Le mois de ramadan est un mois où les musulmans doivent s’abstenir de manger, de boire entre le lever et le coucher du soleil. Mais, dans la journée, les gargotières sont obligées d’improviser afin de continuer à se remplir les poches.
Marième Diagne tient une gargote à l’unité 22 des Parcelles Assainies. La trentenaire discute gaiement avec une de ses fidèles clientes pour faire passer le temps. En cet après-midi, c’est le désert dans ce lieu de restauration. L’endroit, d’antan animé , n’accueille que Françoise comme cliente. Après quelques salamalecs, elle repart avec son plat de mafé à emporter. « Je n’ai pas beaucoup de clients ces derniers jours », a fait savoir la gérante. Cette dernière les accueille par compte-goutte. Face à cet état de fait, la jeune femme a dû s’adapter par rapport à la demande. « J’ai diminué les quantités pour éviter le gaspillage et les pertes », dit-elle. Marième a dû improviser tout en espérant gagner un peu en ce mois de privation.
Madame Faye fait partie des rares clientes qui viennent manger chez Marième. Cette enseignante est venue acheter un plat de riz. Souffrante, la dame âgée de 52 ans ne peut point jeûner. « Je suis sous traitement car souffrant d’ulcère. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas jeûner », justifie-t-elle.
Repas du soir, la trouvaille
Adja Dramé gère une gargote non loin de celle de Marième Diagne. La gargotière prépare le « ndogou» pour ses clientes avec l’aide de son employée. Elle a su faire face à cette pénurie de clients. « Je mise tout sur le repas du soir car dans la journée, je n’ai que deux à trois clients », a déclaré cette dernière. Les affaires ne marchent plus pour la quadragénaire. « Les recettes ont considérablement baissé. Mais nous essayons de nous y accommoder », relativise-t-elle.
Le constat reste le même du côté de Mariama Tamba. Il est 16 heures et elle est déjà derrière les fourneaux. Il n’y a pas foule dans ce lieu sis à l’unité 18. Le silence règne en maitre devant une jeune femme concentrée à concocter le «yassa» destiné au soir. Le bruit de la télé anime l’espace. Le mois de ramadan oblige, Mariama n’accueille plus grand monde. Cette dernière aussi mise sur le repas du soir. « J’essaie de faire des chiffres le soir », déclare-t-elle. La trentenaire a revu ses quantités. « Il m’arrive de conserver les restes des repas », avoue-t-elle. Un moyen d’éviter le gaspillage alimentaire.
Le verdict est le même pour Aissatou Sow. Elle plie déjà bagages après une journée sans effervescence. Les clients ne se ruent plus vers elle depuis le début du mois de ramadan. Une triste réalité dont la quadra s’habitue difficilement. « Nous n’avons même pas dix clients par jour », dit-elle sans détours. La gargotière a revu l’organisation de son travail. « Je préparais huit kilos de riz pour le repas de midi. Mais je ne cuisine qu’un kilo à cause de ce mois béni. J’essaie de me rattraper avec le repas du soir », explique-elle. Une manière de faire des chiffres en ce mois béni.
Arame NDIAYE