En 2024, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a enregistré 928 déclarations, dont 83 % provenant des banques et établissements financiers. Le directeur de cabinet du ministre des Finances l’a révélé ce jeudi 15 mai 2025, lors de la cérémonie officielle de la 43ᵉ réunion plénière de la commission technique du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA).
Dans le cadre de ses réunions statutaires ouvertes le 11 mai dernier, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a tenu, ce jeudi 15 mai, sa 43ᵉ réunion plénière de la commission technique. Lors de la cérémonie officielle, le chef de cabinet du ministre des Finances, Bassirou Sarr, s’est réjoui des avancées significatives du Sénégal dans la lutte contre le blanchiment de capitaux.
À ce propos, il a cité le rapport 2024 de la Cellule nationale de traitement des informations financières.
D’après M. Sarr, le document révèle que 928 déclarations d’opérations suspectes (DOS), faites par les assujettis, ont été enregistrées. Les 83 % émanent des banques et établissements financiers. Il en est de même pour les 42,7 millions de déclarations de transactions en espèces (DTE), dépassant le seuil réglementaire de quinze (15) millions de francs CFA. « Ces chiffres, en croissance significative, attestent d’une culture de conformité de plus en plus enracinée », a déclaré M. Sarr.
Poursuivant, il a rapporté que, sur le plan de l’analyse, « 2 172 demandes d’informations nationales (DIN) ont été adressées aux acteurs clés (administrations, autorités de supervision, etc.), ainsi que quarante-cinq (45) demandes d’informations étrangères (DIE) formulées à l’endroit des cellules de renseignement financier des autres pays ».
De l’analyse du représentant du ministre, « ces actes illustrent les capacités de la CENTIF à rechercher et analyser des données afin de produire du renseignement financier de qualité ».
Mieux encore, il a souligné que cette performance globale est le résultat de la mutualisation des efforts et de la synergie renforcée entre les acteurs publics et privés.
Cependant, malgré ces acquis, le Sénégal entend poursuivre le renforcement de son dispositif sur la base d’une feuille de route rigoureuse, alignée sur la Vision 2050. Il s’agit du « renforcement du cadre légal et institutionnel ».
« Le pays s’emploiera à finaliser les textes d’application résiduels, indispensables au bon fonctionnement du dispositif national. Parallèlement, des réformes seront engagées sur l’organisation et le fonctionnement de certaines entités », a assuré M. Sarr. Il est également prévu l’actualisation de l’Évaluation nationale des risques (ENR), ainsi que l’élaboration de la stratégie nationale 2025-2029. À ce propos, l’autorité a informé que les travaux débuteront en août 2025.
Revenant sur la rencontre, Bassirou Sarr a soutenu que « cette 43ᵉ plénière constitue une étape importante dans notre combat commun pour des économies transparentes, sécurisées et résilientes face à la criminalité financière ».
Le président de la CENTIF a, pour sa part, déclaré que cette 43ᵉ assemblée plénière « se réunit à un moment charnière, dans un contexte régional et mondial marqué par des mutations profondes de la criminalité financière, notamment la complexification croissante des mécanismes de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ». « Une menace d’une telle ampleur appelle une réponse forte, structurée et, surtout, fondée sur la coopération régionale et l’entraide entre nos États », a clamé Mouhamadou Bamba Siby.
D’ailleurs, dans son allocution, le directeur général du GIABA, Edwin Harris, a rappelé que le rapport sur la cybercriminalité met en lumière la hausse alarmante de la criminalité numérique, notamment la compromission des courriers électroniques professionnels, les stratagèmes à la Ponzi et la fraude à l’argent mobile, qui sont tous de plus en plus utilisés pour blanchir les produits du crime et financer le terrorisme. « Il révèle des vulnérabilités systémiques en matière de lois, de capacités et de coordination, auxquelles il faudra remédier de toute urgence », a souligné M. Harris.
De même, ajoute-t-il, « le rapport sur la criminalité maritime révèle comment nos eaux sont exploitées en vue du trafic, de la contrebande et de la piraterie, ce qui compromet la stabilité régionale et la sécurité économique ».
Rappelant que la plénière de ce jour marque la toute première dans le cadre du troisième cycle des évaluations mutuelles du GIABA, le directeur général a fait savoir que le précédent cycle d’évaluation n’a pas été totalement négatif. « Dans l’ensemble, les États membres ont en moyenne amélioré leur conformité technique, ce qui est louable », a déclaré M. Harris. Ainsi, il exhorte les États membres à continuer à travailler vers l’atteinte d’une conformité technique totale.
Zelma Yollande NOBRE FASSINOU, Représentante résidente du Président de la Commission de la CEDEAO, à salué « l’efficacité du GIABA dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans la région ».
Tout en magnifiant les progrès réalisés, elle encourage les États dans leurs efforts visant à corriger les insuffisances identifiées dans leurs dispositifs, afin de mieux faire face au 3ᵉ cycle des évaluations mutuelles.
Fatou SY