, et de mener un plaidoyer pour un engagement de toutes les parties prenantes.
« Nous sommes venus à Kédougou pour organiser un panel sur la planification familiale, afin d’identifier les obstacles à l’utilisation des services disponibles et de trouver des solutions. Pour atteindre nos objectifs, il faut vraiment l’implication de toute la population, ainsi que des autres secteurs. C’est pourquoi nous nous sommes réunis aujourd’hui pour recueillir les avis et expertises des autres secteurs, notamment ceux des religieux, des jeunes, des services techniques… Bref, de toutes les parties prenantes », a confié Mme Mbaye Cor Seck, de la division de la planification familiale à la direction de la santé de la mère et de l’enfant.
Elle estime que seule la communication peut permettre d’atteindre les objectifs, avec notamment l’implication des maris, qu’elle considère comme des piliers essentiels.
De manière globale, a-t-elle poursuivi, l’intérêt de cette stratégie qu’est la planification familiale réside dans son impact sur la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. « C’est la seule stratégie actuellement déployée à l’échelle nationale qui peut contribuer à une réduction drastique de la mortalité maternelle, néonatale et infantile », a-t-elle alerté.
18 % de taux de prévalence contraceptive dans la région
Revenant sur les indicateurs de la planification familiale au niveau régional, Fatou Traoré, coordinatrice régionale en santé de la reproduction à la direction régionale de la santé de Kédougou, a indiqué que, selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 2023, la région enregistre un taux de prévalence contraceptive de 18 %.
Elle a ajouté que les besoins non satisfaits sont estimés à 19,6 %, alors que l’objectif national pour la prévalence contraceptive est fixé à 46 % d’ici 2028. « Et la région est loin de ces résultats. C’est pourquoi nous avons organisé ce panel : pour sensibiliser, discuter, et mener un plaidoyer auprès des acteurs de tous les secteurs, afin de favoriser leur engagement dans la réduction de la mortalité maternelle et néonatale », a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne les décès maternels, elle a précisé que, toujours selon l’EDS de 2023, Kédougou est à 340 décès pour 100 000 naissances vivantes (NV), contre une moyenne nationale de 153. L’objectif des Objectifs de Développement Durable (ODD), d’ici 2028, est d’atteindre un taux inférieur à 70 décès maternels pour 100 000 NV.
« Pour les décès néonatals, la région de Kédougou est à 35 pour 1 000 NV, alors que l’objectif est de passer sous la barre des 23 pour 1 000 », a-t-elle ajouté. Concernant le taux de prévalence contraceptive, l’objectif spécifique de la région est d’atteindre 32,6 % chez les femmes en union d’ici 2028. « Chaque région a un objectif spécifique dans ce domaine », a-t-elle rappelé.
Toutefois, elle estime que la réalisation de cet objectif passe par l’engagement et l’implication de tous les secteurs.
Dans le cadre de leurs activités de sensibilisation, elle est revenue sur plusieurs difficultés rencontrées : les pesanteurs socio-culturelles, les tabous, la barrière linguistique, l’inaccessibilité des services, la dispersion géographique des villages, les difficultés d’approvisionnement en produits contraceptifs à cause de ruptures.
« Une autre difficulté concerne l’implication des maris. Souvent, on met l’accent sur les femmes, alors qu’on sait qu’elles ne prennent pas toujours les décisions. D’où l’importance d’impliquer les maris et les belles-mères dans nos activités de sensibilisation », a-t-elle conseillé.
Au nom du directeur régional de la santé de Kédougou, le médecin-chef du district de Salémata a salué la tenue de ce panel. « C’est une occasion pour nous de prendre les devants et de relever les défis liés à la planification familiale dans la région. Ce domaine reste un enjeu majeur car les indicateurs sont bas et très éloignés des objectifs nationaux », a déclaré Dr Tamsir Ndiaye.
Il a ajouté : « Cette initiative arrive à point nommé pour donner une impulsion au sein de la communauté et surmonter les contraintes qui freinent l’amélioration des indicateurs visés. »
Amadou DIOP (Correspondant)