Le Sénégal a célébré, à l’image de plusieurs pays du monde, le mois d’octobre dédié à la lutte contre les cancers féminins. Cette période a également permis de renforcer la sensibilisation autour d’une maladie qui détruit la vie de nombreuses femmes. À l’initiative de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca), un plaidoyer soutenu a été mené tout au long du mois pour encourager les femmes à pratiquer l’autopalpation et à recourir au dépistage précoce. Beaucoup ont compris, grâce aux multiples campagnes d’information, que la maladie peut toucher tout le monde, mais qu’elle reste guérissable lorsqu’elle est détectée à temps.
Les randonnées organisées un peu partout, ainsi que les nombreuses activités initiées dans ce sens, ont porté leurs fruits. Elles ont contribué à l’éveil des consciences et ont allégé la souffrance d’un grand nombre de victimes, la plupart ayant souffert de marginalisation. Hommes, femmes et enfants se sont unis dans une même bataille : celle livrée contre les coûts élevés des traitements, mais aussi contre la stigmatisation des victimes, et les diagnostics tardifs. Une union des cœurs et des forces qui rappelle que ce mal silencieux peut être vaincu tant que la consultation n’est pas effectuée à un stade avancé. Le plaidoyer a suscité, dans plusieurs régions du pays, un véritable élan, même s’il est reconnu que les examens de dépistage, comme la mammographie, restent encore inaccessibles pour un nombre important de femmes, notamment celles vivant dans les zones reculées. La décision du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, de créer un centre de dépistage pour soutenir les efforts de la Lisca a sonné, à cet effet, comme une bouffée d’oxygène.
Si la gratuité de la chimiothérapie pour les cancers du sein et du col de l’utérus dans le secteur public, depuis 2019, constitue une avancée, le coût global des traitements demeure élevé. Il s’agit notamment, selon les explications des spécialistes, de la chirurgie, la radiothérapie, des médicaments et parfois des examens complémentaires. Une situation qui finit souvent par entrainer une interruption de traitement chez un nombre important de femmes. Elle incite aussi à réactualiser les stratégies de lutte et à poursuivre le combat contre les cancers féminins au-delà du mois d’octobre. Il revêt d’une grande importance, mais force est de reconnaître que la maladie cause une douleur réelle chez les victimes. Hormis la cherté des traitements à supporter, c’est leur féminité qui est affectée. Leur image corporelle en subit parfois un sacré coup.
Elles manquent de soutien, pilier essentiel de leur guérison. Elles ont besoin, au quotidien, d’un soutien de leurs proches, pilier essentiel de leur guérison. Entre perte des cheveux, ablation d’un sein, transformations physiques ou répercussions psychologiques, l’épreuve est insupportable pour beaucoup. Le tableau s’assombrit lorsque certaines ont du mal à être acceptées par leur partenaire, leur famille ou leur belle-famille. Quand une frange importante de la population se mobilise pour stopper la progression des différents types de cancer, d’autres femmes s’exposent volontairement aux risques cancérogènes en optant pour la dépigmentation de la peau.
Elles font fi des alertes lancées par des dermatologues dont le Dr Fatoumata Ly, qui dirige l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (Aiida). Ils n’ont eu de cesse de sonner l’alerte contre une hausse de la mortalité liée aux cancers résultant de l’usage des produits éclaircissants. Mais avec des séries télévisées qui idéalisent les personnages féminins au teint éclairci, les perspectives de la lutte contre le cancer se heurtent à un obstacle. Pour correspondre aux canons de beauté et attirer les regards, notamment ceux des hommes prêts à casser leur tirelire pour ces nymphes à la peau claire, certaines femmes n’hésitent pas à y mettre les moyens.
Dire qu’ils sont souvent les premiers à prendre la tangente quand le cancer se pointe… matel.bocoum@lesoleil.sn



