Le Gouvernement du Sénégal veut réduire drastiquement le train de vie de l’État pour redresser la situation économique du pays. Le Premier ministre a, hier, face aux députés, annoncé des mesures qui sont prises pour rationaliser les dépenses publiques de l’État.
À l’occasion de la séance plénière de questions d’actualité au Gouvernement qui s’est tenue, hier vendredi, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Ousmane Sonko a réitéré la volonté de l’État d’œuvrer pour la réduction du train de vie de l’État. Dans cette optique, il a aussi insisté sur la possibilité d’activer un certain nombre de leviers pour rationaliser les dépenses publiques. Répondant à une interpellation du président du groupe parlementaire de Pastef, Moustapha Ayib Daffé, Ousmane Sonko a révélé que les subventions sur l’électricité et les carburants qui pèsent sur le budget national doivent être ramenées à des proportions acceptables et atteindre 2% du Pib en fin d’année.
« Les subventions ne peuvent pas être levées de manière brutale et aveuglement. Il faut des subventions ciblées, et si on venait à les supprimer, les remplacer par des transferts vers les couches les plus vulnérables pour les soulager », a-t-il dit avant de préciser que cet effort de rationalisation de la dépense publique pourrait aussi concerner l’enveloppe des bourses estudiantines. « L’État sénégalais dépense trois fois plus que la Côte d’Ivoire en matière de paiement de bourses. Notre enveloppe s’élève à près de 80 milliards de FCfa alors que la Côte d’Ivoire est à 25 milliards de FCfa. Il faut harmoniser le calendrier universitaire et travailler pour avoir des marges afin d’investir dans l’économie réelle », a affirmé Ousmane Sonko. Poursuivant, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a souligné que, malgré les constats « accablants » de la Cour des comptes, le peuple sénégalais dispose de ressources et de moyens pour surmonter rapidement cette situation.
« Nous ne sommes pas là pour nous apitoyer sur notre sort. Mais il est essentiel de faire un sursaut national impliquant l’État et les citoyens », a déclaré le Premier ministre, indiquant que l’État doit donner l’exemple en se sacrifiant le premier.
Fusion de plusieurs agences
C’est dans ce sens que des «mesures correctives pour les finances publiques seront mises en œuvre», a-t-il assuré. Ces mesures viseront à rationaliser le train de vie de l’État et commenceront par « la rationalisation des agences d’exécution dans lesquelles des manquements graves ont été notés dans la gouvernance », a expliqué Ousmane Sonko. À cet égard, il a précisé qu’au plus tard, à fin juin 2025, les agences d’exécution et les structures administratives similaires dont les missions se chevauchent seront regroupées.
De plus, les autres agences dont les missions peuvent être prises en charge par des directions centrales ou d’autres administrations non personnalisées de l’État seront supprimées. Le Premier ministre a également annoncé que des mesures d’accompagnement seront mises en œuvre pour préserver les intérêts des travailleurs. En guise d’exemples, il a évoqué la fusion du Fonds d’impulsion de la microfinance, du Fonds national de la microfinance et du Fonds d’appui à l’économie sociale et solidaire.
De même, il a annoncé la fusion du Fonds d’appui à l’investissement à l’extérieur et du Fonds de crédits pour les femmes de la diaspora, ainsi que de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables et de l’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie. Il est également prévu la fusion de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt) et de la Société d’aménagement et de promotion des zones côtières (Sapco), le regroupement du Fonds de crédit pour les femmes et du Fonds national d’entrepreneurs féminins, ainsi que la suppression de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo).
Une rationalisation des structures dans les secteurs de l’emploi, des constructions, des mines, entre autres, sera également effectuée. « Le même exercice de rationalisation sera appliqué au niveau des services centraux de l’État pour mieux optimiser l’organisation de l’Administration », a souligné Ousmane Sonko, ajoutant que les modalités d’intervention dans les collectivités territoriales par le Puma, le Pudc et Promovilles seront harmonisées afin de rationaliser les crédits qui leur sont alloués.
Un audit de l’effectif réel dans la fonction publique annoncée
Concernant la rationalisation des dépenses de personnel, le Premier ministre a indiqué qu’un audit de l’effectif réel dans la fonction publique sera réalisé d’ici à la fin du mois d’avril 2025, avec identification des agents et leur catégorisation par hiérarchie, ainsi qu’à une application rigoureuse des taux et des éléments variables tels que les heures supplémentaires et les primes de rendement.
Par Aliou DIOUF (photos : Pape SEYDI)