Huit décennies après sa disparition tragique à Tombouctou, au Mali, Aline Sitoé Diatta continue d’inspirer des générations et intellectuels à travers le monde. Cette icône de la résistance anticoloniale et de la préservation des valeurs africaines a été célébrée, hier, à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) lors d’un symposium international consacré à son œuvre.
ZIGUINCHOR – Aline Sitoé Diatta, héroïne de Kabrousse, symbole de la résistance à l’ordre colonial et figure majeure des luttes pour la dignité, la souveraineté et la culture africaine, a été, hier, au centre d’un symposium international co-organisé par plusieurs institutions universitaires à Ziguinchor. Il s’agit entre autres, du mouvement de pensée Impluvium, avec l’Association sénégalaise de philosophie (Asephi), le Laboratoire de recherche en Sciences économiques et sociales (Larses) de l’Uasz et le Laboratoire de recherches sur les institutions et la croissance (Linc) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Placé sous le thème : «Aline Sitoé : 80 ans après, l’actualité d’une icône des luttes de libération et du refus de la désafricanisation», ce colloque a rassemblé des chercheurs, enseignants, étudiants et personnalités de divers horizons pour revisiter l’héritage toujours vivant de cette figure emblématique du Kassa.
Parmi les axes de réflexion abordés : sa conception de la liberté, son engagement éthique, sa résistance, son combat pour la dignité humaine, la place de la femme dans la société, et sa vision du développement endogène. Un retour profond sur les valeurs que portait celle qui, sans avoir fréquenté les bancs de l’université, incarne aujourd’hui un véritable modèle intellectuel et spirituel. Un appel à la mémoire Selon le directeur de l’Ufr Sciences économiques et sociales de l’Uasz, le Pr Abdoul Aziz Niang, Aline Sitoé Diatta était une femme qui savait dire non. «Quatre-vingt ans après, sa pensée est toujours vivace», a rappelé Pr Niang, soulignant la pertinence de son combat dans le monde contemporain. De son côté, le recteur de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, Pr Alassane Diédhiou, a mis en lumière l’aspect visionnaire de son action. «Elle prônait un retour aux pratiques agricoles ancestrales et à une réhabilitation de l’identité culturelle.
Une pensée résolument moderne», a soutenu l’ancien vice-recteur. Pour sa part, le Pr Robert Baum, un universitaire américain et spécialiste des religions des terroirs diolas ayant séjourné pendant longtemps dans le département d’Oussouye, plus précisément à Mlomp Cadjinole, a, dans son intervention, souligné le rôle prophétique d’Aline Sitoé, la classant parmi les grandes figures spirituelles du continent. Évoquant le rôle qu’Aline Sitoé Diatta a joué pour l’expansion de la religion traditionnelle, le Pr Robert Baum a rappelé que cette femme «était une figure mondiale parce qu’elle a été une héroïne de la lutte contre les colons».
Devant l’assistance, le Pr Baum a appelé à protéger l’identité d’Aline Sitoé Diatta au profit des générations actuelles et futures. Pour le professeur Nouha Cissé, historien et médiateur de l’Uasz, Aline Sitoé Diatta incarne la continuité des grandes résistances africaines. «Elle n’a pas été en reste face à la colonisation, au même titre que Lat Dior et tant d’autres. Elle était une visionnaire, une patriote, une femme de courage», a-t-il ajouté. Venu représenter le maire de Diembéring à ce symposium, Laurent Diatta, membre de la famille d’Aline Sitoé Diatta a salué la tenue de cette rencontre sur cette figure historique.
Gaustin DIATTA (Correspondant)