À quelques jours du Forum Invest prévu en octobre, le Directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), Adama Ndiaye, dévoile les ambitions et priorités du Sénégal à l’horizon 2029. Objectif assumé : hisser le pays au rang de destination phare du continent et attirer cinq millions de visiteurs dès 2025.
Les 7 et 8 octobre, le Sénégal accueillera le Forum Invest. Un rendez-vous international qui, selon le Directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), constitue une opportunité inédite pour valoriser la destination Sénégal et séduire à la fois touristes, investisseurs et acteurs du secteur. « Cet événement offrira au Sénégal une visibilité médiatique exceptionnelle, notamment sur le segment Mice (Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions). Dakar et Diamniadio seront sous le feu des projecteurs, et les retombées se feront sentir directement dans l’hôtellerie, la restauration et le transport », explique Adama Ndiaye.
Environ 8.000 participants sont attendus. Leur séjour dans les hôtels de Dakar, Diamniadio et même Saly devrait générer un impact économique immédiat. Mais l’Aspt regarde plus loin : parmi ces visiteurs, certains pourraient devenir de futurs investisseurs, séduits par les atouts du pays et prêts à s’engager dans le développement de l’hôtellerie, du tourisme ou encore des loisirs. Les atouts majeurs du Sénégal Pour convaincre, le Sénégal dispose d’arguments solides. Adama Ndiaye met en avant : une stabilité politique et sécuritaire rare sur le continent, un environnement des affaires compétitif, en amélioration constante, une accessibilité aérienne privilégiée : 5 heures depuis l’Europe, 8 heures depuis les États-Unis. À cela s’ajoutent une position géostratégique au carrefour de l’Europe, des Amériques et de l’Asie, un littoral de 718 km dont plus de 450 km de plages adaptées au tourisme balnéaire, un patrimoine naturel et historique exceptionnel, avec 7 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.
Sans compter une offre culturelle et artistique riche, soutenue par des infrastructures modernes comme le Grand Théâtre, la Dakar Arena ou le Stade Abdoulaye Wade, ainsi qu’une offre hôtelière diversifiée, appuyée par des infrastructures numériques performantes. « Le Sénégal n’a rien à envier aux grandes destinations touristiques mondiales. Nous devons seulement mieux valoriser nos atouts et renforcer notre visibilité », insiste le Dg de l’Aspt. Si la Petite Côte, le Cap Skirring, Gorée et les îles du Saloum demeurent des pôles incontournables, d’autres régions gagnent en attractivité. Lors du Conseil des ministres du 17 septembre, le Président de la République a d’ailleurs invité à revitaliser les sites et zones touristiques.
Diversifier l’offre touristique Dans cette perspective, Adama Ndiaye cite Toubacouta et le Delta du Saloum, véritable vitrine de l’écotourisme ; Kédougou et le Sud-Est, avec le parc du Niokolo-Koba, les chutes de Dindéfelo et la richesse culturelle des peuples Bedik et Bassari ; Saint-Louis, en pleine renaissance, qui capitalise sur la réouverture de son aéroport, le développement hôtelier (chaîne Onomo), le parc ornithologique du Djoudj, la croisière Bou-El-Mogdad et un potentiel agrotouristique encore largement sous-exploité. Pour promouvoir la destination Sénégal à l’international, l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt) a bâti un plan autour de trois grands axes : le tourisme intérieur, la diversification de l’offre et le renforcement du positionnement international, précise son Directeur général.
Parmi les projets phares pour redynamiser le tourisme intérieur figure la promotion du tourisme religieux (Pptr), déjà en cours de mise en œuvre. S’y ajoute la création des Maisons du Tourisme du Sénégal (Mts), installées dans les sept pôles définis par le référentiel national. En parallèle, l’Aspt prépare pour mi-novembre le lancement de « Sénégal en 1 Clic », une plateforme digitale unique centralisant l’information touristique. Celle-ci proposera également des services de réservation, de vente en ligne et de visites virtuelles. L’Aspt mise également sur le développement d’écoparcs touristiques, la création de circuits agrotouristiques, la mise en tourisme des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026, ainsi que la promotion des hôtels médicaux spécialisés. Il y a aussi le positionnement du Sénégal sur les marchés mondiaux.
Pour ce faire, l’Aspt entend consolider les marchés traditionnels (Europe, Amérique du Nord) tout en explorant de nouveaux horizons. « Cette année, une mission a été menée en Slovénie, dans les Balkans, où quatre tour-opérateurs préparent déjà un éductour pour 2026. En Asie, une mission à Osaka a permis d’attirer l’intérêt d’agences japonaises, séduites par la culture et le cinéma d’animation sénégalais », confie Adama Ndiaye. Un pari à relever Avec une contribution annuelle de 7 % au Pib, le tourisme est déjà un pilier de l’économie nationale. Mais pour Adama Ndiaye, il faut aller plus loin : « Nous avons tout pour devenir une destination de référence, mais cela exige deux conditions : un budget de promotion plus conséquent et un portage institutionnel fort. Sans ces leviers, il sera difficile de rivaliser avec les grandes nations touristiques ».
Par Elhadji Ibrahima THIAM