Les Eléments français au Sénégal ont restitué hier les installations et logements du quartier «Contre-Amiral Protet» à Dakar. Un processus qui entre dans le cadre de leur retrait définitif.
Une étape très importante a été franchie hier dans le processus de désengagement des Eléments français au Sénégal (Efs) avec la restitution aux autorités sénégalaises du quartier «Contre-amiral Protet» (Ca Protet). Situé au port de Dakar, le quartier « Contre-amiral Protet » (Ca Protet) avait été mis à la disposition de l’Armée française depuis des décennies, selon le communiqué de l’ambassade de France. La restitution d’hier survient après celles des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry du 7 mars dernier. Le communiqué de préciser que les «dernières emprises seront remises à la disposition de la partie sénégalaise d’ici cet été». Le quartier «Ca Protet», créé en 1969 sous sa forme actuelle, est chargé de symboles et d’histoire. Il a pu assurer, selon les autorités des Efs, une «continuité historique de plusieurs siècles de présence navale française au Sénégal, marquée par l’investissement, le développement d’infrastructures-clés, la coopération, la formation et l’échange».
Il faut, en réalité, remonter à l’arrivée du capitaine de vaisseau Protet sur la presqu’île du Cap-Vert en 1857 et au processus de création du port militaire de Dakar. C’est ainsi que la Marine française a érigé, en 1898, un arsenal maritime «doté d’un bassin de radoub militaire dès 1906». Dakar jouera, dans les années 1920, un «rôle stratégique central dans l’organisation de la défense maritime française en Afrique de l’Ouest». La capitale sénégalaise sera considérée d’ailleurs comme la «tête de pont des forces navales françaises dans l’Atlantique Sud». Ainsi, de nombreuses infrastructures portuaires, des casernes (notamment le quartier Dial Diop), des hôtels de commandement et des lieux historiques comme le cercle de la rade ou les installations de l’île de Gorée verront le jour. Une architecture militaire encore visible dans la ville. Ce n’est qu’en 1969 que la base navale est érigée en unité marine Dakar avant de devenir, en 1982, unité marine du Cap-Vert dans le cadre du «recentrage des enjeux régionaux et de la montée en puissance de la marine nationale sénégalaise».
La base Protet s’est illustrée dans des «opérations humanitaires» comme le sauvetage des naufragés du «Joola» en septembre 2002. Cette présence a permis de traduire un «engagement stratégique de la France dans le cadre de l’architecture de Yaoundé face aux défis sécuritaires croissants dans le golfe de Guinée». Grâce à ce partenariat, la Marine sénégalaise s’est «dotée de trois patrouilleurs hauturiers du programme Opv58S (le Walo en juin 2023, le Niani en novembre 2023 et le Cayor en avril 2024)». Ces patrouilleurs de dernière génération permettent de renforcer la posture de défense de la Marine sénégalaise et de couvrir l’ensemble des missions d’action de l’État en mer, selon les autorités des Efs. Ces dernières espèrent, malgré la restitution du quartier «Ca Protet», une «nouvelle page d’un partenariat renouvelé au service de la sécurisation maritime des eaux d’Afrique de l’Ouest» avec le Sénégal.
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE